Zorg dans Le Cinquième Élément : un rôle entre gloire et gêne pour Gary Oldman

Image d'illustration. Le Cinquième Élément Gary OldmanGaumont / PR-ADN
L’acteur britannique Gary Oldman revient sur son expérience complexe dans Le Cinquième Élément avec le personnage Zorg.
Tl;dr
- Gary Oldman est célèbre pour son rôle de Zorg dans Le Cinquième Élément, un personnage culte de la science-fiction.
- L’acteur a eu du mal à assumer ce rôle, entre costumes lourds, perruques et accessoires, acceptant le rôle surtout par amitié pour Luc Besson.
- Avec le temps, il relativise son expérience, reconnaissant l’impact du film tout en gardant des souvenirs d’inconfort.
Un rôle culte… mais difficile à digérer
Rares sont les acteurs qui laissent une empreinte aussi marquante sur plusieurs générations de cinéphiles que Gary Oldman. Bien sûr, on se souvient de ses compositions dans Sid & Nancy, de son Oscar pour Churchill ou de sa prestation mémorable dans la trilogie Batman de Christopher Nolan. Pourtant, beaucoup associent instinctivement son nom au personnage extravagant et maléfique de Zorg dans le film de science-fiction devenu culte, Le Cinquième Élément, signé Luc Besson en 1997.
Pourtant – et c’est un paradoxe intéressant – l’acteur britannique a longtemps eu du mal à assumer ce rôle pourtant adulé. À l’époque du tournage, il jongle déjà avec la réalisation de son propre film, Nil by Mouth. Sollicité par Luc Besson qui lui avait donné un précieux coup de pouce financier, Gary Oldman accepte d’endosser le costume bariolé du vilain Zorg sans même avoir lu le scénario. Comme il l’avouera plus tard avec franchise : « Je chantais pour mon souper. Luc m’a demandé et j’ai accepté par amitié. »
Lourdeurs du plateau et souvenirs mitigés
Entrer dans la peau de Zorg ne fut pas une partie de plaisir pour l’acteur. Entre les prothèses, les perruques improbables, les costumes signés Jean Paul Gaultier et un accent sudiste décalé, Gary Oldman décrit une expérience plutôt pesante : huit semaines à évoluer entre caoutchouc et accessoires futuristes du XXIIIème siècle. Lors d’une interview accordée des années plus tard au magazine Playboy, il ne cachait pas son inconfort : « Oh non, je ne peux pas le supporter. »
Étonnamment, alors que la performance est aujourd’hui saluée pour sa folie et sa singularité – certains n’hésitant pas à comparer cette énergie à celle d’un Nicolas Cage au sommet – Gary Oldman garde un souvenir personnel teinté d’embarras et d’inconfort.
Le temps adoucit (un peu) les jugements
Mais avec près de trente ans de recul, la perception évolue légèrement. Aujourd’hui, alors qu’il envisage la retraite, l’acteur confie qu’il lui arrive désormais – notamment sous l’influence bienveillante de son épouse – d’apprécier certains aspects du film : « Si je le regarde avec ma femme Gisele, on reste volontiers devant. Elle m’a convaincu qu’il était meilleur que ce que je croyais ». Reste qu’à chaque visionnage, les souvenirs des costumes envahissants refont surface… Un ressenti partagé jusque par Bruce Willis et sa fameuse veste orange.
Au fond, juger ses propres œuvres demeure un exercice périlleux : si Oldman avoue ne pas porter Le Cinquième Élément dans son cœur, il reconnaît aujourd’hui pouvoir au moins… le tolérer.
Retour sur une collaboration marquante
Cette aventure aura surtout scellé une relation d’amitié professionnelle solide entre deux figures majeures du cinéma européen : Luc Besson, toujours prompt à défendre l’esprit collaboratif derrière ce projet hors normes ; Gary Oldman enfin apaisé sur un épisode devenu culte auprès du public mondial. Une histoire comme seule l’industrie du cinéma peut en offrir — faite d’obligations amicales, d’accidents heureux… et parfois d’un certain inconfort existentiel sous une couche épaisse de caoutchouc.