Amazon : les employés d’entrepôts condamnent leurs conditions de travail
Des journées de 12 heures, un rythme insoutenable, des temps de pause inexistants et de multiples accidents de travail : les salariées d'Amazon font part de leur mécontentement à être considérés comme des robots.
Amazon a engrangé des profits records lors du Black Friday 2019 et plus tard lors des fêtes de fin d’année, grâce à une chaîne logistique optimisée qui permet de livrer ses articles depuis ses entrepôts en un temps record. Lors du quatrième trimestre 2019, Amazon a vu ses recettes bondir à 87 milliards de dollars, ajoutant 12,8 milliards à la fortune de Jeff Bezos. Cependant, derrière un site web où il suffit de quelques clics pour se voir livrer à peu près n’importe quoi se cache une armada d’employés fournissant des efforts quotidiens pour assurer une cadence extrêmement soutenue. Le journal anglais The Guardian se fait aujourd’hui l’écho des plaintes des salariés, qui au sein de l’énorme entrepôt New Yorkais d’Amazon baptisé JFK8 travaillent jusqu’à 12 heures par jour. En tant que trieuse sur le quai d’embarquement, le travail Rina Cummings est d’inspecter et de numériser 1 800 colis par heure, soit 30 par minute (1 800 par heure et 21 600 par journée travaillée).
Une pétition lancée en novembre
En novembre, elle fut l’une des 600 employées à signer une pétition en pleine période de rush pour attirer l’attention de l’entreprise sur leur sort. La pétition appelait Amazon à consolider les deux pauses de 15 minutes des travailleurs en une pause de 30 minutes, car il faut jusqu’à 15 minutes à pied pour se rendre à la salle de repos de l’entrepôt selon les employés. Ils ont également attiré l’attention sur les taux élevés de blessures dans l’établissement, qui étaient trois fois plus élevés que la moyenne nationale selon l’administration américaine de la sécurité et de la santé au travail (OSHA).
Amazon ne répond pas aux demandes de ses employés
Selon Cummings et The Guardian “les seuls changements apportés par Amazon après la publication du rapport sur les blessures graves étaient l’installation de moniteurs vidéo dans l’entrepôt qui disent que la sécurité des travailleurs est la priorité numéro un de l’entreprise“. L’employée a reçu un avertissement pour avoir manqué son objectif horaire lorsqu’elle a dû arrêté plusieurs fois la courroie de livraison pour la nettoyer suite à des colis éclatés.
Un autre employé, Raymond Velez, qui doit empaqueter 700 colis par heure, a déclaré que les travailleurs sont régulièrement licenciés lorsqu’ils manquent leur objectif, quand bien même l’atteindre chaque heure, toute la journée, est éreintant. De nombreux autres mentionnent au journal leurs blessures, leur traitement médical et les attentes irréalistes d’Amazon qui attend d’eux d’être aussi performants que des robots. L’entreprise, de son côté, nie en bloc les accusations et invite qui que ce soit à faire une visite de ses entrepôts. Une enquête publiée en novembre fait cependant écho à ces plaintes, pointant du doigt la priorité donnée à la satisfaction de ses clients plutôt qu’à la sécurité de ses employés.