Netflix escroqué : Carl Rinsch condamné pour fraude

Image d'illustration. NetflixADN
Les fonds de production de la série White Horse/Conquest ont été dilapidés par le réalisateur Carl Rinsch, mettant fin à la série de Netflix et à sa carrière.
Tl;dr
- Carl Rinsch avait développé pour Netflix la série White Horse/Conquest, financée à plus de 61 millions de dollars.
- Une partie des fonds supplémentaires demandés a été détournée vers des placements risqués et des dépenses personnelles luxueuses.
- Netflix a annulé la série, Rinsch a été reconnu coupable d’escroquerie et de blanchiment, et risque de lourdes sanctions.
Un projet prometteur avorté
Le parcours du réalisateur Carl Rinsch, jadis acclamé pour 47 Ronin, vient de prendre un tournant inattendu. Sélectionné par la plateforme de streaming Netflix pour porter à l’écran la série ambitieuse White Horse (plus tard rebaptisée Conquest), il avait suscité l’enthousiasme des investisseurs dès 2017. À l’époque, le projet reposait sur une intrigue alléchante : un scientifique donnant vie à une espèce humanoïde organique, laquelle finit par se retourner contre ses créateurs. Fort de six épisodes pilotes produits sur fonds propres et avec l’aide d’investisseurs, le cinéaste réussit à convaincre Netflix, qui acquiert les droits pour plus de 61 millions de dollars.
Détournement et spéculation hasardeuse
L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais le scénario a viré au fiasco. Après avoir déjà englouti 44 millions de dollars dans la production, Carl Rinsch sollicite, en 2020, onze millions supplémentaires auprès de Netflix pour soi-disant boucler la saison. La confiance est accordée. Pourtant, la suite déroute : loin d’être réinvesties dans la série, ces sommes transitent rapidement vers des comptes personnels du réalisateur. En moins de deux mois, plus de la moitié disparaît dans des placements boursiers risqués ; le reste atterrit sur des marchés de cryptomonnaie.
L’argent s’évapore, la justice s’en mêle
Miraculeusement, ces aventures crypto génèrent un profit substantiel. Mais plutôt que d’honorer ses engagements artistiques, Carl Rinsch cède à la tentation d’un train de vie ostentatoire : selon les procureurs, près de quatre millions sont engloutis en mobilier et antiquités haut-de-gamme ; il débourse aussi deux millions et demi pour cinq Rolls-Royce et une Ferrari, sans oublier près d’un million dédié à des literies luxueuses et plus d’un demi-million en montres et vêtements de grandes marques.
L’épilogue judiciaire
Finalement, la série ne verra jamais le jour. Dès 2021, Netflix met un terme au projet et enregistre une perte supérieure à 55 millions de dollars. Le verdict tombe après moins de cinq heures : reconnu coupable d’escroquerie et blanchiment d’argent sur sept chefs d’accusation distincts — malgré sa défense affirmant que les sommes perçues n’étaient qu’un remboursement — Carl Rinsch risque jusqu’à 90 ans derrière les barreaux. Toutefois, selon toute vraisemblance, sa peine effective sera bien moindre. Une affaire symptomatique des dérives possibles autour des budgets pharaoniques que brasse aujourd’hui l’industrie audiovisuelle mondiale.