Six géants de l’IA attaqués pour violation de droits d’auteur

Image d'illustration. IAADN
Un journaliste du New York Times engage des poursuites judiciaires contre plusieurs entreprises spécialisées dans l’intelligence artificielle, contestant l’utilisation de son travail par ces sociétés. Cette action soulève des questions sur la protection des droits d’auteur à l’ère numérique.
Tl;dr
- John Carreyrou et cinq autres auteurs ont déposé une plainte contre six géants de l’IA pour utilisation non autorisée de leurs œuvres protégées.
- La démarche est individuelle pour empêcher les entreprises de régler massivement à bas coût des milliers de demandes à forte valeur.
- Les réactions des sociétés visées sont mitigées, et le cadre juridique autour de l’entraînement des modèles sur des œuvres protégées reste incertain.
Une plainte individuelle qui fait trembler les géants de l’IA
En début de semaine, un nouveau front judiciaire s’est ouvert dans le secteur de l’intelligence artificielle. Le journaliste d’investigation John Carreyrou, célèbre pour avoir révélé le scandale autour de Theranos, a déposé une plainte contre six mastodontes du secteur : xAI, Anthropic, Google, OpenAI, Meta et Perplexity. Accompagné de cinq autres auteurs, il accuse ces entreprises d’avoir entraîné leurs modèles sur des ouvrages protégés sans leur consentement.
L’explosion des litiges liés à la propriété intellectuelle
Cette initiative n’est pas un cas isolé. L’année écoulée a vu une explosion de contentieux opposant détenteurs de droits à des sociétés spécialisées dans l’IA générative. Du cinéma avec Disney et Warner Bros., à la presse comme le New York Times, la plupart des secteurs exposés à la diffusion d’œuvres protégées ont engagé une bataille judiciaire. Parfois, ces conflits aboutissent à des accords commerciaux, à l’image du récent partenariat entre Disney et OpenAI. Toutefois, la plainte menée par John Carreyrou, loin d’être une action collective, s’inscrit dans une stratégie différente.
L’individuel face au collectif : un choix assumé
Contrairement aux nombreuses procédures collectives récentes, les auteurs ont opté ici pour une démarche individuelle. Selon eux, cette tactique vise à éviter que des milliers de dossiers ne soient réglés à moindre coût par les sociétés visées. Leur argument principal : « Les entreprises de LLM ne devraient pas pouvoir éteindre aussi facilement des milliers, voire des dizaines de milliers, de demandes à forte valeur à des tarifs dérisoires ». Un choix stratégique qui distingue ce dossier — première affaire où xAI, l’entreprise portée par Elon Musk, figure parmi les défendeurs.
Paysage mouvant et réactions mitigées des entreprises visées
Les sociétés concernées n’ont pas tardé à réagir ou à nuancer leur implication. Un porte-parole de Perplexity a affirmé que la société « n’indexe pas les livres ». De son côté, Anthropic, déjà coutumier des plaintes émanant d’auteurs et d’éditeurs, a récemment accepté de verser 1,5 milliard de dollars lors d’un règlement collectif. Les plaignants estiment toutefois que ce compromis demeure insuffisant : les auteurs concernés n’obtiendraient qu’environ 2% du plafond légal prévu par le Copyright Act. Enfin, difficile d’ignorer que cette nouvelle plainte survient alors que le paysage juridique autour de l’entraînement des modèles linguistiques sur des œuvres protégées reste très incertain.
En attendant d’éventuelles réponses officielles de la part des principaux acteurs mentionnés — sollicités pour commentaires — la tension ne faiblit pas entre créateurs et industriels du secteur numérique.