Deadpool : Marvel se sort les doigts (et les renifle)
Premier d'une longue liste de films que nous attend(i)ons avec impatience cette année, nous sommes allés voir Deadpool et voici notre avis.
Déclarer que le film Deadpool était attendu au tournant est un euphémisme. Après une campagne marketing littéralement épique et une promesse de casser le ton sérieux présent dans la plupart des films Marvel, l’antihéros mis en scène par le réalisateur Tim Miller et produit par la Fox avait toutes les chances d’être efficace dans les bandes-annonces et d’être finalement trop court dans le film. Il n’en est rien. Deadpool est une réussite quasi absolue et remplit parfaitement son objectif : divertir sans prendre le moindre gant.
Effort Maximum, Résultat Au-delà des Espérances
Cette critique s’adressant avant tout à ceux qui ne l’ont pas encore vu (puisque les autres doivent déjà avoir leur avis), rappelons rapidement le synopsis. Wade Wilson (incarné par le fantastique Ryan Reynolds) est un ancien militaire devenu mercenaire. Il vit l’amour parfait avec Vanessa (la délicieuse Morena Baccarin), jusqu’à ce qu’il soit diagnostiqué d’un cancer radical.
Pour ne pas mourir, il va accepter de subir une expérience afin de déclencher ses gènes mutants dormants – puisque nous sommes dans l’univers des X-Men – afin de le guérir. Si l’opération le soignera et lui donnera même l’immortalité, cela défigurera son corps et, afin de le réparer, il va traquer le médecin et méchant du film : Ajax (Ed Skrein).
Si le scénario tient donc sur un timbre postal, la narration, à base d’aller-retour entre le présent où Deadpool a déjà son costume et le passé, fait qu’on ne s’ennuie pas. Mais avant même d’évoquer le rythme, impossible de ne pas parler de la plus grande réussite du film : sa décomplexion totale.
Tout le monde se fait plaisir, des scénaristes aux acteurs en passant par la réalisation. Les dialogues absurdes et vulgaires fusent, la mise en scène des combats sanglants et les effets spéciaux sont excellents (surtout quand l’on sait que le budget est bien inférieur à un Marvel classique) et le film entier cabotine à 200%.
Ryan Reynolds est parfaitement dans la peau du personnage qui casse régulièrement le 4ème mur avec brio et Deadpool déborde de passages débiles (dans le bon sens du terme) et de clins d’oeil. À d’autres films et personnages Marvel bien entendu, mais aussi et surtout à des éléments de notre monde réel, comme si Wade Wilson savait qu’il n’est en fait que dans un film.
Les plus mauvais opus de la franchise sont notamment évoqués, tandis que certains acteurs ou même le studio sont même nommés. Deadpool n’en a rien à faire des codes et c’est assurément le meilleur point du long-métrage qui amène très régulièrement des rires à la fois sincères et très gras.
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Bien entendu, le film de Tim Miller n’est pas parfait, mais ce qui va suivre tient presque du pinaillage tant on passe au final un excellent moment. Tout d’abord, on regrettera que certains dialogues ne fonctionnent pas. Il faudra pour cela pointer du doigt deux points.
Premièrement, on sent que les traducteurs (puisque nous avons été obligés de voir le film en VF…) peinent à plusieurs reprises à trouver une tournure adaptée à la blague originale. Ensuite, et même si la vaste majorité des dialogues sont hilarants et gratuitement vulgaires et noirs juste comme il faut, les blagues de cul sont un peu trop nombreuses et lourdes, surtout quand elles ne sont pas dans la bouche du héros.
Enfin, outre quelques légères baisses de rythme et des seconds rôles tantôt assez bons (T.J. Miller et Gina Carano en Angel Dust) tantôt moyens (Brianna Hildebrand en une pas assez présente Negasonic Teenage Warhead et Andre Tricoteux en un Colossus au ton… étrange ?), on regrettera que la musique ne soit pas au niveau espéré. Alors forcément, après avoir pondu la fabuleuse (fantastique, épique, légendaire, culte…) OST de Mad Max : Fury Road, Junkie XL était attendu, probablement trop. Quelques morceaux spécialement décalés (originaux ou non) font forcément réagir positivement, mais l’ensemble manque assurément de quelque chose pour se démarquer réellement.
Deadpool : notre avis
Avec Deadpool, le duo Tim Miller/Ryan Reynolds parvient réellement à proposer quelque chose de frais dans le monde un peu trop sérieux de Marvel au cinéma (surtout chez les X-Men). Plus décalé et atypique que Ant-Man et Les Gardiens de la Galaxie réunis, il s’agit véritablement d’un pavé dans la gueule (c’est plus cohérent que dans une mare) des conventions établies depuis un moment. De l’intro à la séquence post-générique, le film dans son ensemble se fait tout simplement plaisir sans trop cogiter et parvient à divertir de la manière la plus efficace qui soit. Vivement le 2.