Test Mirage : Arcane Warfare

Par Antoine Roche publié le 3 juillet 2017 à 14h00, modifié le 10 juillet 2017 à 14h44.
Pop Culture
Mirage: Arcane Warfare

Mirage: Arcane Warfare

6 /10

Notes

  • Mirage : Arcane Warfare
    6

Avantages

  • Un univers unique...
  • Un festival de tripes et de couleurs
  • Personnalisation poussée des classes
  • Un gameplay riche...

Inconvénients

  • ...qui divisera par sa DA
  • Des serveurs déserts
  • Des problèmes de jeunesse
  • ... trop technique et brouillon

L'après Chilvary : Medieval Warfare est là. Pour Mirage : Arcane Warfare, Torn Banner Studios reprend globalement la même recette que son FPS tout en y ajoutant de la magie et des couleurs vives. Quid du résultat ? Voici notre test.

Introduction

Nouveau titre signé Torn Banner Studios, à qui l’on doit l’excellent Chilvary : Medieval Warfare, Mirage : Arcane Warfare reprend les bases de ce dernier – à savoir un first person slasher aussi violent que technique – tout en y ajoutant de la magie pour étoffer ses affrontements dans un univers résolument plus chargé et coloré. À une heure où le marché du jeu vidéo est littéralement saturé de FPS compétitifs en ligne, le résultat est-il à la hauteur des espérances des joueurs ? C’est ce que nous allons voir dès à présent.

Des larmes, du sang et beaucoup (trop) d'autres choses

En 2012, le studio indépendant Torn Banner Studios proposait son premier jeu, Chivalry: Medieval Warfare. Malgré de nombreux bugs et défauts corrigés au fil des années avec énormément de patchs, le titre a creusé son trou dans un marché encore praticable et a séduit une solide base de joueurs grâce à son gameplay technique et son ambiance bon enfant malgré la boucherie ambiante.

Aujourd’hui, à l’heure où énormément de joueurs s’affrontent sur des FPS/TPS compétitifs comparables comme Overwatch, Paladins ou encore le vénérable Team Fortress 2 – et que d’autres s’y sont cassé les dents comme Battleborn ou For Honor dans une certaine mesure -, voilà que débarque l’optimiste Mirage : Arcane Warfare et son format payant classique à une heure où une grande partie de la concurrence opte ou change pour un modèle free-to-play afin d’attirer des joueurs et générer des profits avec des micro transactions.

Si Overwatch a réussi avec une solution payante classique grâce à la machinerie Blizzard derrière, force est de constater que le pari est ici risqué pour un indé sur Steam où les jeux sont toujours plus nombreux. D’autant que MAW est exclusivement multijoueur et ne propose pas la moindre campagne solo pour motiver un éventuel achat.

Côté contenu donc, MAW propose dans sa recherche de serveurs des classiques modes de jeu (Team Deathmatch, Arène, Objectifs d’équipe, Capture de drapeau…etc.) et ne brille pas par son originalité sur ce segment. C’est plutôt du côté des classes qu’il faudra aller chercher quelque chose de différent. Six personnages, que l’on retrouve bien entendu dans les deux factions en présence sur le champs de bataille, sont proposés.

Cela peut sembler léger, mais chaque classe aux noms bien particuliers (Entropist, Vypress, Taurant…etc.) dispose de statistiques bien différentes, de deux armes pour modifier la façon de jouer selon celle sélectionnée (portée, vitesse, dégâts…) et surtout de trois sorts à choisir parmi six. Ainsi, en plus des différentes attaques de bases reprises à Chivalry et déjà relativement techniques à maitriser et éviter (attaque latérale avec un clic gauche, attaque pointée avec molette en avant, attaque par-dessus avec molette en arrière, parade avec clic droit, feintes et gestion de l’endurance), il faudra composer avec de la magie omniprésente.

Le problème, c’est qu’au final le gameplay est trop chargé et les combats très compliqués à appréhender. Au-delà des attaques classiques avec les armes, que les joueurs de Chivalry devraient rapidement reconnaitre, mais que les nouveaux venus vont apprendre à la dure (il y a heureusement un didacticiel), impossible de savoir quels sorts un adversaire a choisis avant de les prendre dans le museau.

Autre problème que n’a pas Chivalry, bien souvent des sorts de zone d’autres joueurs vont vous tuer en plein tête à tête sans que vous puissiez y faire quelque chose. L’équilibrage semble également à revoir avec des sorts surpuissants ou à l’inverse assez inutiles. S’ajoutent à cela des difficultés à souvent identifier si un personnage en face de soi est un ami ou un ennemi (le violet et le orange ne sont pas si aisés à différencier dans le feu de l’action), ce qui résulte sans surprise à souvent taper un allié ou mourir.

Le changement vers le F2P semble inévitable

Pour motiver les joueurs à revenir se faire taper dessus, MAW a intégré un élément désormais incontournable dans le genre du FPS en ligne : de la personnalisation. En grimpant de niveau, le joueur débloque du contenu cosmétique (pièces d’armure, armes, couleurs, motifs…) afin de personnaliser ses combattants. Les options sont nombreuses, mais, à l’image de l’univers du jeu dans sa globalité qui ne manque pas de personnalité, le résultat est rarement du meilleur goût.

La direction artistique du titre propose quelques très jolis décors et costumes, mais on regrettera souvent le côté moins cartoon et bien plus sobre et sombre de Chivalry. Alors bien sûr c’est toujours aussi sanglant, les membres volent, les corps explosent et les personnages hurlent, mais l’aspect baston bonne enfant du précédent jeu se retrouve bien moins ici.

Techniquement, sur notre PC de test à base de Core i5 et de GTX 980, il est possible de pousser tous les taquets au maximum et de maintenir en quasi permanence un framerate à 60 fps. Une performance dont ne pouvait pas se vanter Chivalry après bien des mois et des patchs, mais cette amélioration est après tout bien normale. Les performances réseau semblent également tenir la route, en tout cas c’était le cas durant nos parties sur des serveurs rarement pleins.

Malgré un weekend gratuit très peu de temps après la sortie et déjà un solide -50% durant les soldes Steam, Mirage : Arcane Warfare est tristement désert. C’est bien simple, lors de nos sessions nous n’avons jamais vu plus de 30 joueurs en ligne en cumulant tous les serveurs, à peine de quoi en remplir deux. Nous n’avons ainsi pu faire que du classique Team Deathmatch faute de joueurs sur les autres modes…

Torn Banner Studios a d’ailleurs rapidement annoncé voir avec Valve pour organiser un “relancement” du jeu sur Steam, tandis qu’un changement à la sauce free-to-play est une piste que doit sérieusement envisager le studio. Quelques patchs ont également déjà été déployés, dont un majeur qui ajoutait notamment l’équilibrage automatique des équipes. Une fonctionnalité qui aurait assurément dû être là dès le départ…

Au final, malgré son nombre de joueurs beaucoup trop faible pour être pleinement apprécié, MAW arrive à sortir un peu de la mêlée de la concurrence. Grâce à une ambiance, des classes et un univers uniques tout d’abord (mais qui diviseront assurément), mais aussi à des combats relativement vifs (on appréciera notamment la possibilité d’un petit double saut permettant de grimper les obstacles à hauteur raisonnable grâce à un level design bien pensé) et sanglants. Cela dit, les affrontement sont souvent brouillons et devraient surtout plaire aux joueurs à la recherche d’un certain challenge (en duel notamment) et non effrayés par une courbe de progression assez rude.

Conclusion

Mirage : Arcane Warfare est arrivé trop tard. Sur le secteur déjà trop chargé des FPS compétitifs en ligne, il n’apporte pas grand-chose de neuf si ce n’est une DA surchargée qui ne plaira pas à tout le monde et un gameplay que beaucoup de joueurs trouveront probablement trop compliqué et créateur de chaos incompréhensible.

Mirage : Arcane Warfare est arrivé trop tôt. Avec ses bugs de jeunesse (certains ont depuis été corrigés via des patchs), son absence de traductions, son équilibrage à revoir ou encore son contenu moyen et peu original uniquement centré sur le multi, le titre du studio aurait peut-être mérité un peu plus de temps au four pour ne pas faire fuir le peu de joueurs à l’avoir pris day one.

Reste que si vous arrivez à trouver des joueurs sur les serveurs, Mirage : Arcane Warfare est capable de temps à autre de proposer quelques affrontements épiques lorsque les compétences de votre personnage s’enchainent comme vous le souhaitiez. Le reste du temps, en tout cas durant les premières heures, préparez-vous à beaucoup mourir sans comprendre ce qui s’est passé. Contrairement à Torn Banner Studios qui, lui, doit parfaitement savoir pourquoi son jeu semble malheureusement mort-né.

Mirage : Arcane Warfare

Mirage : Arcane Warfare est disponible sur Windows (via Steam) depuis le 23 mai 2017.