Test Steam Machine Alienware

Par Antoine Roche publié le 4 avril 2016 à 17h00, modifié le 4 avril 2016 à 17h01.
Pop Culture
Alienware Steam Machine

Alienware Steam Machine

6 /10

Notes

  • La console (design et connectique)
    7
  • La manette Steam
    5
  • Steam OS
    6
  • Dans la pratique
    6

Avantages

  • Performances correctes (pour une console)
  • La console en elle-même
  • Des progrès sur SteamOS…

Inconvénients

  • …mais toujours des bugs
  • La manette Steam
  • Un catalogue trop faible

Nous avons pu passer quelques jours avec la plus performante des Steam Machine proposées par Alienware. Voici l'heure du verdict.

Préambule

Avec sa manette pas comme les autres, son Steam Link et ses Steam Machine, l’éditeur Valve a depuis novembre dernier un pied concret dans le hardware. Si les retours autour de ses produits ou encore de son système d’exploitation Steam OS sont loin d’être unanimes, reste que la société essaye de proposer des choses nouvelles pour profiter au mieux de sa bibliothèque de jeux Steam dans son salon.

Nous avons ainsi pu tester la Steam Machine proposée par Alienware, puisque chaque constructeur peut concevoir des Steam Machine comme il l’entend, tant au niveau du châssis que des composants. A l’heure où la SHIELD de Nvidia semble dominer les débats dans le domaine du jeu vidéo PC depuis son canapé, la solution de Valve a-t-elle ce qu’il faut pour s’imposer ?

De même, alors que les dernières manettes de Microsoft et Sony sont excellentes, la solution hybride de la firme de Bellevue arrive-t-elle à convaincre les joueurs avec sa conception censée s’adapter à n’importe quel type de jeu ? Pour le savoir, place au test.

La console (design et connectique)

Un peu plus petite qu’une PS4 ou une Xbox One, la Steam Machine d’Alienware est étonnement sobre pour la marque malgré son bouton d’allumage et son coin lumineux. Avec ses dimensions de 200 x 200 x 55 mm pour 1,81 kg, le mini PC peut aisément se ranger dans un salon et le bruit généré est équivalent aux consoles de Sony et Microsoft.

Côté connectique, voici ce que propose la Steam Machine d’Alienware :

2 ports USB 2.0 à l’avant et 2 ports USB 3.0 à l’arrière
1 port RJ45 GbE
1 sortie HDMI 1.4a
1 entrée HDMI
1 sortie audio optique (Toslink)

Bref, du côté de la console en elle-même Alienware propose un produit simple, mais efficace qui devrait satisfaire la vaste majorité des joueurs. On n’aurait cela dit pas craché sur des prises jack/micro, ce qui obligera à passer par de l’USB ou du Bluetooth.

La manette Steam

Après de nombreuses retouches, la manette Steam en version finale essaye de mélanger innovation et classicisme. Et autant le dire d’entrée : cela ne fonctionne pas trop. Alimentée par 2 piles pour le sans-fil (un dongle USB se trouve sous la Steam Machine derrière une trappe) et dotée d’un port micro USB pour fonctionner en filaire, le contrôleur ne propose qu’un seul stick analogique quand la norme chez la concurrence est de deux.

Pour compenser cette amputation, Valve propose deux pavés tactiles ronds sous les pouces. Si celui de droite est lisse et peut faire office de souris, celui de gauche est gravé avec une croix directionnelle. Il est d’ailleurs possible de cliquer sur les deux. L’idée ici est de permettre de jouer à n’importe quel type de jeu (FPS, RTS, MMO…) avec un seul périphérique qui fait à la fois office de manette classique et de souris/clavier.

Malheureusement, la taille limitée des pavés fait que le pouce arrive bien trop rapidement en bout de course, ce qui s’avère très gênant pour jouer (bon courage pour viser rapidement avec précision dans un FPS) ou même écrire (aller chercher une lettre à l’extrémité du clavier virtuel demande de bien partir du bord opposé et non du centre).

Valve s’est montré cela dit assez généreux au niveau des boutons. Outre les classiques X, Y, A, B, Start, Select et bouton Steam, on retrouve 2 gâchettes, 2 boutons d’épaule et enfin 2 palettes sous la manette. Mais une fois encore Valve ne réussit pas à convaincre car la qualité globale laisse à désirer. Qu’il s’agisse des palettes que l’on active sans le vouloir, des boutons d’épaule au clic peu agréable ou des gâchettes manquant clairement de retour, la manette de Steam est loin des solutions agréables proposées par la concurrence.

 

La prise en main, elle, est assez bonne, à condition de se concentrer sur une utilisation avec les pavés tactiles car les boutons classiques sont petits et un peu trop éloignés. 2016 oblige, la manette est capable de vibrer (y compris sous le pavé tactile droite), mais la solution de Valve s’avère bruyante et pas forcément très convaincante une fois encore. Les plastiques utilisés alliés aux bruits de la manette donnent clairement un sentiment de produit bas de gamme, ce qui est véritablement regrettable.

Enfin, on appréciera l’aspect configuration de la manette avec possibilité de changer soi-même l’assignation des différentes touches en fonction des situations ou encore de télécharger des profils créés par d’autres utilisateurs. Cela ne compense bien entendu pas tous les reproches ci-dessus et à moins d’un long temps d’adaptation, le joueur troquera fort probablement rapidement sa manette Steam contre un plus classique couple clavier/souris épaulé par une manette Xbox.

Steam OS

A force de mises à jour, l’interface de SteamOS (qui reprend globalement celle de Steam en mode Big Picture) a fait beaucoup de progrès ces derniers temps. Outre les 5 grands onglets principaux (navigateur, magasin, bibliothèque, communauté et chat), l’interface permet de consulter ses notifications, ses téléchargements ou encore les options, aussi nombreuses que sur Steam (gestion de la manette, du partage, du réseau…etc.).

L’ensemble est assez rapide et fluide, bien que quelques sous-menus ne soient pas encore idéalement accessibles. Bien entendu, pour pouvoir lancer cette interface il faudra se connecter à son compte Steam, avec possibilité par ailleurs de jouer en hors-ligne au besoin.

Basé sur Linux, SteamOS permet également de basculer en mode desktop sur un environnement basé sur Gnome. Ce mode est utilisable avec la manette Steam mais un couple clavier/souris sera assurément plus pratique. D’autant que lors de nos tests la résolution n’était pas parfaitement calée sur la TV et les bords de l’interface débordaient. Ce bureau permet ainsi d’avoir un véritable PC dans son salon, à condition bien entendu pour les néophytes de dompter Linux.

Dans la pratique

Dans cette dernière partie nous allons nous concentrer sur le principal but de la machine, à savoir jouer. Pour cela, outre installer des jeux directement sur le Linux embarqué ou encore sur un Windows éventuellement installé par l’acheteur, deux solutions sont de la partie.

La première consiste simplement, comme sur Steam sur desktop, à télécharger un jeu sur le disque local et à le lancer. Les performances équivalent à celles d’un bon PC portable de jeu et devraient contenter ceux qui ne cherchent pas absolument les meilleures performances et/ou graphismes. Ainsi, si de petits jeux indépendants fonctionnent sans aucun problème, un titre un peu plus gourmand comme Dirt Showdown poussé au maximum atteindra environ les 30 images par secondes. Suffisant mais pas fantastique.

L’autre problème de cette solution n’est autre que le catalogue. Il n’y a actuellement qu’environ 4 000 jeux compatibles SteamOS/Linux contre 6 600 sur OS X ou encore 17 500 sur Windows. Ainsi les chances que le jeu que vous souhaitez jouer depuis votre canapé soit compatible sont assez faibles.

C’est là que la seconde solution pour jouer arrive : le streaming local. Grâce à cette fonctionnalité intégrée à Steam depuis un petit moment, il est possible en se connectant à son compte sur deux machines sur le même réseau de streamer un jeu de l’une à l’autre. Ici, l’idéal est donc de streamer un jeu depuis son PC de salon puissant de préférence sous Windows vers sa Steam Machine afin de profiter à la fois d’un plus gros catalogue mais aussi de meilleures performances.

La technologie fonctionne relativement bien malgré quelques bugs (notamment si les jeux lancés disposent d’un menu avant de se lancer), bien qu’on regrettera le fait que lancer un jeu en streaming bloque également l’utilisation de l’écran de la machine faisant office de serveur. Nous avons testé cette fonctionnalité avec Borderlands 2 ou Rocket League notamment et en dehors d’une très légère baisse de qualité graphique n’avons pas grand-chose à signaler.

Caractéristiques

4 modèles de Steam Machine Alienware existent. Elles adoptent toutes une carte graphique Nvidia GeForce GTX 960M dotée de 2 Go de mémoire GDDR5, tandis que les prix sont les suivants : 599 euros, 669 euros, 779 euros et 939 euros.

Le modèle le moins cher n’embarque que 4 Go de RAM quand les autres passent à 8 Go. Côté processeur, les deux boitiers les moins onéreux adoptent un Intel Core i3 (4170T) de (seulement) 4ème génération, quand les deux autres passent respectivement à un Core i5 (4590T) et i7 (4785T), toujours de 4ème génération.

Côté stockage Alienware a fait le choix d’un disque dur de 1 To tournant à 7200 tr/min. La présence d’un SSD ou d’un disque hybride aurait assurément été un plus. Une puce Bluetooth 4.0 est également de la partie, tandis que les capacités de la puce WiFi (AC 3160 ou AC 7265) varient entre les modèles.

Conclusion

Dans l’absolu, la Steam Machine d’Alienware n’est pas un mauvais produit, mais il parait difficile de la recommander à moins d’une large baisse de prix. Il est notamment compliqué de comprendre à qui s’adresse ce produit et plus généralement la gamme hardware proposée par Valve.

Tout d’abord, la manette Steam est plutôt mauvaise et bien trop souvent une plaie à utiliser. Moins bonne dans tous les domaines qu’une manette de Xbox malgré ses nombreux boutons et moins pratique qu’un couple clavier/souris avec ses trackpads déroutants, elle ne parvient ainsi jamais à convaincre.

Concernant la console en elle-même, et même si Alienware propose un châssis réussi et que SteamOS a fait des progrès, son intérêt est fortement limité. Avec ses performances proches d’un PC portable de joueur mais sans sa portabilité, un gamer un peu malin préférera monter un PC ou un mini-PC lui-même pour réaliser des économies ou gagner des performances pour le même prix.

De même, avec une liste de jeux Steam compatibles SteamOS encore limitée et des performances en streaming local variables et globalement moins bonnes que celles fournies par la SHIELD proposée bien moins chère (à condition d’avoir un GPU Nvidia dans son PC principal évidement), il semble plus intéressant de s’offrir la machine du caméléon ou même l’Alienware Alpha fonctionnant sous Windows plutôt que de s’embêter à installer Windows à la place de Linux pour étendre ses possibilités.

Si avec les Steam Machine Valve cible les utilisateurs/joueurs occasionnels qui veulent simplement jouer depuis leur salon sans se prendre la tête, Linux et le faible nombre de jeux disponibles nativement risquent de les dérouter. D’ailleurs si seul le streaming local vous intéresse, s’offrir un Steam Link semble plus raisonnable qu’une Steam Machine entière. Et, à l’inverse, si la cible principale sont les joueurs plus “power user”, ces derniers ont tout intérêt à monter (si ce n’est pas déjà fait) leur propre solution ou encore à aller voir ce que propose la concurrence généralement plus convaincante.