Une espèce de grenouilles disparue pourrait ressusciter
Des chercheurs australiens ont annoncé être sur le point de redonner la vie à une espèce de grenouilles disparue.
La Rheobatrachus silus ou grenouille à incubation gastrique est une espèce de batracien déclarée officiellement disparue en 2001, mais qui n’a pas été revue depuis les années 80.
Cependant des embryons avaient été congelés et conservés dans un laboratoire depuis les années 70. Les chercheurs dirigés par Mike Archer ont travaillé sur un procédé de clonage proche de celui qui a permis d’obtenir le mouton Dolly. Ils ont implanté les embryons dans un ovule de batracien actuel la Mixophyes fasciolatus, débarrassé de son noyau. Quelques jours plus tard, l’embryon était viable, mais aucun têtard ne s’y est développé. « Nous sommes de plus en plus convaincus que les obstacles à venir sont d’ordre technologique et non biologique, et que nous réussirons. Nous avons démontré les possibilités de cette technologie, qui pourrait être utilisée comme un outil de conservation, alors même que des centaines d’espèces d’amphibiens connaissent un déclin catastrophique« , a déclaré Mike Archer.
Cette espèce de grenouilles est particulière car elle vomit ses petits. La Rheobatrachus silus avale ses oeufs, ce qui déclenche automatiquement une interruption de son système digestif (et donc de la production d’acide gastrique). Les oeufs sont ensuite incubés pendant 6 à 8 semaines avant que les petits ne ressortent par la bouche.
Mais la nouvelle pose deux problèmes à la communauté scientifique. Le premier est épigénétique en raison de l’espèce qui est choisi pour accueillir l’embryon. « Elle est au final assez éloignée de R. silus. En considérant les facteurs épigénétiques, ce qu’ils obtiendront sera un hybride des deux espèces, et pas un individu génétiquement pur », explique le professeur Alain Dubois à Sciences et Avenir.
Le 2ème problème est éthique. « C’est un message redoutable envoyé à la société. On va finir par se dire qu’en pouvant réparer les extinctions, on peut continuer à détruire les milieux naturels. Cela risque de faire baisser la garde de l’opinion publique. Au-delà de ça, ces recherches ne portent que sur des animaux spectaculaires, principalement des grands vertébrés. Or la biodiversité concerne tous les êtres vivants », développe le professeur.