De Remington Steele à 007 : la seconde chance de Pierce Brosnan

Un contretemps télévisé l’écarte du rôle avant qu’il ne devienne le visage incontournable de James Bond.

Un rôle de James Bond manqué… puis retrouvé

À la fin des années 1980, Pierce Brosnan semblait destiné à endosser le smoking de l’agent 007, succédant à Roger Moore. Pourtant, un retournement inattendu l’a privé du rôle : face à l’engouement soudain pour Remington Steele, la chaîne américaine NBC décide in extremis de renouveler la série. Conséquence immédiate : Pierce Brosnan doit céder sa place à Timothy Dalton, dont l’interprétation plus sombre ne convaincra qu’une partie du public.

Les années passent et, lorsque la franchise connaît une période creuse après License to Kill, Pierce Brosnan reprend finalement le flambeau. À ce moment-là, c’est presque la saga qui a besoin de lui plus que l’inverse. Avec GoldenEyeen 1995, le réalisateur Martin Campbell insuffle une énergie nouvelle et moderne à la série, permettant à Pierce Brosnan d’incarner le rôle pour lequel il était fait.

L’évolution d’une franchise et ses choix artistiques

La filmographie James Bond de Pierce Brosnan s’étale sur quatre opus : GoldenEye (1995), Tomorrow Never Dies (1997), The World Is Not Enough (1999) et Die Another Day (2002). Si ces films rencontrent un succès commercial indéniable, les critiques se font plus réservées après le premier volet — seul véritable consensus positif sur Rotten Tomatoes depuis l’âge d’or de Sean Connery. Le public observe alors un lent déclin qualitatif malgré une ambition narrative croissante.

Certains regretteront que Pierce Brosnan n’ait jamais pu explorer pleinement une facette plus sombre de James Bond, même si une scène marquante de torture dans Die Another Day en garde trace. Fait peu connu : plusieurs réalisateurs prestigieux — parmi eux John Woo, Tony Scott, ou même Martin Scorsese — ont été pressentis ou approchés. Et si l’on imagine un instant un certain Christopher Nolan derrière la caméra au début des années 2000, difficile de ne pas spéculer sur ce qu’aurait pu devenir la saga.

L’ordre idéal pour savourer

Contrairement à ce que suggère la chronologie, il existe une méthode astucieuse pour visionner ces films sans être déçu par leur courbe descendante. Voici, selon les observateurs avisés :

• Démarrer par Die Another Day, souvent jugé comme le moins réussi.
• Poursuivre avec The World Is Not Enough puis Tomorrow Never Dies.
• Savourer enfin GoldenEye, le sommet incontesté du quatuor.

Ce parcours permet d’éviter que la lassitude ne gâche les meilleures trouvailles et réserve le plaisir intact pour la fin. En définitive, même si Pierce Brosnan n’a pas bénéficié d’un arc aussi cohérent que celui confié plus tard à Daniel Craig, il reste à jamais ce James Bond idéal auquel on rêve encore – preuve que le hasard peut parfois façonner des légendes imparfaites mais mémorables.