Band of Brothers : retour sur un bijou HBO indémodable
Il y a certaines séries qui restent en tête des années après la fin de leur diffusion et qui ne prennent pas une ride malgré le passage du temps. Band of Brothers en fait assurément partie.
Lorsque l’on parle de “la qualité HBO”, la première série à venir à l’esprit varie en fonction des gens. Pour beaucoup il s’agit de The Wire, Rome ou Les Soprano, tandis que plus récemment il est aussi aisé de penser à Game of Thrones ou The Newsroom. Ici, c’est une autre série que nous avons tout récemment regardée une nouvelle fois qui représente peut-être le mieux la philosophie et l’exigence de la chaîne américaine : Band of Brothers. Comme nous l’avons fait récemment pour la fin de Person of Interest (Person of Interest : retour sur une série intelligente, pleine de coeur et de justesse), nous avons ainsi eu envie de revenir brièvement sur ce show pour, pourquoi pas, vous donner envie de le (re)voir.
Currahee
Band of Brothers (ou Frères d’armes en français) était diffusée en 2001 sur HBO et en 2002 sur France 2. Via une seule saison de 10 épisodes, la série suit l’Histoire (avec un grand H) des hommes de la Easy Company durant la Seconde Guerre mondiale. De leur entraînement d’infanterie aéroportée aux États-Unis en 1942 à la prise du nid d’aigle de Hitler en 1945, en passant par le débarquement le jour J et différents affrontements aussi sanglants que célèbres, le show est profondément réaliste et historique puisque basé sur le livre du même nom de l’historien Stephen E. Ambrose.
Outre une adaptation aussi proche que possible de la réalité donc, avec des personnages qui ont bel et bien existé ou encore un budget colossal pour que costumes, acteurs, décors et effets spéciaux ne viennent pas gâcher le propos, on relèvera que sont aussi présent de petits passages avant les épisodes où les vétérans dépeints dans la série prennent la parole pour raconter des anecdotes et faire part de leurs souvenirs. Malgré des épisodes assez longs (parfois un peu plus d’une heure), le rythme est maitrisé de bout en bout et on ne s’ennuie jamais, même quand il n’y a pas d’affrontement.
Day of Days
Les affrontements justement, parlons-en. Si vous avez aimé Il faut sauver le soldat Ryan, vous aimerez fort probablement Band of Brothers. Il faut dire que des noms comme Tom Hanks et Steven Spielberg sont attachés au projet et que cela se ressent. La réalisation est excellente et fait idéalement vivre la tension et l’horreur des combats sous de nombreux angles, tandis que les effets spéciaux n’ont presque pas vieilli. Un saut en parachute dans le noir au milieu des tirs de DCA, une course dans la forêt sous la neige et les barrages d’artillerie ou encore la prise désespérée d’une position allemande très défendue… autant de moments qui laissent coller à son fauteuil en priant pour que son soldat favori n’y laisse pas la vie.
Puisque oui, en prenant son temps pour installer ses éléments et en se focalisant régulièrement sur un soldat à la fois, Band of Brothers réussi à introduire et développer de nombreux personnages aussi variés qu’humains et donc attachants. Ces personnages sont peut-être même la plus grande réussite de la série, encore plus que les combats épiques. De l’entrainement intensif à Toccoa à la débâcle finale allemande et la découverte de ses horreurs en passant par Bastogne, l’Opération Market Garden ou encore Carentan, les épreuves traversées par la Easy Company en seulement quelques mois changent profondément les hommes et Band of Brothers retranscrit cela à la perfection.
Crossroads
Il faut dire que le casting est fantastique et que beaucoup d’acteurs ont depuis percés davantage, comme Damian Lewis ou Neal McDonough, tandis que des acteurs pourtant à l’écran seulement quelques minutes pour la plupart vous diront forcément quelque chose comme David Schwimmer, Michael Fassbender ou encore Tom Hardy (saurez-vous trouver Jimmy Fallon ou Andrew Scott ?). Le casting est au centre de ce travail d’orfèvre qu’est Band of Brothers et il est impossible de ne pas ressentir des dizaines d’émotions à leurs côtés durant toute la durée de la série.
Énormément de sujets sont abordés avec brio par le show (les relations compliquées et changeantes entre soldats, l’avis sur son adversaire, la gestion des blessures et des remplaçants, le manque de moyens, les décisions absurdes de la hiérarchie, l’avenir professionnel après la guerre…etc.) et au final le spectateur ressort de la minisérie plusieurs fois récompensée comme si celle-ci était composée de bien plus que seulement 10 épisodes tellement le propos est riche sans être lourd.
Band of Brothers n’est assurément pas juste “une série proaméricaine sur la Seconde Guerre mondiale” comme l’on pourrait se l’imaginer au départ. Le show propose beaucoup plus que cela et n’a presque jamais ce côté “America fuck yeah” qui transpire dans presque toutes les oeuvres de guerre modernes. Si les Allemands restent logiquement traités comme étant les antagonistes, cela est fait sans caricature et avec justesse, tandis que les Américains sont également loin d’être exempts de défauts et d’attitudes répréhensibles. La guerre y est traitée avec le moins de fiction possible et on a souvent l’impression d’être devant un documentaire.
Why We Fight
Band of Brothers est sans hésiter l’une des séries les plus réussies de HBO et l’une des meilleures traitants de la guerre. Que ce soit sur le fond ou sur la forme, il est quasi impossible de trouver un défaut à la série qui reste l’une des plus riches qu’il nous ait été données de voir. Malgré son contexte vu et revu, elle parvient à laisser une profonde marque après son passage et l’on regrette d’autant plus qu’elle ne soit pas plus longue ou que The Pacific n’ait pas réussi à réitérer l’exploit en 2010. Bref, (re)regardez Band of Brothers.