TikTok : l’application censure du contenu pour convenir à la Chine
Des révélations exclusives de The Guardian dévoilent comment ByteDance supprime des références aux manifestations de la place Tian'anmen, à l'indépendance du Tibet ou au groupe religieux Falun Gong.
L’application la plus téléchargée de l’App Store lors de la première moitié de 2018 reste extrêmement populaire dans le monde, ce qui n’est pas pour plaire à tout le monde. Afin de se conformer aux exigences de Beijing, ByteDance, la maison-mère de l’app, censure du contenu, révèle Washington Post notait d’ores et déjà il y a un mois qu’après quatre mois de manifestations dans la ville-état de Hong Kong, il était difficile de déceler ne serait-ce “qu’une once de désordre” à partir d’une recherche sur le site. La politique de censure, de pénalités et de bannissement de l’entreprise va cependant bien plus loin que cet événement isolé comme le révèle le journal anglais qui s’appuie sur des documents exclusifs détaillant le fonctionnement de la modération.
Des pénalités différentes
Les contenus bannis sont divisés en deux catégories par l’application : certains sont marqués comme “violation”, et dans ce cas ils sont irrémédiablement supprimés du site, voire peuvent conduire au bannissement permanent de l’utilisateur, tandis que d’autres contenus jugés comme des infractions moins graves sont notés comme “visible pour soi” (visible to self) qui laisse le contenu en ligne mais limite sa diffusion dans le fil d’actualités de TikTok, géré par un algorithme. Cette dernière a le désavantage de ne pas offrir de transparence à l’utilisateur, qui ne peut savoir si son contenu enfreint les règles où s’il n’est pas estimé suffisamment qualitatif pour être partagé.
Une politique des contenus flous
The Guardian souligne que les directives concernant la Chine trouvent leur place dans une sous-section régissant les contenus de “Discours haine et religion”. Chacune d’entre elles est placée dans un contexte général pour faire apparaître ces particularités comme des règles générales.
Ainsi la critique du régime socialiste chinois est compris dans une interdiction de “critiques/attaque contre les politiques, règles sociales d’un pays, tels que les monarchies constitutionnelles, monarchies, régimes parlementaires, séparation des pouvoirs, régimes socialistes, etc.” Une autre généralisation voit l’interdiction de la “diabolisation ou déformation” d’événement historiques “locaux ou étrangers tels que les émeutes Indonésienne de mai 1998, le génocide Cambodgien ou les incidents de la place Tian’anmen”.
L’application interdit également la mention de “20 chefs d’état ou personnalités” parmi lesquels Kim Jong-il, Kim Il-sung, Mahatma Gandhi, Vladimir Putin, Donald Trump, Barack Obama, Kim Jong-un, Shinzo Abe, sans toutefois la présence de Xi Jinping, président chinois.
ByteDance se défend
L’entreprise chinoise a indiqué au Guardian que la version des documents dont le journal a pris connaissance n’est plus d’actualité depuis le mois de mai, avant les protestations actuelles qui ont lieue à Hong Kong, et que les directives les plus récentes ne font pas références à des pays ou sujets spécifiques.
ByteDance se défend en expliquant qu’à ses début, la firme voulait éviter les conflits sur la plateforme, mais qu’à présent elle revoit ses règles, comprend le besoin de transparence et compte implémenter des modérateurs locaux tout en travaillant avec des comités locaux indépendants pour affiner sa politique globale.