Depuis dix ans, Jurassic World entretient une illusion, encore aggravée par le nouveau chapitre

Image d'illustration. Jurassic World RebirthAmblin Entertainment / PR-ADN
Depuis une décennie, la franchise Jurassic World construit son récit autour d’une illusion persistante sur les dinosaures. Avec le nouvel opus Renaissance, cette déformation s’accentue, soulevant de nouvelles interrogations sur la représentation scientifique à l’écran.
Tl;dr
- Lassitude envers les dinosaures jugés peu crédibles.
- La saga s’éloigne de la passion du public réel.
- Les nouveaux films peinent à raviver l’émerveillement.
Une lassitude fictive difficile à croire
L’idée, aujourd’hui centrale dans la saga Jurassic World, d’un public blasé face aux dinosaures intrigue autant qu’elle dérange. Depuis le premier film orchestré par Colin Trevorrow, cette posture narrative s’est imposée : montrer une société indifférente, voire ennuyée, à la présence de créatures pourtant ressuscitées d’un autre âge. L’image iconique, évoquée par le réalisateur lui-même, d’un adolescent tournant le dos à un T-Rex pour texter sa copine illustre cette direction. Mais ce parti-pris, censé refléter l’évolution de notre rapport aux effets spéciaux, sonne comme un anachronisme.
Le fossé entre fiction et réalité sociale
Dans le monde réel, tout indique au contraire que la passion pour les animaux extraordinaires ne faiblit pas. Les réseaux sociaux regorgent d’exemples : chaque apparition de Fiona l’hippopotame ou Doug le carlin déclenche des vagues d’admiration. Si ces animaux banals suscitent autant d’attachement, pourquoi le retour des dinosaures provoquerait-il lassitude et indifférence ? Un simple défilement sur Instagram suffit à rappeler l’engouement durable du public pour les merveilles du vivant – une dynamique que la franchise semble occulter.
Paradoxalement, alors que les spectateurs affluent encore en masse dans les salles pour chaque nouvel opus, la saga persiste à suggérer que la magie s’est évaporée. Cette discordance interroge sur la pertinence d’un tel choix scénaristique.
Une allégorie fragile et des choix contestés
Le parallèle établi entre saturation face aux effets spéciaux et désintérêt pour les dinosaures manque sa cible. Dans l’univers de Jurassic Park, seule InGen a réussi à ouvrir un véritable parc ; aucune omniprésence comparable aux blockbusters CGI dans notre réalité. Pour justifier ce supposé désamour, les scénaristes ont multiplié les créatures inédites — Indominus Rex, Indo-Raptor ou D-Rex — dont la présence finit par diluer l’identité même de la saga.
On observe ainsi :
- L’apparition répétée de nouveaux monstres accentue une certaine confusion narrative.
Le résultat : des suites qui peinent à se distinguer et semblent perdre peu à peu leur amour initial pour ces géants disparus.
L’avenir incertain de la franchise
Difficile désormais d’imaginer comment revenir en arrière. La récente extinction quasi totale des dinosaures dans Jurassic World Renaissance complique toute réconciliation avec cet émerveillement originel. À moins d’un profond renouvellement du scénario ou d’une relecture radicale de sa propre mythologie, la franchise risque de s’enliser dans cette posture distante vis-à-vis des dinosaures eux-mêmes.
Reste l’espoir qu’un prochain épisode saura retrouver ce regard émerveillé et passionné qui fit jadis la force inégalée du premier Jurassic Park.