Le tout premier scénario de Conan le Barbare signé Oliver Stone était un chef-d’œuvre d’excès

Image d'illustration. Conan le Barbare. RONALDGRANT/MARY EVANS/SIPA / PR-ADN
Le tout premier scénario d’Oliver Stone pour le film Conan le Barbare surprend par son audace et ses choix extravagants. Ce texte initial dévoile une vision spectaculaire et démesurée, offrant un regard inédit sur l’univers du héros emblématique.
Tl;dr
- Le script d’Oliver Stone était post-apocalyptique et délirant.
- John Milius a totalement réécrit Conan le Barbare.
- Le film est devenu culte malgré ses débuts mitigés.
L’envol hallucinant du script de Conan
Quand Oliver Stone, alors scénariste au bord de l’excès, se lance sur Conan le Barbare, il n’hésite pas à imaginer l’impensable. L’homme, déjà réputé pour sa consommation démesurée de substances — il l’admettra plus tard dans les pages du livre « Stone: The Controversies, Excesses, And Exploits of a Radical Filmmaker » — livre un scénario qui relève autant du trip sous cocaïne que du récit d’heroic fantasy. Le projet initial : propulser Conan dans un avenir post-apocalyptique, où le héros croise des mutants et se débat au cœur d’un univers débridé. Plusieurs milliers d’années après la chute de l’Atlantide ? Oui, selon ce brouillon fou, où la démesure le dispute à l’audace.
Cette version insensée s’inspire librement des récits originaux de Robert E. Howard, notamment « Black Colossus » et « A Witch Shall Be Born », tous deux parus dans le magazine « Weird Tales ». Si les grandes lignes — conquêtes sanglantes, sorcellerie et trahisons royales — sont respectées, la relecture de Stone fait exploser les codes traditionnels du genre.
Milius remet Conan sur terre
Face à ce script jugé « infilmable », la production décide finalement de confier la réalisation (et la réécriture) à John Milius. L’homme repart presque de zéro : seuls une scène de crucifixion et un assaut contre le château du sorcier survivent au grand ménage scénaristique. Milius puise alors dans un mélange éclectique d’influences — épopées japonaises, récits antiques, contes mythologiques — pour forger une atmosphère unique et sombre. C’est ainsi que le film gagne cette identité hybride, où l’on sent poindre l’héritage, mais aussi un souci de grandeur visuelle inhabituel pour une série B.
Succès populaire et héritage inattendu
À sa sortie en 1982, Conan le Barbare reçoit un accueil critique pour le moins réservé ; beaucoup y voient une fantaisie adolescente trop brute ou simplement ridicule. Pourtant, les spectateurs répondent présents : 79 millions de dollars récoltés pour 20 millions investis. La formule séduit tellement qu’un second opus voit rapidement le jour — « Conan the Destroyer » — puis une tentative de spin-off avec « Red Sonja ». Ces suites ne rencontreront cependant pas le même succès.
La saga est devenue culte auprès des amateurs d’action brute. Un scénario oublié aux allures psychédéliques demeure-t-il encore dans les tiroirs ? Certains fans rêvent encore de voir ce Conan muté arpenter les ruines du futur…