Chow Yun-fat : l’icône hongkongaise qui a tenté le rêve américain

Image d'illustration. The CorruptorNew Line Cinema / PR-ADN
Hollywood n’a pas su quoi faire de lui, mais The Corruptor prouve que lui savait quoi faire d’Hollywood.
Tl;dr
- Chow Yun-fat tente de percer à Hollywood dans les années 1990, mais son premier film américain peine à convaincre.
- Son second essai, The Corruptor, surprend par une mise en scène plus nerveuse et un rôle moralement complexe qui valorise son charisme.
- Sans être un succès majeur, le film s’impose comme un polar honnête mêlant influences hongkongaises et réalisme new-yorkais.
Une star asiatique à la conquête de l’Amérique
Il faut se souvenir que, dans les années 1990, Chow Yun-fat n’était déjà plus à présenter pour les cinéphiles asiatiques : une véritable icône, propulsée par ses rôles marquants dans les classiques de John Woo comme A Better Tomorrow ou The Killer. Pourtant, sa notoriété demeurait confidentielle outre-Atlantique. À plus de quarante ans, le comédien tente alors l’aventure hollywoodienne. Mais l’enthousiasme initial laisse vite place au doute : son premier film américain, The Replacement Killers, dirigé par Antoine Fuqua, peine à convaincre. Un échec relatif au box-office (40 millions pour un budget de 30), et surtout l’impression persistante d’un acteur magistral, certes, mais comme parachuté dans un univers qui ne lui appartient pas.
L’expérience américaine mal engagée
Après ce faux départ, difficile d’être optimiste en découvrant la bande-annonce du second essai, The Corruptor. Le film présente tous les attributs du B-movie d’action standard des années 1990. Au casting : un jeune Mark Wahlberg, encore en quête d’identité cinématographique. Pourtant, quelques signes laissaient espérer une surprise : derrière la caméra, on retrouve James Foley, artisan reconnu pour ses thrillers solides (At Close Range, Glengarry Glen Ross) et pour avoir su révéler Wahlberg dans Fear.
Nouveaux codes, même charisme
Dès les premières séquences de The Corruptor, une chose frappe : si le style feutré de James Foley diffère radicalement de la frénésie visuelle d’un John Woo, il n’en demeure pas moins habité par une énergie toute asiatique. Le réalisateur adopte une mise en scène plus nerveuse qu’à son habitude — presque un hommage discret au cinéma hongkongais authentique.
Ce choix s’avère payant lorsque l’on observe la performance de Chow Yun-fat : il incarne ici un lieutenant du NYPD en proie à des conflits moraux profonds. Son jeu subtil donne chair à ce flic ambivalent, tiraillé entre intégrité et compromission dans un Chinatown bouillonnant. Certes, l’action pure ne rivalise pas avec celle des grands films HK — c’est justement ce qui confère au long-métrage une singularité appréciable.
L’héritage discret d’un polar honnête
Sorti en 1999 et accueilli tièdement par la critique, The Corruptor séduit néanmoins ceux qui apprécient le mélange entre polar new-yorkais classique et sensibilité orientale. La réalisation privilégie l’authenticité des personnages aux fusillades spectaculaires.
On retrouve ainsi ce que le public regrette parfois aujourd’hui :
- Sincérité dans l’interprétation principale ;
- Mise en scène sobre mais efficace ;
- Ancrage réaliste grâce au tournage sur pellicule.
En définitive, sans atteindre le statut de chef-d’œuvre ou bousculer les codes du genre, le film s’impose comme un témoignage précieux d’une époque où Hollywood tentait encore quelques croisements audacieux… Et rappelons-le : voir Chow Yun-fat déployer son art vaut toujours le détour.