Test Nvidia Shield Tablet

Par Nicolas Catard publié le 22 décembre 2014 à 12h36, modifié le 19 janvier 2017 à 14h33.
8 /10

Notes

  • Le concept
    9
  • Apparence, design et construction
    7
  • Spécifications techniques
    10
  • Android sur la télé
    9
  • Le GameStream
    8
  • Le Grid
    9
  • Jeu en streaming
    8
  • Android 5
    8
  • Et l’avenir dans tout ça ?
    8

Avantages

  • Android 5 sans surcouche
  • Concept innovant
  • Puissance de fou
  • Le contrôleur

Inconvénients

  • Poids
  • Connexion très haut débit obligatoire
  • Le contrôleur un peu cher
  • Autonomie perfectible

Nvidia, qui, face à AMD, domine le marché des cartes graphiques, réussit son entrée sur celui des tablettes avec la Shield

Le concept

Même si le PC en tant que machine est un investissement plus coûteux qu’une console, il permet de conserver un temps d’avance par rapport aux consoles. Pour suivre le progrès technologique, les gamers PC changent la carte graphique ou un peu plus et hop, c’est reparti pour un an. Seul problème pour les éditeurs de jeux, 95% des jeux PC sont piratés, de l’aveu même de Yves Guillemot, PDG d’Ubisoft. De ce fait, si le marché du jeu sur PC est un bon filon pour les éditeurs, il n’en reste pas moins risqué.

Quoi qu’il en soit, Nvidia, qui connaît la musique, cherche à montrer que son expertise peut très bien s’exporter au-delà des cartes graphiques. Nvidia veut notamment démontrer sa capacité à concevoir du hardware pour gamer.

Le leader des cartes graphiques mise sur le jeu mobile

Le constructeur américain a fait une première tentative début 2013, en présentant une console étonnante : la Nvidia Shield. Elle ressemblait à une manette de Xbox 360 surmontée d’un écran LCD. Et elle permettait d’exécuter des jeux Android. Une bonne idée car le nombre de bons jeux y est significatif. Malgré cette bonne idée, la console a souffert de quelques défauts de jeunesse, comme un prix trop élevé et une instabilité pénible qui ne lui ont jamais vraiment permis de décoller. Depuis, Nvidia semble clairement avoir appris de ses erreurs.

Apparence, design et construction

D’un point de vue extérieur, la Shield Tablet propose une apparence très attrayante. La taille de l’écran est de 8 », mais son form factor n’a rien à voir avec un iPad Mini. Ici, le format de l’écran est en 16/10, contre 4/3 pour l’ipad Mini. Ca change tout. C’est mieux pour les films. Pour les jeux, cela dépendra beaucoup de la manière dont ils s’adaptent au format, mais globalement, les jeux sur console sont tous prévus pour un format 16/9. C’est moins souvent le cas pour les jeux Android.

Si la Shield tablet est plus petite qu’un iPad Mini, elle est en revanche plus lourde. Ici, Nvidia ne souhaite pas se battre sur qui sera le plus fin, le plus léger, mais sur la capacité à  »envoyer du lourd’’. Elle est ainsi beaucoup plus puissante. Il est donc difficile de comparer les deux.

On peut tout de même s’essayer à la comparer à une autre tablette au format approchant, la Nexus 7. La Shield est toujours plus lourde, mais encore plus puissante. Pour jouer sur Android, la Shield tablet n’a en réalité pas de rivale de poids dans son form factor et sa taille.

Mais le poids se fait sentir. Si vous jouez en tenant la tablette en mains, vous fatiguerez vite. Suivant les jeux, cela peut même devenir problématique à la longue, et il faudra soit la poser sur une table, ou sur vos genoux, soit passer directement au contrôleur.

La finition reste cependant haut de gamme. L’arrière de la tablette est très agréable. Le revêtement est doux et ne provoque aucune gêne à la longue.

Un aspect extérieur luxueux, mais un poids gênant

Il n’y aucun bouton en façade. L’espace utilisé à l’avant est symétrique entre la gauche et la droite. Je parle de gauche et droite plutôt que de haut et bas car on tient beaucoup plus cette tablette dans le sens horizontal que vertical.

À l’avant et à l’arrière, on trouve deux caméras de 5 mégapixels chacune, là aussi très discrètes.

L’écran est de bonne qualité sans être exceptionnel. Il propose une résolution forcement atypique de 1920×1200, donc au-delà de la full HD, mais on ressent un léger manque au niveau de la luminosité. Je dois dire que je viens juste de tester la Nexus 9, qui la dépasse à ce niveau là, Mais ce n’est pas du tout le même type de produit.

Spécifications techniques

Comme on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même, Nvidia a équipé la Shield Tablet de l’incroyable processeur Tegra K1, le processeur le plus rapide du moment. Les tests le prouvent, avec un score de 53 000 sur AntuTu Benchmark, la Nvidia Shield Tablet est sans doute la tablette la plus puissante de l’année.

Le Tegra K1 : une puissance monstrueuse

Le jeu y est donc super confortable et  Nvidia propose une manette dédiée, le Nvidia Shield Controller. Seul regret, la manette n’est pas vendue avec la tablette. Pour Noël, Nvidia a eu la bonne idée d’offrir le contrôleur, mais c’est sans doute ce que la marque aurait dû faire dès le début. Espérons que cette offre dure dans le temps !

Le Nvidia Shield Controler est donc une manette déjà pré-configurée pour jouer avec la tablette. Sur celle-ci, un outil de mapping des touches est installé, et vous permettra de customiser les boutons pour pouvoir jouer sans avoir besoin de toucher la tablette.

Pour certains, jeux, l’expérience est géniale. Par exemple avec Half Life 2, disponible sur le store Google Play dans une version entièrement optimisée pour le Tegra K1. Le titre est d’ailleurs jouable exclusivement si vous possédez le Shield Controler. Mais il n’est pas le seul, et en plus des titres spécifiquement destinés au Tegra K1, l’ensemble de la logithèque Android devrait vous occuper un moment.

Mais Nvidia a voulu faire encore plus fort qu’une manette connecté à une tablette surpuissante. Et vous allez voir, ça va très loin.

Android sur la télé

La tablette est équipée d’une sortie mini HDM, ce qui signifie que vous pouvez la brancher sur une télé. Etant données les très bonnes performances de la tablette dans les jeux exigeants, c’est un pur bonheur sur grand écran. Nous avons passé quelques semaines à l’utiliser sur un très grand nombre de jeux, et on ne s’en lasse pas. C’est un peu comme si vous achetiez une nouvelle console et que vous vous aperceviez que vous disposez de plusieurs centaines de milliers de jeux, dont beaucoup gratuits. On ne sait plus trop où donner de la tête.

Une fois que vous aurez branché la Shield Tablet sur une télé, vous aurez quand même du mal à revenir au petit écran 8 » de la tablette. En revanche, en voiture, en vacances, et en fait à n’importe quel endroit sans télé, vous serez tout de même content d’avoir cet écran 16/10 de 8 pouces avec vous.

Le GameStream

Fort de sa popularité sur les cartes graphiques, Nvidia propose aussi plusieurs moyens pour satisfaire son envie de jouer. Tout d’abord, avec le Gamestream. Ils ‘agit d’un système exclusif à la marque et qui permet de streamer un jeu PC vers la tablette. En théorie, c’est pas mal du tout, même si en réalité c’est assez contraignant.

Les jeux PC avec une carte NVidia streamés vers la tablette

La première condition est de posséder une carte GeForce récente sur son PC. Ensuite, il est impératif de posséder un réseau Wifi très performant, l’idéal étant un réseau 5 Gbits. En dessous, vous aurez à coup sûr des saccades. Et pour assurer la meilleure qualité possible, Nvidia certifie même certains routeurs.

Un moyen simple d’utiliser GameStream sans se soucier de la fluidité sur votre réseau local est de brancher la Shield Tablet en Ethernet. Mais pour cela, il faut posséder un adapteur Microsoft USB – LAN, ça ne courre pas les rues…

Le Grid

Et si nous avons un peu tardé avant de sortir ce test de la Nvidia Shield, c’est que nous attendions une nouveauté importante pour la tablette : le Grid. On parle du Nvidia Grid depuis quelques temps maintenant, mais c’est la première fois que ce système de jeux en streaming depuis des serveurs distants est disponible. Celui-ci est d’ailleurs lancé simultanément en Europe et aux Etats-Unis et il est gratuit, du moins jusqu’en en juin 2015 !

Le Grid permet donc de jouer à des jeux qui ne sont pas stockés sur la tablette, mais sur des serveurs distants. C’est exactement le même concept que Sony prépare après son rachat de Gaikai. Nous avons donc testé le Grid sur la Nvidia Shield, et c’est assez impressionnant. Nos tests ont été faits depuis notre réseau Wifi, et en 4G.

On a testé le Grid. Un avant-goût du futur du gaming ?

Concrètement, jouer à des jeux en streaming distant est assez compliqué : il faut une connexion à la fois rapide et stable. Si vous avez les deux, vous pouvez y aller sans problème. Dans le cas contraire, l’expérience de jeu risque d’être un peu décevante.

Nous avons testé le service avec plusieurs titres proposés par Nvidia comme par exemple la Trilogie Batman Arkham Knight, Asylum et Origins, Colin MacRae Dirt 2, Borderlands 1 et 2, Darksiders  1 et 2, Dead Island, Lego Batman 2, Lego Marvel Super heroes, le très beau Pixel Junk Monsters, Street Fighter X Tekken, l’incroyable Strike Suit Zero, The Witcher 2, Trin 2 et Ultra Street Fighter 4. On remarquera aussi un jeu assez vieux mais complètement remanié pour l’occasion : Grid, de Codemasters, un jeu au nom prémonitoire en 2007 et qui devient ici RaceDriver Grid.

Ce catalogue de titres est jouable gratuitement et grossit à vue d’œil, chaque semaine, un nouveau titre rejoignant la collection. Et bonne nouvelle, ils sont tous jouables sans dépenser un centime pour au moins encore 7 mois.

Jeu en streaming

Jouer en Streaming avec le Grid est super simple, il suffit de lancer le jeu et d’attendre quelques secondes. Une fois que la synchronisation entre le serveur de Nvida et votre tablette est établie, le jeu commence. En revanche, au moindre problème de coupure réseau, le jeu s’arrête, sans possibilité de reprise.

Nous avons eu quelques difficultés lors de nos tests, mais le problème était à 100% dû à notre connexion Numéricable de piètre qualité (et c’est de pire en pire…)

En revanche, nous avons fait des tests avec un routeur 4G, et c’est largement plus stable ! Là aussi, comme je l’imaginais il y’a quelques années : l’avenir appartient à ceux qui ont du réseau. Et comme nous ne sommes pas sectaires, nous avons testé avec Free, Orange, Bouygues Telecom et SFR. Sur les 4 opérateurs, seul SFR et Free ont provoqué un coupure. En revanche, la fluidité était parfaite sur Orange et Bouygues. Mais attention, ces indications sont très variables suivant l’endroit où vous habitez et la qualité de votre réception dans votre intérieur.

Le streaming, c’est comme la vie professionnelle : l’avenir appartient à ceux qui ont un bon réseau

Au niveau de l’expérience de jeu, le résultat passe de bon à très bon. Globalement, il en ressort une impression bizarre de jouer à un jeu console sur une tablette. C’est très perturbant quand vous êtes dans la salle d’attente d’une gare SNCF. Pendant un instant, on se croit dans son salon. Seul le petite écran, vous rappelle que non. J’aurais bien aimé brancher la Shield Tablet sur un écran de la SNCF !!

Android 5

Un autre bon point à ajouter au crédit de la Shield Tablet est l’arrivée d’Android 5, que Nvidia a rendu disponible très rapidement après sa sortie officielle. Nous l’avons installé fin novembre, et les changements d’interface sont plutôt agréables. La Shield Tablet était déjà surpuissante sur Android KitKat, autant vous dire qu’avec Lollipop, c’est un vrai bonheur. Et s’il est nécessaire de le préciser, nous avons droit à une version pure Android, sans aucune surcouche. Les seuls éléments qui y sont ajoutés sont les applications Nvidia.

On y retrouve ainsi le Shield hub, l’utilitaire de gestion du contrôleur, de gestion de l’affichage externe, et Nvidia Dabbler. Cette sublime application de dessin utilise l’accélération matérielle, et on peut évidemment se servir du stylet dissimulé dans la tablette. À titre perso, je cherchais une tablette pour ma fille, qui adore dessiner, et même si ce n’est pas son utilisation première, la tablette se révèle excellente comme outil de dessin.

Android 5 Lollipop sur la plus puissante tablette du moment !

Android 5 apporte aussi l’activation de la sortie vidéo en 4K. Ca se passe par le port mini HDMI, et vue la puissance d’exécution de la bête, lire une vidéo 4K depuis la tablette sur un écran compatible est plutôt sympa. Il vous faut juste un écran 4K sous la main…

Un élément à noter est également la gestion de l’autonomie. Avec KitKat, celle-ci étant en chute assez rapidement dès l’utilisation des ressources du Tegra K1 pour le jeu. Pour corriger en partie ce problème, Nvidia proposait un utilitaire permettant de limiter l’utilisation des différents cœurs du processeur. Avec Android 5, il semble que cette fonctionnalité soit passée à la trappe. En revanche, l’une des nouveautés de Lollipop porte sur la meilleure gestion de l’autonomie.

Nous verrons sur la durée, mais nous avons eu l’impression que même sans ce réglage, la durée de vie est légèrement supérieure par rapport à Android KitKat. On essaiera de prendre le temps pour bien le vérifier.

Et l’avenir dans tout ça ?

L’avenir est difficile à écrire pour la Shield Tablet. Elle est certes super puissante, et permet d’exécuter la totalité des jeux du Store Google Play sans problème. Mais pour le jeu en streaming, que ce soit avec GameStream ou le Grid, le maillon faible sera toujours le réseau, et pas la puissance de la machine. L’idéal pour l’utiliser de manière confortable est une connexion très haut débit et surtout symétrique (4G ou SDSL par exemple).

Pour les liaison réseaux asymétriques, assurez-vous d’avoir un débit montant suffisant, sinon vous serez déçu. Nvidia conseille une connexion fibre pour en profiter au mieux. On saluera l’honnêteté de la marque sur ce point, et on ne peut que faire confiance à nos chers opérateur pour améliorer un réseau aujourd’hui plutôt clairsemé au niveau des accès résidentiels très haut débit.

Pour conclure, nous pouvons considérer la Shield Tablet comme une excellente machine de jeux sous Android, et qui propose des bonus qu’apprécieront les joueurs sur PC possédant une carte graphique Nvidia. On attend aussi que le catalogue de jeux s’enrichisse sur la partie Grid, qui est à mon avis l’avenir du jeu portable.