Microsoft et la police de New York ont développé un système de surveillance
Microsoft et la police de New York (NYPD) ont conçu et développé conjointement un système de sécurité gigantesque.
Prévu pour la prévention du crime et le contre-terrorisme, il permet de surveiller les rues et d’accéder à des données sur les criminels. Un outil lancé il y a peu qui fait déjà des remous auprès des défenseurs de la vie privée.
Baptisé « Domain Awareness System » (DAS), le dispositif a été mis en service mercredi. Son rôle est de permettre aux policiers d’accéder rapidement à des informations capitales sur un criminel. Pour le maire de New York, Michael Bloomberg, le but est encore plus poussé, « empêcher les crimes de se produire », une promesse qui devrait faire digérer le coût astronomique du système, 40 millions de dollars.
Le DAS est capable d’analyser « les données de sécurité publique en temps réel », pour cela il utilise les nombreuses caméras réparties dans la ville et les différents appels au 911. En outre, il peut employer une centaine de lecteurs de plaques d’immatriculation ou 600 détecteurs de radiations radioactives. Enfin, pour offrir un « résultat » optimal des cartographies criminelles sont analysées pour fournir aux forces de l’ordre les modes opératoires et le parcours des suspects.
Au travers de ce système, les enquêteurs auront immédiatement les images des caméras de surveillance après avoir reçu un appel d’urgence au 911. Un suspect pourra donc être observé en direct dans la rue, son casier judiciaire sera alors consulté et les policiers auront accès à l’historique des infractions commises dans la zone où se trouve le suspect. Le système va plus loin encore, puisque les déplacements du véhicule de la personne observée au cours des mois précédents seront également analysés.
Bien entendu un tel dispositif pose des interrogations sur le respect de la vie privée. Selon le NYPD des règles strictes sont appliquées, de plus aucun logiciel de reconnaissance faciale n’est utilisé, seules les images dans les lieux publics peuvent être utilisées. En ce qui concerne la conservation des données collectées, les images vidéo seront conservées 30 jours et les plaques d’immatriculation cinq ans.
Des associations de protection de la vie privée soulèvent déjà une multitude de questions. Ainsi, l’Electronic Frontier Foundation (EFF) explique :
« Que la police décrive les images des caméras de surveillance et les lecteurs de plaques d’immatriculation comme des ‘données de sécurité publique’, c’est scandaleux. Si vous conduisez une voiture, l’historique des endroits où vous êtes allé fournit de nombreuses informations sur vous. Toutes ces informations sont susceptibles d’être utilisées un jour sans le moindre accord, ou en dehors de toute surveillance judiciaire ».
Relié à quelques 3 000 caméras de surveillance de Manhattan, DAS sera relié à terme à l’ensemble de la ville de New York. Autant dire qu’il sera désormais impossible de ne pas être suivi à la trace, on comprend donc aisément les craintes suscitées par le système. D’autant que Microsoft compte le proposer à la vente pour le reste du monde. Les fonds des ventes seront partagés entre Microsoft (70%) et le NYPD (30%), dans ces conditions on se demande si le but principal est vraiment la sécurité …
De notre côté de l’Atlantique, un tel projet est prévu pour 2014 et porte le nom de « projet INDECT ».