Solo : A Star Wars Story : notre avis sur un spin-off plus dispensable que divertissant
Voici notre critique de Solo : A Star Wars Story, le deuxième spin-off de la saga qui cache encore moins son objectif premier de draguer les fans.
Alors que Disney n’est pas près de ralentir la cadence sur les sorties de films Star Wars (Épisode 9 l’an prochain, nouvelle trilogie déjà prévue et au moins 2 spin-offs visiblement en chantier…), difficile de ne pas déjà ressentir comme une légère pointe de lassitude (à moins d’être un fan hardcore de la licence, aucun jugement de notre part). C’est dans ce contexte de début d’overdose qu’arrive Solo : A Star Wars Story, un spin-off qui comme son nom l’indique s’intéresse aux débuts de la carrière de Han Solo, le contrebandier et pilote le plus célèbre de la galaxie.
Situé entre les épisodes III et IV de la saga principale, le film (d’ailleurs assez avare en contexte pour les néophytes mais ce n’est finalement pas bien grave) propose dans les grandes lignes de nous montrer d’où vient Han et quels évènements vont faire de lui le personnage qu’il est lors de sa première apparition dans Un nouvel espoir. Entre ses premières rencontres de son compagnon Chewbacca et de Lando Calrissian, la récupération du Faucon Millenium et d’autres éléments cultes et des aventures multiples rarement très honnêtes qui vont à terme le mener sur Tatooine, tout y passe et, à moins de ne pas aimer le personnage, difficile quand on est un minimum fan de Star Wars de ne pas être au moins intéressé par ce film. Malheureusement, comme vous allez le voir dans notre critique (sans spoilers), Solo : A Star Wars Story s’avère tout juste passable.
Le casse du siècle : ça tourne mal, explications
Avant de tirer sur le Faucon, relevons que ce spin-off a quelques circonstances atténuantes qui, si elles n’excusent bien évidemment pas tout, invitent à se montrer un peu plus tolérant avec le film. Tout d’abord, en plus d’autres petits soucis devant et derrière la caméra depuis son annonce, il ne faut surtout pas oublier qu’en plein milieu du tournage les colorés Phil Lord et Chris Miller (La Grande Aventure Lego) ont été éjectés de la réalisation par Lucasfilm et remplacés par le plus sobre Ron Howard (Da Vinci Code). Des styles radicalement différents donc, qui n’ont pas dû aider à concrétiser l’ensemble du projet dont la réalisation est finalement assez solide, mais commune.
Ensuite, contrairement à Rogue One qui était porté par des personnages majoritairement nouveaux de la saga et donc malléables sans véritables limites, Solo doit composer avec beaucoup de personnages célèbres dont le destin futur est déjà connu de la plupart des spectateurs. Difficile dans de telles conditions de faire monter la tension et le suspens et de faire autre chose que du fan service quand l’on sait pertinemment que ni Han, ni Chewbacca ou Lando ne risquent de mourir.
C’est d’ailleurs probablement pour cela que les scénaristes (Lawrence Kasdan et Jonathan Kasdan) n’hésitent pas à essayer de générer de l’émotion et de la surprise par différents moyens, sans malheureusement jamais vraiment y parvenir. La plupart des nouveaux personnages les plus réussis ne disposent pas à notre goût d’assez de temps à l’écran, certaines relations entre personnages sont souvent trop vite expédiées pour pleinement tenir la route et les bonnes performances de Donald Glover (Atlanta) et Woody Harrelson (True Detective) compensent tout juste le personnage très moyen campé par Emilia Clarke (Game of Thrones).
Concernant Alden Ehrenreich (Sublimes créatures), sa performance souffle le chaud et le froid. Si dans certains passages on retrouve bien le célèbre personnage incarné à la base par Harrison Ford (posture, profil, attitude…), dans d’autres son jeu est parfaitement plat et on peine à y croire même si le film en fait des caisses pour faire comprendre au spectateur à quel point il est bon dans ce qu’il fait (sans jamais vraiment expliquer pourquoi, d’ailleurs…). De même, et malgré quelques surprises et plans sympathiques mais trop courts, presque tout dans Solo respire le déjà vu et la non-prise de risque.
Un sidekick droïde rigolo ? Check. Une course poursuite à bord du Faucon ? Check. De la musique (par John Powell, qui brille malheureusement rarement) que vous avez déjà entendue 150 fois ? Check. Si Rogue One avait quelques arguments uniques pour se démarquer et marquer les esprits, Solo n’en a lui aucun en dehors de ses personnages connus et sera probablement rapidement oublié. Reste que les amateurs de l’univers Star Wars seront en terrain familier et apprécieront probablement cette petite piqûre annuelle d’aliens, de véhicules et de planètes de la saga à sa juste valeur.
Reste la question de l’humour. Alors que dans les derniers épisodes ont pouvait reprocher à Disney d’avoir eu la main un peu lourde sur le sujet, ici le studio est resté étonnement sobre. Il y a bien sûr quelques blagues (qui fonctionnent rarement, d’ailleurs), mais on aurait presque voulu en avoir plus et profiter davantage du caractère désinvolte de Solo et de son entourage. C’est bien simple, je n’ai pas entendu le moindre éclat de rire dans la salle durant la projection et je n’ai pouffé qu’en de rares occasions.
S’il y avait bien un film où se lâcher sur l’humour aurait été une bonne idée, c’était celui-là. D’autant qu’en dehors de montrer une aventure somme toute assez lambda aux scènes d’action simplement moyennes et la “naissance” de Han, Solo ne fait pas grand-chose de plus. Le film manque cruellement d’enjeu et peine à pleinement impliquer le spectateur dans l’intrigue et est avant tout là pour donner à manger aux nostalgiques de la première heure et faire des références dans tous les sens. Même avec des attentes raisonnables, difficile de ne pas rester un peu sur sa faim à la fin de la projection, même si cette dernière passe finalement assez vite.
Solo : A Star Wars Story : notre avis
Solo : A Star Wars Story fait ce qu’il peut pour essayer d’avoir de l’intérêt ou d’au moins divertir. Dans les deux cas, le film de Ron Howard n’y parvient que trop rarement et manque cruellement d’âme. Votre niveau de tolérance et votre degré de satisfaction finale dépendront bien entendu de votre relation au personnage de Han et de vos attentes, mais globalement ce nouveau spin-off se laisse simplement regarder (et oublier). Ni plus, ni moins. Ce n’est pas le naufrage redouté, mais ce n’est pas non plus la réussite qu’il aurait pu être s’il avait modifié certains de ses éléments (à commencer par garder ses réalisateurs originaux) pour s’affirmer et se démarquer dans une saga qui a pourtant réussi à proposer des choses un peu différentes dernièrement avec Rogue One ou même The Last Jedi.