Netflix contraint de renoncer à sa règle d’or : un problème ancien qui s’aggrave

Confrontée à une règle interne qui freine son évolution depuis des années, Netflix se trouve aujourd’hui à un tournant crucial. La plateforme de streaming est désormais sous pression pour repenser ses pratiques afin d’éviter une aggravation imminente de la situation.

Un séisme dans l’industrie du cinéma

Personne ne s’y attendait vraiment, mais le rachat de Warner Bros., incluant ses studios emblématiques et la plateforme HBO Max, par Netflix déclenche une onde de choc dans toute l’industrie. Derrière ce mouvement stratégique, un changement de paradigme s’opère : le géant du streaming ne se contente plus d’accumuler les succès numériques, il pose désormais la main sur des franchises mythiques telles que Harry Potter, The Lord of the Rings, ou encore le DC Universe. De quoi rebattre toutes les cartes à Hollywood.

Cinéma ou simple contenu numérique ?

En s’emparant de ces catalogues, Netflix se trouve face à une problématique inédite : concilier son obsession des métriques d’audience avec l’essence même du cinéma, pensée pour la salle obscure. Jusqu’à présent, la plateforme s’est contentée de sorties salles anecdotiques — on pense à « The Irishman » ou « Frankenstein », projeté trois semaines sous la pression du public et de son réalisateur. Pourtant, pour les superproductions à grand spectacle, conçues pour sublimer l’image et le son sur grand écran, ce modèle paraît difficilement transposable.

Pour mieux saisir l’enjeu, voici quelques conséquences majeures pressenties :

• Banalisation des sorties salles : La fenêtre exclusive réservée aux cinémas pourrait être drastiquement réduite, privant ces films du bouche-à-oreille qui fait leur succès.
• Pouvoir centralisé : En contrôlant production, distribution et diffusion, Netflix pourra décider quels projets verront réellement le jour — un pouvoir rarement égalé dans l’histoire du secteur.

L’art face à la logique algorithmique

Derrière les discours rassurants de son co-PDG, Ted Sarandos, qui promet de préserver un « cycle traditionnel » (sortie en salle suivie d’une arrivée sur la plateforme), une question demeure : quelle place restera-t-il à l’audace créative ? Accélérer les mises en ligne fait, certes, sens pour engranger rapidement des données et fidéliser les abonnés, mais cela menace aussi le tissu des salles indépendantes et réduit chaque film à une simple statistique.

Plus grave encore : cette logique risque d’amplifier la standardisation déjà dénoncée par les spectateurs eux-mêmes — entre remakes, suites à répétition et manque criant d’originalité.

L’avenir : vers une uniformisation du divertissement ?

Si rien ne change dans cette stratégie, la diversité culturelle et le caractère événementiel du cinéma pourraient vite passer au second plan. L’industrie se verrait dominée par l’algorithme et non plus par la créativité ou le partage collectif en salle. Autrement dit : le cinéma vient peut-être de signer un pacte avec sa propre Némésis.