Vie privée et accès à l’Internet libre en danger

Image d'illustration. VPNFrance Num / PR-ADN
Des défenseurs des libertés numériques dénoncent une dérive autoritaire comparable à des lois restrictives observées en Russie ou au Pakistan.
Tl;dr
- Un projet de loi dans le Michigan vise à interdire l’utilisation et la vente de VPN pour « protéger les mœurs publiques ».
- Les fournisseurs d’accès seraient obligés de bloquer les contenus interdits et toute tentative de contournement avec VPN ou proxies.
- Les opposants dénoncent une dérive autoritaire qui menace la confidentialité et les libertés numériques.
Un projet de loi controversé menace les VPN
Sous l’intitulé officiel d’« Anticorruption of Public Morals Act », un texte proposé début septembre par le représentant républicain Josh Schriver, épaulé par cinq autres élus du même parti, suscite de vives inquiétudes outre-Atlantique. Ce projet vise à interdire purement et simplement l’utilisation et la vente des services de VPN dans l’État du Michigan, évoquant la nécessité de « prohiber la diffusion de contenus jugés corrupteurs pour les mœurs publiques. »
Coup dur pour la confidentialité et l’accès à Internet
Les fournisseurs d’accès à Internet seraient, selon le texte, tenus d’installer une « technologie de filtrage obligatoire » afin de bloquer l’accès à tout contenu interdit. La définition reste large : vidéos, audios, magazines, contenus générés par IA ou encore mangas, jusqu’aux représentations de personnes transgenres pourraient être concernés. Par ailleurs, toute tentative d’échapper à ces blocages grâce à des outils comme les meilleurs VPN, des proxies ou méthodes dites « d’encapsulation chiffrée », serait expressément visée.
En pratique, il s’agirait pour les FAI « d’identifier et bloquer activement les outils de contournement connus » ainsi que d’empêcher l’accès aux sites diffusant ces contenus. Mais ce n’est pas tout : le texte prévoit aussi d’interdire la commercialisation des outils en question, qu’ils soient fournis par des acteurs américains ou étrangers.
Dérive autoritaire ? Des amendes dissuasives au cœur du débat
Autre point marquant : toute personne ou entreprise qui encouragerait ou faciliterait l’accès aux contenus prohibés s’exposerait à une amende maximale de 500.000 dollars par infraction. Une liste non exhaustive rendrait cette mesure particulièrement lourde :
- Sociétés commerciales
- Fournisseurs d’accès internet (ISP)
- Utilisateurs particuliers promouvant ces outils
S’il est encore difficile d’évaluer les chances réelles d’adoption du projet – il est actuellement examiné par la commission judiciaire –, certains observateurs s’alarment déjà. Plusieurs voix s’inquiètent du précédent qu’il pourrait créer dans un pays où le respect de la vie privée numérique reste un enjeu clé.
Paysage international et libertés numériques fragilisées
Les défenseurs des libertés numériques voient dans cette initiative une dérive comparable aux politiques autoritaires constatées dans des États comme la Russie ou le Pakistan. Un tour d’horizon récent fait état de 24 restrictions majeures sur Internet recensées durant le premier semestre 2025 à travers le monde : après le Royaume-Uni avec sa loi sur la sécurité en ligne ou encore la France face au piratage numérique, c’est désormais un État américain qui pourrait menacer gravement l’usage légitime des VPN. Pour beaucoup d’utilisateurs pourtant, ces outils restent essentiels afin de protéger leurs données personnelles ou simplement accéder sans entrave à certains services numériques.