Les scientifiques pas vraiment enthousiastes après l’autorisation de Neuralink de tester ses implants sur les humains

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Les scientifiques pas vraiment enthousiastes après l'autorisation de Neuralink de tester ses implants sur les humains. Les technologies autour des BCI sont encore très jeunes et les promesses d'Elon Musk très grandes.
La société Neuralink, financée notamment par Elon Musk, a reçu l’autorisation de la Food and Drug Administration (FDA) américaine de démarrer les tests sur l’homme de son interface cerveau-ordinateur (BCI). Cet implant invasif n’a, pour l’heure, été testé que sur des animaux, avec des démonstrations montrant des primates contrôler un curseur d’ordinateur et même jouant à Pong sur un écran via leur simple pensée. L’autorisation de réaliser des tests cliniques sur des volontaires humains marque la première étape vers les objectifs ambitieux de Neuralink et d’Elon Musk de résoudre les problèmes de quadriplégie, de schizophrénie, d’Alzheimer, entre autre.
Les scientifiques pas vraiment enthousiastes après l’autorisation de Neuralink de tester ses implants sur les humains
Ceci étant dit, la communauté médicale n’est pas franchement emballée par cette autorisation et a fait part, une nouvelle fois, de ses craintes. Le Physicians Committee for Responsible Medicine (PCRM), une organisation à but non lucratif composée de plus de 17 000 praticiens de santé certifiés, a rappelé les ratés passés de l’entreprise et enjoint cette dernière à investir dans une technologie non invasive plutôt que d’implanter des électrodes dans un cerveau humain.
“Elon Musk doit oublier son obsession d’implanter un appareil dans nos têtes”, faisait remarquer le directeur de la PCRM, Ryan Markley, ajoutant que le milliardaire devrait se concentrer sur des solutions non invasives. Neuralink explique sur son site vouloir mettre au point “une interface cerveau-machine invisible”, qui transmet sans fil les signaux cérébraux. Mais d’abord, un robot perce un trou dans le crâne pour aller insérer la puce Link et ses fils de 5 microns d’épaisseur dans le cortex cérébrale. Cette puce mesure aussi certains signes vitaux comme la température, la tension et le mouvement, à la recherche de signes anormaux. Elon Musk explique vouloir, à terme, que rendre le processus d’implantation Neuralink aussi simple qu’une chirurgie oculaire LASIK.
Les experts, cependant, ne sont pas convaincus pas les explications et les promesses d’Elon Musk, notamment alors que les technologies d’interface cérébrales non invasives ont déjà montré des résultats positifs sans les risques de Neuralink. L’organisation à but non lucratif – qui a été la première à mettre au jour les rapports de cruauté animale et de mauvaise gestion des biomatériaux de Neuralink – a identifié des risques, tels que les malfonctionnements des implants, les risques tangibles d’infection et les complications chirurgicales. Le PCRM explique que l’autorisation de la FDA n’est “pas un acquittement de l’historique de cruauté animale bien documentée et des études scientifiques peu soignées de Neuralink.”
Les technologies autour des BCI sont encore très jeunes et les promesses d’Elon Musk très grandes
De plus, le groupe argue que l’autorisation clinique n’est pas une assurance que ce produit arrivera sur le marché. Ce n’est pas la première fois que des experts médicaux donnent des signaux d’alerte autour de Neuralink. En décembre 2022, après la démonstration d’Elon Musk des progrès de Neuralink, des experts avaient déclaré à Healthline que l’entreprise ne devrait pas faire de telles promesses sans résultats cliniques, notamment alors qu’elle n’offre pas le même niveau de travail et d’expertise que d’autres projets de BCI comme BrainGate.
Le Dr. Johnson de l’Université d’État de New York déclarait à The Daily Beast au sujet de Neuralink qu’ils “promettent à outrance parce qu’ils sont loin d’être capables de pouvoir faire cela.” Le pionnier des neurosciences, Miguel Nicolelis, qui dirige un laboratoire dédié aux BCI à l’Université Duke, affirmait à Inverse que “Mr. Musk ne comprend rien aux neurosciences ni à ce qu’est le cerveau”, ajoutant que son entreprise n’a rien réalisé du tout d’innovant. L’avenir nous dira si Neuralink peut tenir les promesses du milliardaire américain, mais nombre d’experts n’y croient pas.