South Park règle ses comptes avec l’IA

Image d'illustration. South Park Paramount / PR-ADN
La saison 28 de South Park s’attaque frontalement au phénomène des deepfakes générés par l’intelligence artificielle, explorant ses dérives et ses dangers à travers des épisodes marquants qui surprennent autant qu’ils interrogent sur l’avenir de la technologie.
Tl;dr
- L’épisode « Sora Not Sorry » montre comment Sora 2 permet de fabriquer facilement de fausses vidéos capables de détruire des réputations.
- South Park dénonce ensuite le pillage d’œuvres protégées via l’IA, illustré par le deepfake impliquant Totoro.
- La série d’animation met en garde contre la désinformation, les atteintes au droit d’auteur et le malaise croissant face aux images truquées.
La satire mordante de l’intelligence artificielle
Avec la saison 28, South Park continue de disséquer sans ménagement notre époque numérique, et l’épisode « Sora Not Sorry » ne fait pas exception. L’intrigue s’ouvre sur un simulacre de quotidien, Red tentant de faire signer une pétition aux habitants de la ville. Mais très vite, le téléspectateur comprend que tout est faux : il s’agit en réalité d’une vidéo générée par l’intelligence artificielle Sora 2, manipulée par Butters pour se venger. Les créateurs, Trey Parker et Matt Stone, s’amusent à brouiller les frontières entre réalité et manipulation technologique, tout en pointant du doigt la facilité avec laquelle une telle technologie peut ruiner des réputations ou servir de nouvel instrument d’humiliation.
Dérives et plagiats au cœur de l’épisode
Les incidents s’enchaînent à l’école lorsque la vidéo circule, suscitant la colère de Red, qui choisit une riposte tout aussi délirante. Cette fois-ci, elle diffuse à son tour un montage où Butters apparaît dans une scène compromettante avec Totoro, personnage culte du studio Ghibli. Ce choix scénaristique n’est pas anodin : il dénonce frontalement le pillage d’œuvres artistiques protégées par des modèles génératifs tels que Sora 2. Les protestations outrées d’un représentant imaginaire du studio Ghibli rappellent d’ailleurs les prises de position réelles du cinéaste Hayao Miyazaki, fermement opposé à l’IA dans le domaine créatif.
L’irruption du réel et l’amplification médiatique
Mais derrière cette avalanche d’humour scatologique se cache une réflexion plus profonde sur le rapport ténu entre images synthétiques et authenticité. En filigrane, la série fait écho à une actualité récente : un deepfake vidéo partagé par Donald J. Trump où il s’en prend virtuellement à ses opposants. Dans un autre registre, la décision annoncée presque simultanément par le PDG de Disney, Bob Iger, d’autoriser les utilisateurs à générer leur propre contenu via IA sur Disney+, illustre combien ces technologies sont désormais banalisées—au risque de banaliser aussi la contrefaçon et la désinformation.
Mésusage des outils numériques : une alerte humoristique mais lucide
Face à cette déferlante de vidéos truquées mettant en scène des icônes comme Bluey ou Popeye dans des situations abjectes (heureusement suggérées hors-champ), quelques personnages comme Kyle ou Stan tentent vainement de ramener un peu de raison. La mécanique infernale enclenchée souligne alors plusieurs vérités :
- Désinformation rampante.
- Mise en péril du droit d’auteur.
- Malaise grandissant chez les spectateurs et victimes fictives.
Au terme de cet épisode, impossible de ne pas ressentir ce trouble face à une réalité où la frontière entre fiction et manipulation technologique devient chaque semaine un peu plus poreuse. Reste une certitude : si certains voient dans ces outils IA le futur créatif, Parker et Stone démontrent ici qu’ils pourraient bien être sa pire menace.