Test Battlefield 1

Par Antoine Roche publié le 31 octobre 2016 à 16h05, modifié le 31 janvier 2017 à 16h05.
Pop Culture

8 /10

Notes

  • Battlefield 1
    8

Avantages

  • Bluffant visuellement et techniquement
  • Gameplay et level design maitrisés
  • Sensations et ambiance au top
  • Une mise en bouche en solo réussie
  • Un multi complet

Inconvénients

  • Menus perfectibles et stand de tir à ajouter
  • Progression multijoueur assez peu motivante
  • Une politique de DLC une fois encore contestable
  • Légère sous-exploitation de l'époque

Les joueurs auront réclamé pendant longtemps que Dice aille se frotter à la Première Guerre mondiale avec sa licence Battlefield. C'est désormais chose faite avec Battlefield 1, dont voici le test.

Introduction

Après des Battlefield 4 (par Dice en 2013) et Battlefield Hardline (par Visceral Games en 2015) en demi-teintes pour de multiples raisons, la célèbre licence de FPS militaires d’EA est de retour avec Dice aux commandes pour Battlefield 1. Cette numérotation pas forcément idéale pour s’y retrouver a heureusement une certaine forme de logique puisque l’on quitte enfin les affrontements modernes/futuristes ou même la Seconde Guerre mondiale usée jusqu’à la corde pour s’attaquer à la Grande Guerre.

Il s’agit littéralement d’un grand écart pour le studio suédois puisque leur précédent jeu n’est autre que le très moyen Star Wars Battlefront. Voyons donc si la Première Guerre mondiale a mieux réussi à Dice que la Guerre des étoiles, d’autant que la concurrence en cette fin d’année va être rude avec les sorties notamment de Titanfall 2 et Call of Duty : Infinite Warfare.

Black Battlefield Mirror

Comme le veut la tradition des FPS militaires AAA, Battlefield 1 propose une courte campagne solo. Celle-ci vient à la fois servir de didacticiel et de savoureuse mise en bouche avant d’attaquer le plat principal qu’est le multijoueur. Mais plutôt que d’incarner un seul soldat à travers une histoire linéaire, Dice a ici fait le choix de proposer 5 récits de guerre (pour environ autant d’heures de jeu) distincts les uns des autres. Des déserts du Moyen-Orient à l’Italie en passant par la France, le joueur incarne donc 5 personnages se battant à des moments différents de la Guerre de 14-18.

Épaulées par des cinématiques de haute volée et une mise en scène véritablement réussie, ces missions proposent des cartes de taille moyenne où le joueur a régulièrement le choix en termes d’armes, d’approches et de chemins grâce à un level design aux petits oignons. Lorsqu’il n’est pas dans des véhicules, le joueur peut en effet essayer de la jouer infiltration dans certaines des missions et les plus motivés pourront revenir pour réussir les défis proposés et trouver les objets cachés dans les cartes.

Un petit tour dans les montagnes italiennes ?

Un petit tour dans les montagnes italiennes ?

Si vous avez traîné sur Internet ces derniers temps vous ne devez pas être sans savoir qu’une polémique est née lorsqu’il a été confirmé que l’armée française n’était pour le moment pas représentée, ni en solo ni en multijoueur. Si ce choix pour écouler du DLC par la suite est assurément contestable, il a cependant un avantage dans un premier temps. En effet, la campagne solo de Battlefield 1 nous permet, à nous Français qui n’avons majoritairement pas appris grand-chose de plus que la guerre des tranchées sur notre territoire, de voir la Première Guerre mondiale autrement.

Même s’il y aura fort probablement des historiens pour venir souligner des éléments contestables, ces récits de guerre permettent de voir la Grande Guerre sous un autre angle et de rappeler que nous n’étions pas les seuls à en souffrir. Bref, la campagne solo de Battlefield 1 est une mise en jambe particulièrement agréable, tant sur le fond que sur la forme. Même si quelques moments où la musique s’emballe un peu trop donnent un sentiment d’épique un peu forcé, certains passages de ces courtes histoires d’hommes et de femmes malmenés par la guerre donneraient presque envie d’en voir un film ou une série (ne m’écoutez pas EA hein, restez concentrés sur les jeux vidéo merci).

L’Enfer, c’est tout droit.

L’Enfer, c’est tout droit.

Une conquête de tous les sens

L’ambiance de la campagne solo est intense et réussie, mais ce n’est absolument rien comparé au multijoueur, véritable coeur de Battlefield 1. C’est bien simple, il nous ait arrivé plusieurs fois de pousser des « wow » devant notre écran durant certains affrontements tant Battlefield 1 arrive à régulièrement faire tomber la mâchoire en saturant les sens du joueur. Outre un sound design toujours aussi précis et riche (une charge avec ses camarades qui hurlent à ses côtés à travers un champ de ruines à découvert sous les bombardements et tirs ennemis : quelque chose à vivre), visuellement le FPS flatte la rétine. Les décors et la topographie des cartes sont variés et c’est presque un crève-cœur d’y semer la destruction.

Côté modes, les classiques Ruée, Domination, Match à mort par équipe ou encore Conquête sont là. Dans ce dernier d’ailleurs, en plus de la météo dynamique (brouillard, tempête de sable…) qui peut changer le cours d’une partie, on relèvera l’ajout de Mastodontes, des véhicules immenses (zeppelin, train blindé, cuirassé…) qui peuvent apparaitre pour aider une équipe en difficulté et renverser la vapeur. Deux nouveaux modes sont également là. Le plus modeste est Pigeons de Guerre, une sorte de capture de drapeau camouflée sympathique, mais moins réussie que le second : Opérations.

L’animation au déploiement est spécialement réussie

L’animation au déploiement est spécialement réussie

Ce mode, qui possède d’ailleurs une entrée dédiée dans les menus du jeu, propose 2 ou 3 cartes à la suite. Celles-ci suivent un scénario appuyé par quelques cinématiques pour donner l’impression de véritablement revivre un conflit historique. Une équipe doit défendre au mieux les différents secteurs/objectifs de chaque carte et les attaquants disposent d’un nombre de tickets limité et de 3 essais pour aller le plus loin possible. Cette nouveauté fonctionne très bien, même si l’équilibrage de certaines cartes reste visiblement à affiner.

Parlons désormais des classes. Outre les quatre classiques légèrement remaniées que sont médecin/éclaireur/soutien/assaut (ce dernier est presque le seul efficace contre les véhicules), on relèvera sur le champ de bataille 3 objets à ramasser pour incarner temporairement une classe d’élite (lance-flamme, sniper anti-char et sentinelle blindé avec mitrailleuse lourde). De plus, apparaitre directement dans un avion ou un tank en tant que conducteur impose un équipement à pieds de pilote moins efficace (mais personnalisable également) que les autres classes, un choix logique à prendre en compte.

Attaquer un Mastodonte : une véritable épreuve

Attaquer un Mastodonte : une véritable épreuve

Globalement, toutes les classes proposent des armes aux sensations agréables (recul, bruitages…), avec une mention spéciale pour les fusils semi-auto de médecin et les snipers, véritablement plaisants à utiliser. Les animations au corps à corps sont elles aussi viscérales et dans son ensemble le jeu brille par la restitution de la violence et de la boucherie de cette guerre.

On regrettera simplement que le système de progression en multijoueur ne soit pas plus motivant pour avancer. Outre des médailles hebdomadaires avec des objectifs à accomplir et des armes/gadgets à débloquer puis acheter avec la monnaie du jeu, rien n’incite véritablement à monter en niveau. Première Guerre mondiale oblige, la personnalisation des armes est relativement limitée (tous les viseurs et réticules sont disponibles directement) et les skins à gagner dans les Battlepacks qui tombent aléatoirement ne vous pousseront pas à jouer jusqu’au bout de la nuit. Cela dit, cela permet de ne pas déséquilibrer le jeu.

La guerre des tranchées comme si vous y étiez.

La guerre des tranchées comme si vous y étiez.

Et puisque l’on parle des spécificités apportées par l’époque, outre les chevaux, les quelques chars et avions très agréables à piloter ou encore les baïonnettes et grenades à gaz dévastatrices, on appréciera notamment le fait que la minicarte n’affiche pas les ennemis et qu’il faudra donc vraiment scruter le champ de bataille pour les trouver. Les affrontements se font le plus souvent à courte portée les yeux dans les yeux (les snipers sont notamment plus aisés à repérer) et il va falloir se montrer vif pour remporter ses duels. Le gameplay est effectivement très dynamique et nerveux, peut-être un peu trop pour l’époque d’ailleurs, car certaines passes d’armes sont difficiles à différencier d’un affrontement plus classique façon Seconde Guerre mondiale ou plus moderne, mais rien de rédhibitoire.

De même, comme de nombreux FPS multi avant lui, Battlefield 1 permet de jouer entouré d’autres gens, mais pas vraiment avec eux. La véritable coopération (comme une charge coordonnée entre deux lignes de tranchées après un coup de sifflet par exemple) n’est pas évidente à mettre en place à moins d’être en vocal et même là on a régulièrement l’impression de jouer seul. Entouré et de temps en temps soigné et réapprovisionné par un autre joueur de passage, mais majoritairement seul. Heureusement, dans sa vaste majorité la recette multi de Battlefield 1 fonctionne et multiplie les moments mémorables et le fun est là si vous ne recherchez pas de la coopération à la Arma.

Les affrontements urbains et la destruction toujours maitrisés.

Les affrontements urbains et la destruction toujours maitrisés.

Une maîtrise technique qui force le respect

Abordons maintenant si vous le voulez bien l’aspect technique du jeu où les adjectifs positifs se bousculent littéralement pour le définir. C’est bien simple, Battlefield 1 est absolument magnifique (textures, modèles, lumières, effets, décor, ciel…etc.) et se permet même d’être extrêmement solide niveau performances. Testé sur un PC dont la configuration peut être qualifiée de « solide mais vieillissante » (Core i5 d’ancienne génération, 16 Go de RAM, SSD et GTX 980), le titre de Dice peut être poussé au maximum en 1080p et ne presque jamais tomber sous l’importante barre des 60 fps. Si à 64 joueurs et avec beaucoup d’effets et de fumée il n’est pas rare de tomber vers les 45, il ne faut pas oublier que tous les taquets sont en ultra, ce qui laisse de la marge de manoeuvre pour les configurations modestes.

C’est PLUTÔT beau

C’est PLUTÔT beau

De plus, et même s’il y aura toujours des joueurs pour rencontrer des bugs, notre test s’est effectué dans des conditions proches de la perfection. Le netcode est à des années-lumière meilleur que celui de Battlefield 4 à sa sortie et aucun crash ou bug majeur (en dehors de quelques collisions ou éléments graphiques à corriger) n’est à relever nous concernant. Il est plaisant de voir que même si des DLC sont déjà prévus la copie rendue à la sortie est déjà propre, un fait qui devient de plus en plus rare avec les AAA de nos jours.

Enfin, on appréciera l’abandon (enfin !) du système Battlelog pour Battlefield 1. Malheureusement, l’intégration d’Origin directement au jeu est très loin d’être parfaite et l’interface et les menus en général mériteraient de sérieuses améliorations. À commencer par un menu pour pouvoir personnaliser son soldat et ses armes. En effet, pour le moment il faut soit passer par l’application mobile compagnon et le petit écran d’un smartphone ou être connecté à un serveur et modifier son équipement pendant que les autres joueurs se battent. Un fonctionnement loin d’être pratique et on aurait également apprécié la présence d’un stand de tir pour tester les armes avant de les acheter. Ne reste qu’à espérer que Dice écoutera sa communauté pour faire les changements adaptés.

Il y a encore du travail du côté des menus

Il y a encore du travail du côté des menus

Conclusion

Battlefield 1 est sans aucun doute l’opus le plus abouti de la série à sa sortie. Même s’il faudra attendre quelques mois pour que Dice ajoute un peu de contenu (comme un mode un peu plus spécifique à la Grande Guerre ou le mode hardcore qui ne devrait pas tarder par exemple) et corrige quelques problèmes pour asseoir cette position définitivement, le travail déjà abattu force le respect. Entre sa campagne solo réussie et son mode multijoueur plein de moments épiques, le FPS met régulièrement de véritables claques. Si Battlefield 1 ne réinvente pas la roue autant qu’il l’aurait pu en utilisant le cadre peu abordé de la Première Guerre mondiale, il vient en tout cas perfectionner la recette avec une expérience riche et ciselée.