Un litige oppose Activision et un ancien dictateur
L'ancien dictateur Manuel Noriega accuse Activision d'avoir exploité son image sans autorisation dans Call of Duty : Black Ops II
C’est une affaire judiciaire des plus intrigante qui a lieu en ce moment aux Etats-Unis. Manuel Noriega, un ancien dictateur latino-américain, a déposé une plainte en juillet contre Activision. Selon lui, c’est son petit-fils fan de jeux vidéo, qui l’a reconnu dans Black Ops II, l’avant dernier épisode de la série sorti il y a deux ans, et l’en aurait averti.
Dans la réalité, Noriega a eu plusieurs casquettes, il a collaboré avec la CIA et a organisé le trafic de drogue et d’armes. Après que les Etats-Unis aient décidé de dénoncer son trafic en 1989, Noregia annule les élections au Panama et s’y autoproclame président. Il déclare la guerre aux Etats-Unis et finira par se rendre le 3 janvier 1990, attaqué par les forces américaines.
L’ancien dictateur attaque donc Activision pour l’utilisation de son image et de son nom, pour une utilisation peu reluisante.. Aujourd’hui âgé de 80 ans, Noregia a déjà passé 22 ans en prison (dont deux en France), condamné pour trafic de drogue, blanchiment d’argent et racket. Il purge en ce moment une autre peine au Panama pour meurtre et fraude. Et il a au moins eu droit à un personnage digne.
Noriega en scène dans la campagne de Black Ops II
La campagne du jeu le met effectivement en scène avec un personnage peu reluisant. Il apparaît dans deux missions “décisives dans le jeu” selon ses avocats. Dans la campagne du jeu, les missions dans lesquelles les joueurs se plongent inspirées de réelles opérations que la CIA a menées dans les années 60. On y voit notamment Noriega abattre deux de ses hommes pour effacer ses traces, comme n’importe quel méchant représenté dans les jeux vidéo. “Manuel Noriega est représenté comme un assassin, un kidnappeur et un ennemi de la Nation” continue sa défense. Mais ils n’ont pas eu le culot de porter plainte pour diffamation !
L’homme veut donc sa part du gâteau d’un jeu qui a rapporté lors de son lancement plus d’un milliard de dollars en deux semaines et réclame des dommages et intérêts.
Un procès qui oppose la liberté d’expression aux droits des individus
La première audience a eu lieu le 17 octobre. Activision s’est offert les services d’une dizaine d’avocats dont Rudolph Giuliani, un ancien maire de New York très médiatique. Pour ce dernier, cette affaire est grave “si Noriega gagne, ce procès risque de détruire le genre de la science fiction historique et sera une atteinte au Premier Amendement“. La liberté d’expression est en effet une valeur fortement défendue par la Constitution américaine. Pour Giuliani, Noriega est un personnage historique et il n’est plus propriétaire de son personnage.