Test Dead Rising 4

Par Nerces publié le 6 décembre 2016 à 14h00, modifié le 31 janvier 2017 à 16h02.
Pop Culture
Dead Rising 4

Dead Rising 4

6 /10

Notes

  • Dead Rising 4
    6

Avantages

  • + Ouverture de campagne sympa
  • + Frank West et ses répliques de beauf
  • + Le plaisir des armes et de l’artisanat
  • + Un monde ouvert propice à l’exploration…

Inconvénients

  • - … mais au final limité dans ce qu’il apporte
  • - Scénarios et dialogues rapidement pénibles
  • - Gameplay qui s’enlise avec la campagne
  • - Multijoueur sans grand intérêt

Disponible en exclusivité temporaire sur Xbox One et Windows 10, Dead Rising 4 est de sortie juste avant les fêtes. Place au test.

Introduction

Nostalgie. En août 2006, Dead Rising sortait sur Xbox 360 et pour nombre d’entre nous, il s’agissait des débuts de la next gen. Les références au Zombie de George A. Romero avaient achevé de nous convaincre et malgré un framerate aux fraises, qu’est-ce qu’on a pu en massacrer du mort-vivant en déambulant dans le Parkview Mall de Willamette ! Dix ans plus tard, Capcom se la joue revival avec Dead Rising 4. Il redonne le premier rôle à Frank West et nous propose de retourner dans cette petite bourgade tranquille du Colorado. Faire vibrer notre fibre nostalgique est-il suffisant ?

Vas-y Frankie…

Dead Rising 4 débute quinze ans après les événements du premier opus. Un vaccin a été trouvé contre le zombisme qui ne représente plus une réelle menace pour l’humanité. Devenu professeur, Frank West – le héros de Dead Rising – n’est jamais retourné à Willamette et s’il prend aujourd’hui la route du Colorado, c’est qu’il a été trompé par une de ses étudiantes. Prétextant la réalisation d’une interview, Vick est parvenu à l’emmener à Willamette, persuadée qu’une base militaire secrète cache d’inavouables expériences. Comme nous le découvrons très vite au travers de ce que qui sert de didacticiel, la jeune femme ne s’est pas trompée ! Vous vous en doutez, les choses tournent mal et l’organisation en charge de ladite base perd complètement le contrôle. En moins de vingt ans, la paisible Willamette est victime d’une seconde invasion zombie majeure… et en moins de vingt ans, c’est à nouveau Frank West qui s’y colle !

Comme vous pouvez le voir, Capcom Vancouver – le studio en charge de Dead Rising 4 – ne s’est pas trop cassé la tête avec le scénario du jeu. Plus gênant, toute la progression de la campagne est du même niveau avec des missions aux objectifs aussi basiques (aller d’un point A à un point B) que répétitifs. Pour faire simple, on ne s’attache finalement jamais au pourquoi de ces objectifs tant la mise en scène est poussive. Les personnages secondaires n’ont aucune épaisseur et le doublage français n’est que rarement raccord. Précisons ici que de nombreuses langues sont disponibles, mais que les sous-titres sont alors dans cette même langue : impossible d’avoir de l’anglais sous-titré français par exemple. Au final, seul le héros – Frank West – a bénéficié d’un peu plus de soin tant au niveau de l’écriture que de la voix. Sans être particulièrement originales, ses nombreuses vannes font d’ailleurs souvent mouche.

« In your head… »

Dans la pratique, Dead Rising 4 ne cherche pas non plus à réinventer la roue, mais il ne se contente cependant pas de reprendre à son compte les recettes des précédents opus. Ce qui aurait pu être une qualité, laisse cependant un sentiment mitigé. En effet, dans la majorité des cas, Capcom Vancouver a surtout cherché à simplifier encore un gameplay pourtant pas très subtil. Ainsi, il n’est pour ainsi dire plus possible d’échouer à une mission, de planter un objectif. Les amateurs de crafting seront ravis de voir que des centaines d’objets trainent un peu partout dans les environnements du jeu, mais le fait est que cela réduit aussi sensiblement l’impression de pénurie que l’on pouvait ressentir autrefois. Certes, on se fait plaisir à tester des dizaines d’armes différentes, à combiner tout un tas de matériel pour des effets surprenants, mais le sentiment d’insécurité est pour ainsi dire absent : on sait toujours que l’on va vite retrouver de quoi défoncer du zombie.

Puisque nous parlons de crafting, notons également que toute cette gestion a été simplifiée. Nous l’avons dit, les objets se trouvent par centaines dans les rues de Willamette et on peut toujours modifier, transformer notre arme de mêlée ou notre flingue. Les amateurs de pétoires plus délirantes les uns que les autres seront sans doute aux anges, mais nous regrettons tout de même que la gestion des articles de soin aient été à ce point négligée. Il s’agit du parent pauvre de l’artisanat et pour faire simple, la nourriture fonctionne comme des médikits et il n’est de fait plus question de préparer quoi que ce soit à ce niveau. Reconnaissons que les armes obtenues et les véhicules disponibles font souvent rire, mais en simplifiant sensiblement l’inventaire et l’artisanat, Capcom Vancouver donne l’impression d’avoir voulu doper l’orientation beat them all du jeu au détriment de sa composant survival horror en monde ouvert.

« T’as pas une gueule de porte-bonheur »

La notion de monde ouvert est d’ailleurs LA déception de ce Dead Rising 4. Certes, la ville de Willamette est largement accessible et certains environnements sont plutôt réussis. Seulement voilà, dans les faits, il n’y a pas grand intérêt à se lancer dans l’exploration de la cité. Nous l’avons dit, à aucun moment, nous n’avons senti la pénurie d’objets et donc le besoin de partir en exploration pour dénicher de quoi transformer notre équipement. À aucun moment non plus, le scénario nous pousse à partir à l’aventure et les missions « secondaires » ne sont guère plus entraînantes. Nous avons apprécié le fait que la taille de la carte n’a pas entraîné de chargement intempestif, mais le fait est que ce monde est tristounet et le centre commercial de Parkview Mall en est sans doute le meilleur exemple. Il est joliment décoré, mais manque singulièrement d’épaisseur, de corps.

S’il ne faut pas attendre du scénario qu’il nous invite à l’exploration, le David Livingstone qui sommeille en chacun de nous aura tout de même la joie de découvrir des environnements variés et souvent bien pensés. Là, tout dépend des envies de chacun. En effet, certains joueurs regretteront très vite qu’à peu près toutes les zones soient infestées de zombies. D’autres en revanche prendront un malin plaisir à massacrer du mort-vivant jusqu’au bout de la nuit. Notons d’ailleurs à ce niveau que Capcom Vancouver a tenté d’apporter un peu de variété dans les affrontements. Bien sûr, la majorité des zombies rencontrés au travers de la campagne appartiennent à la catégorie chair à canon, mais vous allez voir qu’ils ne sont pas seuls en ce monde.

Même les zombies ont des sentiments

Ainsi, à côté de ces zombies, les développeurs ont imaginé de véritables soldats lourdement armés pour nous mener la vie dure. Rien de très original me direz-vous. Toutefois, le fait est que ces militaires, plus agiles et plus équipés, apportent du sang neuf. Ils changent notre routine et grâce à leur fusil d’assaut ou leurs grenades, ils nous obligent à revoir (un peu) notre façon de jouer. Ainsi, lors de rares moments, il ne s’agira plus de fracasser du crâne de pas-frais, mais de protéger un personnage non-joueur ou d’affronter un big-boss. Là encore, le monde se divisera en deux catégories : ceux qui apprécieront cette relative variété et ceux qui critiqueront ces fausses bonnes idées. Nous avons tendance à nous placer dans la première catégorie tout en reconnaissant que ces variations de gameplay ne sont pas toujours amenées de manière très subtile… En même temps, parler de subtilité alors que l’on évoque Dead Rising. Est-ce bien raisonnable ?

Sur une note plus technique, nous serions presque tentés de répondre par l’affirmative. En effet, Dead Rising 4 est (logiquement) le plus abouti de la série. Ses créateurs sont effectivement parvenus à garder – sur Xbox One – du 900p en 30 images par seconde en toute circonstance, et ce, malgré la quantité de zombies à l’écran ou la richesse graphique des environnements. Dead Rising 4 n’est hélas pas exempt de bugs (des blocages notamment) ou de problèmes de précision, mais nous reprocherons surtout la fin du mode coopératif et le fait que le mode multijoueur n’apporte pas grand-chose au jeu. Il s’agit d’une espèce de mélange entre un mode horde et les zombies de Call of Duty avec de simples défis à réussir. Si vous parvenez à réunir trois amis, vous passerez sans doute un moment agréable, mais n’est-ce pas le cas avec pratiquement n’importe quel mode multi ?

Conclusion

Les premières heures passées sur Dead Rising 4 sont plutôt sympathiques et on retrouve avec un certain plaisir ce lourdaud de Frank West et son humour pitoyable. Hélas, la nostalgie ne dure pas et il faut ensuite être un forcené du massacre de zombies pour réellement y trouver son compte. Les (rares) changements de gameplay ne sont pas forcément très heureux et le monde ouvert peine à convaincre. Quelques bugs persistants viendront tempérer l’enthousiasme des plus fidèles d’un Capcom qui en dix ans n’a pas su faire évoluer sa recette. Ce qui aurait pu être un bel hommage a parfois des allures de chant du cygne. Sans que Dead Rising 4 soit un mauvais jeu, Frank West méritait mieux.