Amazon accusé de piéger ses abonnés Prime

Image d'illustration. AmazonAmazon / PR-ADN
La FTC poursuit Amazon pour avoir piégé des utilisateurs dans des abonnements sans leur consentement.
Tl;dr
- La FTC accuse Amazon d’avoir piégé des utilisateurs dans des abonnements récurrents sans leur consentement, utilisant des « dark patterns ».
- Les procédures de résiliation seraient complexes et conçues pour décourager les départs, renforçant les critiques sur le modèle Prime.
- Si le procès aboutit, cela pourrait contraindre l’ensemble du secteur à simplifier les abonnements et changer les pratiques numériques.
Une action en justice qui secoue le modèle d’abonnement
L’affaire oppose Amazon, géant du commerce en ligne, à la Federal Trade Commission (FTC). Initiée sous l’administration Biden il y a deux ans, cette procédure judiciaire vient enfin d’entrer dans une phase décisive. L’enjeu : déterminer si le mastodonte américain a effectivement piégé des millions de consommateurs dans son programme d’abonnement, comme le soutient l’agence fédérale. Si ce dossier aboutit à une condamnation, c’est toute l’industrie des abonnements qui pourrait être poussée à revoir ses méthodes.
Des procédés dénoncés comme « trompeurs »
D’après la plainte déposée en août 2023, la FTC reproche à Amazon d’avoir recours à des « dark patterns ». Ces techniques de conception seraient pensées pour inciter subrepticement les internautes à s’inscrire à Prime, souvent via des essais gratuits présentés de manière ambiguë. Les détails sur la facturation et le renouvellement automatique demeureraient noyés dans les petites lignes, tandis que le langage employé frôlerait parfois la manipulation. Selon la présidente de l’époque, Lina M. Khan, « Amazon a trompé et piégé des utilisateurs en les inscrivant à des abonnements récurrents sans leur consentement, ce qui a non seulement frustré les utilisateurs mais leur a également coûté une somme importante. »
La procédure de résiliation de l’abonnement n’échappe pas non plus aux critiques. Surnommé en interne « The Iliad », le parcours serait conçu pour décourager toute volonté de départ : sollicitations répétées, rappels des avantages perdus ou encore messages ambigus au moment de finaliser la démarche compliqueraient sérieusement la résiliation.
L’influence majeure du modèle Prime sur le secteur
L’enjeu financier est colossal : en 2024, les revenus liés aux abonnements dépassaient les 44 milliards de dollars, tandis que les ventes lors du Prime Day atteignaient plus de 14 milliards. Pour les clients, un abonnement coûte actuellement 6,99 euros par mois ou 69,90 par an.
Face à ces méthodes jugées opaques, la législation pourrait se durcir. L’Union européenne, avec son futur Digital Fairness Act prévu pour 2027, veut aussi encadrer ces pratiques dites « injustes ». De leur côté, nombre de plateformes usent déjà de procédés similaires : selon une étude internationale récente, 76% des sites et applications exploiteraient des dark patterns pour fidéliser leurs abonnés.
Vers un changement systémique ?
Un point central reste en suspens : si le procès aboutit à une décision défavorable pour Amazon, il obligerait peut-être l’ensemble du secteur à simplifier la désinscription – une réforme « click to cancel » avait été envisagée avant d’être abandonnée par l’administration suivante. La question reste donc ouverte : assisterons-nous bientôt à une vague de changements chez tous les acteurs du numérique ? Une chose est sûre : cette bataille judiciaire retient déjà l’attention bien au-delà du seul cas Amazon.