Datacolor s’est aussi sûrement imposé sur le marché de niche des étalonneurs d’écran que son rival X-Rite. Ces solutions, si elles sont chères à l’achat, se révèlent précieuses pour les photographes qui cherchent à obtenir le rendu le plus fidèle entre leur moniteur et leur imprimante, ou bien entre leur appareil photo et leur écran — souvent les deux. Le contrôle qualité est en effet capital à tout résultat final de qualité, mais comme souvent en terme d’accessoire spécialisé, les sondes de calibrage sont chères et n’offrent qu’un panel limité de fonctionnalités, décourageant la plupart des amateurs, voire même des professionnels. Ci-dessous, nous passons la sonde au crible afin d’en dégager la nécessité (ou non), la rapidité affirmée et l’efficacité.
Test Datacolor SpyderX Pro
Notes
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Installation et utilisation
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Performances
Avantages
- - Un étalonnage très rapide
- - Une plus grande fidélité sur les différents espaces de couleurs
Inconvénients
- - Un peu cher
- - À usage unique ou presque (sur un écran)
Pensée pour les photographes, éditeurs de vidéo et graphistes, la solution de calibrage de Datacolor vise à offrir un rendu techniquement parfait sur votre moniteur pour optimiser votre flux de travail. Quand est-il des résultats ? C'est l'heure du test.
Introduction
L’histoire de Datacolor est pour le moins singulière. Fondée aux États-Unis en 1970, la société développait des solutions pour des applications chromatiques industrielles. Par la suite, les activités ont été étendues aux communications en couleurs et aux solutions pour le traitement numérique de l’image. En 1980, Datacolor a été racheté par la société suisse Eichhof Holding, maison-mère de la brasserie Eichhof qui avait également étendue ses activités aux transactions immobilières. Fin 2008, Eichhof Holding a vendu sa gamme de boissons au groupe néerlandais Heineken. Le secteur immobilier ayant également été vendu en décembre 2008, Datacolor constitue la seule activité restante de Eichhof Holding. En conséquence, Eichhof Holding a été rebaptisée Datacolor en janvier 2009.
Design
La SpyderX n’est pas le premier essai de Datacolor en matière de colorimètre, loin s’en faut. Des années durant, le suisse a commercialisé le Spyder5 au facteur forme très proche. Le dernier modèle apporte cependant un nouveau design tout en sobriété, de blanc vêtu avec un liseré rouge, et remplace la grille du colorimètre par une lentille, afin de se rapprocher de la solution de ses concurrents X-rite, LaCie (Blue Eye), ColorMunki et de répondre aux critiques adressées par ses utilisateurs.
La sonde est dotée d’un nouveau capteur, mais le système reste le même : une fois l’écran incliné, il suffit de la poser sur la cible désignée par le logiciel qui accompagne l’appareil et de laisser la prise des mesure suivre son cours.
Logiciel
La sonde ne représente en réalité que 50% du produit proposé par Datacolor. Le reste de la magie est effectué par le logiciel sobrement intitulé SpyderXPro qui permet d’étalonner le moniteur, de mesurer et surveiller les conditions d’éclairage de la pièce, de comparer les résultats avant et après étalonnage et de vérifier l’exactitude de l’étalonnage et des profils ICC à l’aide d’option telles que CheckCal.
Pour profiter du software embarqué, il est nécessaire d’avoir un système égal ou ultérieur à OS X 10.10 pour les ordinateurs Apple, Windows 7 pour Microsoft et disposer d’une carte vidéo 24 bits. Tous les ordinateurs actuels passent donc la barre haut la main.
Pour profiter des mesures dans les meilleures conditions, le logiciel vous recommandera systématiquement à chaque démarrage de confirmer qu’un préchauffage de 30 minutes à eu lieu ; vous ne pourrez donc pas exécuter l’analyse dès l’allumage de l’ordinateur. De même, il faut veiller à ce qu’aucune source de lumière directe ne vienne éclairer l’écran et les paramètres par défaut de ceux-ci doivent avoir été restauré, en réglant la luminosité à votre niveau d’utilisation habituel, en réinitialisant le contraste par défaut et en définissant le point blanc à 6 500K si votre gestionnaire de périphérique le permet.
On affine ensuite l’analyse en choisissant le type de technologie d’affichage : DEL étendue, DEL standard, Général et DEL GB. Le logiciel fournit des informations utiles permettant de déduire facilement quel choix vous concerne (testé ici sur un MacBook Pro 13″ 2017.
On passe enfin au test en connectant la sonde au port USB de l’ordinateur (ou au Hub USB-C dans le cas d’un MacBook Pro). Le logiciel affiche alors en plein écran des couleurs en dégradé successif afin d’établir à quel point le réglage actuel dévie de la configuration optimale, puis propose un profil ICC.
Performances
La vitesse de mise en place de l’étalonnage est rapide en elle-même, mais là où Datacolor fait de véritables prouesses, c’est au niveau du calibrage en lui-même. C’en est presque frustrant tellement la solution apportée est rapide ; il nous a fallu plus de temps pour déballer le produit et l’installer que pour effectuer l’étalonnage. À titre de comparaison, là où le Spyder5 mettait près de 7 minutes à effectuer un test complet, le SpyderX en met moins de 2. Une belle performance.
L’écran du MacBook Pro 2017 couvre ainsi après étalonnage 100% du RVB, 100% du P3, 89% d’Adobe RVB et 87% d’NTSC. D’un clic sur un bouton, on peut passer du profil précédent au profil corrigé suggéré par Datacolor. À première vue, ce dernier rend les couleurs moins éclatantes, semble superposer un filtre légèrement jaune — on pense à Night Shift — et il faut prendre un petit temps d’adaptation avant de s’y faire. Deux semaines plus tard, il nous paraît difficile de retourner au calibrage d’usine du MacBook Pro tant il paraît froid et lumineux. Gardez cependant en tête que ces mesures sont optimales pour des artistes visuels, et qu’elles ne sont pas une panacée. Pour regarder un film, on pourra par exemple préférer le profil P3 sur Mac.
Une fois le profil sauvegardé, il s’affiche dans l’utilitaire ColorSync et dans le panneau de préférences Moniteurs sur macOS.
Fonctionnalités supplémentaires
Un paragraphe supplémentaire sera dédié au logiciel SpyderX Pro MQA qui fournit des options supplémentaires bienvenues et mérite en cela qu’on s’y intéresse de plus près.
Si SpyderX Pro permet d’étalonner un moniteur, le logiciel ne propose en revanche rien de plus. Son compagnon qui s’installe simultanément permet cependant d’approfondir la connaissance de son matériel. On peut par exemple tester le gamut de couleurs de son écran puis le comparer aux espaces de couleurs standardisés ; Le gamut de votre écran s’affiche sous forme de graphique identique au graphique CIE que vous obtenez dans l’Aperçu du profil après l’étalonnage de votre écran avec SpyderX.
Le test Réponse des tonalités indique où se situe la valeur Gamma de votre écran par rapport aux normes de l’industrie 2,2 et 1,8. Le résultat de ce test se compose de deux parties. La Réponse des tonalités, qui correspond au gamma de votre écran, et le plan gris, qui vous montre comment votre écran effectue les différentes graduations entre le noir et le blanc.
Le test Luminosité et contraste permet de connaître les performances de ces deux valeurs à différents niveaux de luminosité.
Enfin le test Point blanc pour différentes valeurs de l’OSD vous propose de connaître quels préréglages au sein des contrôles de votre moniteur sont les meilleurs pour un travail étalonné, à travers la lecture de la luminance du blanc (cd/m²), de la luminance du noir, du contraste et du point blanc (coordonnées Kelvin/CIE) pour chaque préréglage. Ce test n’a cependant de sens que si votre moniteur propose différents préréglages.
Conclusion
Efficace, compact, rapide et plus abordable que les solutions concurrentes, le SpyderX Pro de Datacolor s’établit comme une véritable référence pour étalonner une machine, que l’on soit artiste photographe ou graphiste. Si la dépense exige tout de même un petit pécule, les résultats sont gratifiants. En prime, l’aide fournit dans le logiciel permet même aux néophytes de l’utiliser, et l’on peut améliorer les connaissances de son matériel avec le logiciel complémentaire.