Terrorisme : les enquêteurs se heurtent au chiffrement de Telegram
La messagerie Telegram est de plus en plus évoquée dans le cadre d’enquêtes anti-terroristes. L’application serait, en effet, très prisée par les djihadistes et cela pose problèmes aux enquêteurs.
Depuis le début de l’été, une dizaine de mineurs ont été interpellés dans le cadre d’enquêtes anti-terroristes. Cette semaine encore, un adolescent a été arrêté et écroué alors qu’il était soupçonné de préparer un attentat. La plupart de ces jeunes utilisaient la messagerie Telegram avec laquelle ils étaient en relation avec le djihadiste Rachid Kassim.
Telegram est considérée comme l’application préférée des terroristes
La messagerie sécurisée Telegram semble être l’application préférée des terroristes pour recruter et préparer des attentats. C’est comme cela que Rachid Kassim, un djihadiste membre de l’organisation Etat islamique (EI), appelle ses abonnés à commettre des attentats. Il n’hésite pas à expliquer les différents scénarios possibles et à désigner les cibles à attaquer. On retrouve, par exemple parmi ses abonnés, Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean, qui avaient assassiné en juillet un prêtre dans l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray ou encore Larossi Abballa, qui a tué un policier et sa femme à Magnanville au mois de juin.
Telegram est « le principal réseau utilisé par les terroristes », confirmait il y a quelques mois, Patrick Calvar, le patron de la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI). « Nous nous heurtons au quotidien au problème du chiffrement, à la multiplication des moyens de communication et aux masses de données que nous devons recueillir » ajoutait-il.
Telegram visé par le gouvernement français et allemand
« On sait intercepter les données quand A parle avec B mais on ne sait pas décoder le message car la clé de chiffrement est aléatoire et inconnue des messageries elles-mêmes qui en font un argument commercial » indiquait un policier. Les enquêteurs se trouvent alors dans une impasse et la difficulté supplémentaire est qu’il n’existe pas « d’identité juridique ou de département des obligations légales » chez Telegram. Ce qui rend impossible d’adresser une requête pour obtenir l’identification d’un compte par exemple.
A la fin du mois d’août, le ministre de l’Intérieur français et son homologue allemand ont demandé à la Commission européenne de réfléchir à un encadrement juridique des réseaux de communication cryptés avec notamment Telegram dans le collimateur.