Test Star Wars : Battlefront 2 (PC)

Par Antoine Roche publié le 29 novembre 2017 à 14h00, modifié le 8 janvier 2018 à 13h07.
5 /10

Notes

  • Solo
    5
  • Multijoueur
    4

Avantages

  • Un plaisir pour les yeux et les oreilles
  • L'ambiance Star Wars est bien là
  • Version PC solide

Inconvénients

  • Gameplay de la campagne solo médiocre
  • Multijoueur déséquilibré et frustrant
  • Des déconnexions en ligne
  • Les lootbox aléatoires au coeur d'un jeu payant

Malgré les défauts de l'opus de 2015, les fans de Star Wars étaient nombreux à attendre Star Wars : Battlefront II, notamment pour l'ajout d'une campagne solo. Place à notre test de la version PC pour voir ce que vaut le nouveau FPS d'EA et Dice.

Introduction

Quelques jours avant sa sortie officielle, Star Wars : Battlefront II était au coeur de très nombreuses polémiques négatives qu’EA a assez pauvrement gérées. On pense notamment aux downvotes massifs sur reddit, à sa communication bancale sur le bouton de remboursement ou encore aux changements qui n’en étaient pas vraiment qui ont eu lieu en jeu après la grogne des joueurs. Inutile de revenir sur l’ensemble des griefs adressés à l’éditeur dont ce n’est pas la première tempête du genre, mais le jeu était surtout pointé du doigt pour ses mécaniques multijoueurs qualifiées de pay-to-win. Avec son système de caisses d’équipement, nécessaires pour récupérer des éléments indispensables pour être compétitif en multijoueur, à acheter avec de l’argent réel (fonctionnalité d’ailleurs temporairement désactivée au lancement et donc durant ce test) ou à grinder pendant des heures de manière abusive, Star Wars : Battlefront II ressemble ainsi au plus crasseux des free-to-play venus. Après plusieurs heures de test sur le FPS de Dice, il est temps de voir si ce très sérieux défaut est bien réel et ce que vaut plus globalement le titre, en solo comme en ligne.

Un solo qui (pal)patine

Démarrons comme le fera probablement la majorité des joueurs par cette fameuse campagne solo qui sert aussi bien à prendre les fonctionnalités du jeu en main qu’à rendre humide les plus fans. La promesse enthousiasmante d’EA était ainsi que le joueur allait, pour changer, être dans le camp de l’Empire. Et, en effet, le début de l’aventure nous met dans la peau de Iden Versio, une commandante de l’unité d’élite Inferno durant les évènements de Star Wars Episode 6. La campagne de Battlefront 2 est en effet pensée pour faire le lien entre Le Retour du Jedi et Le Réveil de la Force et mettre en scène certains évènements non montrés au cinéma. Sur le papier tout cela est intéressant et plutôt malin pour meubler en attendant Star Wars 8, mais trop rapidement le soufflet retombe.

Wink wink Rogue One

Wink wink Rogue OneEA

Pendant les 5 à 6h que dure le scénario comme le premier Call of Duty venu, le joueur enchaîne les scènes sans grand rapport les unes avec les autres et très rapidement on se retrouve une nouvelle fois du côté des gentils. Si le plaisir d’incarner des personnages connus de Star Wars est bien là (malgré l’absence triste des voix officielles en VO comme en VF), impossible de ne pas ressentir une volonté un peu abusée des scénaristes de brosser les fans dans le sens du poil en multipliant à outrance clins d’oeil, lieux (connus ou nouveaux, ce qui est agréable) et véhicules célèbres pour le plaisir. Reste que l’ambiance Star Wars est véritablement là et aucun jeu de la franchise n’a été aussi beau et plaisant dans les oreilles. Les développeurs savent ce qu’ils font avec le moteur Frostbite et cela se ressent, notamment en extérieur où les yeux pétillent régulièrement.

Malheureusement, si vous comptez acheter Battlefront II uniquement pour le solo, vous feriez mieux de garder votre argent et d’aller voir les nombreuses (et réussies) cinématiques sur YouTube. Non seulement la fin de la campagne n’en est pas vraiment une (la suite sera proposée plus tard en DLC gratuit…), mais surtout – et même si l’on ne lui demande pas d’être un Arma ou un DOOM – le gameplay de BFII est plat et beaucoup trop orienté grand public pour être captivant. Si la prise en main est instantanée donc, et qu’il y a du mieux du côté des sensations et de la visée par rapport au premier Battlefront, même poussée au maximum, la difficulté est quasi absente de la campagne et bien souvent c’est l’ennui qui domine malgré quelques passages réussis.

L’IA, qui meurt presque toujours d’un coup sans vraiment avoir à viser tellement les hitbox sont généreuses et la visée précise, fait le minimum syndical, et il faut bien des explosions et de la musique made in Star Wars pour réveiller le joueur régulièrement. Les phases à pied ne proposent bien souvent que des couloirs dirigistes et seuls quelques trop rares chemins alternatifs, possibilités basiques d’infiltration, interactions avec l’environnement, objets à trouver et choix de capacités/armes à faire viendront donner un minimum de possibilités. Le jeu s’avère finalement meilleur dans ses phases en vaisseaux (également à la 1ère ou 3ème personne, appréciable), même si on n’atteint pas le niveau de finesse d’un Elite Dangerous ou d’un Everspace.

Reste qu’être à bord d’un vaisseau emblématique de la saga en pleine bataille spatiale avec des éléments partout autour de soi est assez grisant tant, une fois encore, le travail sur l’ambiance, les sons, les explosions ou les lumières est irréprochable. La campagne de Battlefront II est clairement plus pensée pour être vécue que vaincue. Si vous n’avez pas de problème avec cela et avec un scénario qui finalement retombe rapidement dans la facilité et le fan service à outrance plutôt que l’originalité, vous pouvez éventuellement envisager d’y mettre les pieds. Sinon, vous avez mieux à faire. Avant de passer au multijoueur, relevons qu’un mode arcade en solo contre des IA permet également de jouer et de s’entraîner tranquillement via des mini scénarios à difficulté croissante ou des parties personnalisées tout en récupérant quelques ressources pour débloquer du contenu.

Loot y es-tu ?

Star Wars Battlefront 2 propose 5 modes de jeu multijoueur. Les deux principaux et plus intéressants sont Assaut des chasseurs (des combats à objectifs en vaisseau à 12 contre 12 et avec quelques IA dans l’espace) et Assaut Galactique (des cartes à objectifs au sol à 20 contre 20). À côté, il y a du 4 contre 4 où les joueurs incarnent des héros et vilains célèbres dans un semblant de match à mort bourrin par équipe peu passionnant, du classique match à mort par équipe à 10 contre 10 et enfin un mode à 8 contre 8 où une équipe attaque un objectif défendu par l’autre. Rien de bien original donc, et difficile de ne pas penser à une certaine régression quand Battlefield était capable d’aller jusqu’à 64 joueurs maximum.

En jeu, le multijoueur a quelques bonnes idées. La principale, c’est son système de score personnel où chaque action (kill, capture, aide…etc.) rapporte des points qui peuvent être dépensés au moment de la mort pour incarner une unité spéciale ou un héros au round suivant. Plutôt malin et bien mieux que le système de token sur la carte du précédent jeu, car cela pousse à bien jouer et à réfléchir entre incarner rapidement une unité peu coûteuse ou attendre pour incarner le plus puissant des héros au risque de se faire tuer dans la foulée. L’autre choix plus ou moins intelligent concerne la réapparition après la mort, puisqu’au lieu de vous faire réapparaitre immédiatement seul sur la carte, le jeu attend quelques secondes pour faire réapparaitre plusieurs joueurs ensemble en escouade pour renforcer le sentiment de bataille géante (sans pour autant inciter à de la vraie coopération entre joueurs, il ne faut pas trop rêver). Cependant cela ne vaut que si vous jouez seul, car si vous êtes en groupe avec des amis ce système de réapparition n’en aura rien à faire et vous allez vite vous retrouver séparés.

L’absence totale de listes de serveurs est en revanche véritablement pénible en 2017 et aucun filtre n’est présent non plus dans les menus. Mais là n’est clairement pas le plus gros problème. En effet, et au-delà du gameplay moyen que l’on trouve déjà en solo, c’est bien le système de progression et le coeur même du game design du multijoueur de Battlefront II qui mériteraient d’être complètement revus. Si les différentes classes introduites dans cet opus (4 à pied et 3 en vaisseau) et héros et unités spéciales jouables sont assez variées, presque tout le reste ne va pas. Par où commencer ? Probablement les Cartes des Étoiles.

Chaque classe et héros peut profiter d’améliorations passives ou actives qui boostent ou remplacent les 3 capacités proposées de base. Ces cartes, disposant de 4 niveaux de puissance, déséquilibrent complètement les affrontements car les bonus octroyés sont souvent énormes (réduction du temps de recharge d’une capacité de plusieurs secondes, augmentation de la puissance ou de l’armure de plusieurs dizaines de pour cent…etc.) et ne sont pas contrebalancés par des malus (c’est donc bien un pay-to-win, aucun doute là-dessus). En duel, même si le skill jouera toujours un rôle important, un joueur sans carte sera tout simplement désavantagé contre un autre qui aurait récupéré ou fabriqué des cartes. D’autant qu’il n’y a aucun moyen visuel de savoir ce que l’adversaire possède et vous ne l’apprendrez que plus tard avec la killcam. Car oui, ces cartes peuvent être fabriquées et améliorées avec les maigres ressources données par le jeu (il va falloir vous montrer très patients), mais surtout récupérées au hasard dans des coffres.

Ces coffres peuvent être obtenus par plusieurs moyens (achat avec la monnaie du jeu récupérée en jouant, succès en jeu ou encore véritable argent pour le moment désactivé…etc.), mais empêchent d’améliorer spécifiquement une classe ou un héros que vous pourriez apprécier puisque leur contenu est aléatoire. Le coût des quelques héros bloqués est également très élevé et verrouiller du contenu dans un jeu payant derrière de l’aléatoire ou des coûts énormes n’a juste aucun sens en dehors d’essayer de faire craquer le joueur pour sortir la carte bleue pour aller plus vite. De même, le système de montée en niveau des classes et héros lié à celui des Cartes des Étoiles récupérées est inutilement compliqué et frustrant et pour débloquer de nouvelles armes et leurs accessoires il faut accomplir des objectifs complètement à l’opposé de la philosophie du jeu en équipe à objectifs (tuer 50 ou 500 (!) personnes avec telle arme par exemple).

Heureusement pour lui, le multi de BFII a sans surprise la même ambiance très soignée que la campagne et certaines cartes sont véritablement scandaleuses de beauté et utilisent sans se retenir des zones célèbres de toutes les ères de la saga. Presque un peu trop d’ailleurs, tant il y a d’éléments à l’écran (pnj, vaisseaux, explosions, animations…) pendant les combats et les énormes icônes « DÉFENDRE » ou « ATTAQUER » sur le HUD ne sont pas de trop pour s’y retrouver dans le chaos ambiant mais nuisent forcément à l’immersion. Malheureusement les sensations elles aussi sont toujours là et, en dehors de quelques armes ou personnages, le manque d’impact ou de recul des armes laser ennuie.

Pour conclure, un rapide mot sur ce portage PC. Les options sont nombreuses pour pouvoir atteindre un niveau de performances correct en fonction de votre machine, et on appréciera également la possibilité de changer la langue à la volée et la présence d’une réglette de FOV (malgré une légère déformation de l’image à la 3ème personne même en augmentant que légèrement l’angle). Malgré quelques micros freezes étranges (surtout en DX12 visiblement), sur notre configuration « solide mais pas toute jeune » (Core i5 d’ancienne génération, 16 Go de RAM et GTX 980) le jeu est très souvent largement au dessus des 60 i/s (comme en témoigne le compteur de FPS sur les captures) avec tous les paramètres au maximum en 1080p. L’optimisation proposée est donc assez appréciable, mais c’est bien normal après tout pour un jeu AAA doté d’un tel budget. Ce qui l’est moins en revanche, c’est les problèmes de lag et de déconnexions rencontrés régulièrement durant notre test.

Conclusion

Star Wars Battlefront II est tout ce que les joueurs censés devraient vouloir éviter et dénoncer à l’avenir tant le modèle retenu par EA, à savoir un jeu scandaleux de beauté qui tente de faire passer la pilule d’un gameplay aussi ennuyeux que déséquilibré et vicieux, est toxique pour les joueurs et l’industrie du jeu vidéo dans son ensemble. Alors oui, l’ambiance Star Wars a rarement été aussi soignée dans un jeu et le travail sur la forme est assez irréprochable pour les yeux et les oreilles, mais cela n’en fait assurément pas un bon jeu. Avec sa campagne aussi courte que régulièrement insipide à traverser et surtout son multijoueur au gameplay profondément mal pensé et pervers pour inciter à la dépense ou au farm, Star Wars Battlefront II ne mérite pas votre argent, à moins d’être un fan hardcore de Star Wars prêt à encourager EA dans sa démarche honteuse en ouvrant votre portefeuille. Reste désormais à voir si l’éditeur prendra des mesures suffisantes pour corriger le tir et si le contenu ajouté gratuitement prochainement (bouts de campagnes, cartes…etc.) parviendra un peu à compenser.

Acheter Star Wars : Battlefront II

Star Wars : Battlefront II est disponible sur PC, PS4 et Xbox One depuis le 17 novembre.

Star Wars : Battlefront 2 - Edition Standard
de Electronic Arts