Quand Facebook a la censure facile, “Le Monde” en fait les frais
On sait depuis bien longtemps que le réseau social de Mark Zuckerberg a la censure facile.
C’est notamment le cas en matière de nudité, comme on a pu le voir de nombreuses fois au cours de ces derniers mois. Pourtant, il semble que Facebook soit passé à un tout autre niveau en censurant une photo publiée sur la page du quotidien français « Le Monde ». On y voit Jamphel Yeshi, un jeune tibétain s’étant immolé par le feu en mars 2012, en signe de protestation à la politique violente et répressive de la Chine vis-à-vis du Tibet.
Cette photo accompagne un article sur une jeune fille de 17 ans ayant mis fin à ses jours de la même manière et pour les mêmes raisons le lundi 10 décembre. Le lien vers l’article qui figurait sur la page du journal a ensuite été retiré par le réseau social, après que plusieurs internautes aient signalé la photo, dans la mesure où il s’agissait d’une infraction à la Déclaration des droits et responsabilités publiée par Facebook. Les administrateurs de la page ont reçu des avertissements. Certains d’entre eux ayant même perdu le droit de publier des articles sur le réseau social.
Les internautes semblent divisés vis-à-vis de cette histoire. Certains y voient une atteinte à la liberté d’expression alors que d’autres critiquent le caractère choquant du cliché. Il est indéniable que cette photo peut choquer et Facebook n’est pas forcément l’endroit où l’on s’attend le plus à tomber sur une image de ce type. Il ne faut pas oublier que des enfants peuvent aussi tomber dessus. Néanmoins, un enfant peut tout aussi bien trouver ce genre de photo n’importe où.
La phrase suivante figure pourtant dans la liste des standards de la communauté Facebook:
Nous comprenons que des contenus un [ayant un] fort impact visuel sont monnaie courante mais nous devons prendre en compte les besoins d’une communauté diverse. La publication de contenu graphique pour un simple plaisir sadique est interdite.
Facebook ne considère donc pas que toute photo jugée “choquante” doit être retirée du site. En réalité, le réseau social autorise les images de plaies profondes, de sang et même de têtes écrasées, selon un document révélé par le site américain Gawker. Francetv info a ainsi publié des photos de Chinois se transperçant le visage lors d’un festival végétarien sans le moindre problème.
Il est donc intéressant de se demander où s’arrête la liberté sur Facebook. Doit-on essayer de protéger les personnes sensibles des contenus que l’on peut juger “choquants”, ou critiquer la position de Facebook qui consiste à supprimer arbitrairement des clichés sans faire de réelle distinction entre eux?
Même si l’on peut critiquer l’utilisation de telles images dans la presse, il ne faut pas oublier que cela représente la réalité. Flavien Hamon, journaliste au Monde, considère “qu’il est de notre devoir d’alerter nos lecteurs sur la situation dans les provinces tibétaines de Chine, sans rien cacher de la violence de ces faits. Depuis 2009, 90 Tibétains se sont immolés ou ont tenté de le faire.”
Quel est donc votre avis sur la question ?