Netflix change de cap : place aux salles obscures

Image d'illustration. NetflixADN
Face à une évolution des règles de l’industrie cinématographique, Netflix pourrait se voir contraint de diffuser ses films sur grand écran. Ce changement marquerait une étape importante pour la plateforme de streaming et le secteur du cinéma.
Tl;dr
- Le refus initial de Netflix de privilégier les sorties cinéma a conduit plusieurs talents majeurs à quitter la plateforme de streaming.
- Netflix commence à distribuer certains films en salles, comme le final de Stranger Things ou Les Chroniques de Narnia en IMAX.
- Face à la concurrence et aux attentes d’Hollywood, Netflix devra désormais composer avec le grand écran pour rester attractif.
L’inéluctable virage de Netflix vers le grand écran
La toute-puissante plateforme Netflix, avec ses plus de 300 millions d’abonnés, domine aujourd’hui l’industrie mondiale du divertissement. Pourtant, alors qu’elle génère déjà davantage de revenus que l’ensemble du box-office mondial, la question d’une implication plus significative dans les salles obscures revient sur le devant de la scène. Jusqu’ici, Ted Sarandos, son directeur général, campait sur une position tranchée : « C’est un concept dépassé que d’imaginer les films projetés des semaines durant devant un public anonyme ». Mais les lignes bougent.
Un statu quo remis en cause par la fuite des talents
Ces derniers mois, le refus persistant de Netflix d’embrasser pleinement le circuit traditionnel du cinéma a engendré des conséquences notables. Plusieurs créateurs majeurs ont choisi de quitter la plateforme pour rejoindre des studios offrant une vraie exposition en salles. C’est le cas, par exemple, des frères Duffer (Stranger Things) qui ont signé chez Paramount, ou encore du réalisateur Zach Cregger dont le projet The Flood est tombé à l’eau faute d’accord sur une sortie cinéma.
Cette tendance s’accentue alors que certains films Netflix trouvent un large écho en streaming, à l’instar du phénomène KPop Demon Hunters de Sony Pictures Animation, qui a même brièvement dominé le box-office après son passage en ligne. La plateforme de streaming risque ainsi d’accumuler les pertes créatives au profit des studios traditionnels, bien décidés à défendre la salle comme lieu incontournable du spectacle cinématographique.
Nouveaux accords et pression concurrentielle
Face à ce contexte tendu, quelques signaux montrent déjà un infléchissement stratégique. Un accord historique vient d’être conclu avec AMC Theatres, permettant enfin une distribution plus large de certains titres Netflix sur grand écran. Par ailleurs, le très attendu final de Stranger Things bénéficiera simultanément d’une sortie en salles et sur la plateforme. De même, l’adaptation par Greta Gerwig des Chroniques de Narnia est annoncée pour une exploitation IMAX.
Il convient aussi de mentionner la perspective bouleversante d’un éventuel rachat de Warner Bros. Pictures. Si cette opération aboutit – ou même si elle avorte –, difficile d’imaginer Netflix faire cavalier seul sans réviser ses positions quant à la distribution cinéma.
L’après-pandémie et les enjeux pour Hollywood
En toile de fond, l’industrie peine toujours à retrouver sa vigueur pré-pandémique et se heurte à une équation complexe : streaming et salle doivent-ils vraiment s’opposer ? Les exploitants réclament davantage de films sur leurs écrans ; Netflix pourrait contribuer à répondre à ce déficit.
Plusieurs experts évoquent désormais trois scénarios possibles :
- Adaptation graduelle aux exigences du box-office.
- Négociation au cas par cas avec les talents.
- Mise en place d’une fenêtre exclusive réduite mais réelle pour les salles.
Reste à savoir quelle formule l’entreprise retiendra. Mais plus personne ne doute que le mastodonte californien devra composer avec le grand écran — sous ses propres conditions peut-être, mais plus jamais totalement en dehors du jeu.