Quand les TPE prendront le contrôle du web
C'est un grand rêve, qui date maintenant de plus de dix ans...
Article rédigé par Michael Bechler, CEO de Actinium, une agence de communication située en Alsace à côté de Colmar, spécialisés dans la création de sites Internet pour petite entreprise.
Je me suis installé en tant que graphiste indépendant dans l’idée de donner un coup de main aux petites boites à se faire connaître. Je me suis lancé ce défis pour plusieurs raisons, la première parce que j’en avait assez de voir de belles petites boites mettre la clé sous la porte par manque de communication, la deuxième parce que j’en avais marre de voir de le peu de considération que les grosses agences avaient (et ont encore souvent) vis-à-vis de cette cible, oubliant de fait qu’une grande entreprise a forcément été à un moment petite…
Oui, je suis un peu militant, même si moi aussi j’ai de temps en temps envie de taper sur l’un ou l’autre artisan qui me laisse sur le carreau quand j’ai besoin de lui. En fait, je crois que l’expression que j’ai voulu bannir une bonne fois pour toute c’est : “désolé, les petits clients ne sont pas prioritaires !” Eh bien si, pour moi aujourd’hui c’est la mutualisation des moyens, mis bout à bout et utilisés par un nombre grandissant et sans réelle limite qui donne son sens à mon métier… J’ai décidé de m’attaquer aux 96% d’entreprises de France que les Agences ont longtemps considérées comme de trop petits clients; qu’elles continuent de se battre pour les 4% d’appels d’offres et se chamaillent encore longtemps à se piquer les dossiers d’une année sur l’autre !
L’éducation des TPE
Je me suis longtemps demandé pourquoi si peu de TPE faisaient de la pub, ou faisaient appel à des professionnels pour se faire connaître. Ce n’est pas forcément une question de moyens, certains artisans font des bénéfices impressionnants, d’autres ont des produits fabuleux, facile a promouvoir, rendant toute publicité, un tant soit peu bien pensée, extrêmement rentable.
J’ai rencontré nombre d’artisans pour lesquels il aurait été facile de créer un business online juteux sur des marchés de niches, mais qui n’osaient malheureusement pas se lancer. J’en suis arrivé à la conclusion que tout était de notre faute, nous les professionnels du domaine.
Je m’explique: la TPE n’a pas de culture publicitaire, un artisan ne considère pas la publicité comme un investissement, mais comme une dépense. Sa réflexion est souvent à très court terme et il ne jure que par “le bouche à oreille”. Notre déformation professionnelle nous oblige a avoir une vision globale, quand nous travaillons sur un cas client, nous voyons trop loin, la première question qui nous vient a l’esprit quand un artisan vient nous voir pour se faire connaître c’est: avez-vous une charte graphique ? Une quoi ???? Un logo, une police de caractère privilégiée, une identité visuelle, quoi ! Non, eh bien commençons déjà par ça… Faux ! Un beau logo va-t-il faire vendre immédiatement ? Pouvez-vous me garantir qu’une plaquette quadri sur un papier tendance avec pelliculage et vernis selectif va faire vendre davantage de pizzas que le flyer photocopié en noir et blanc sur un papier jaune fluo ?
Alors bien sûr, le web c’est un métier de professionnels, c’est même une multitude de métiers, mais un artisan a besoin de voir des résultats tangibles, en y investissant le moins possible. Il est donc nécessaire de faire des concessions, de s’asseoir un peu sur son amour-propre et accepter de commencer petitement, quitte a faire moins beau, moins optimisé, mois propre, mais efficace !
Et je peux vous garantir que ça marche ! Faites un site de quelques pages, bien monté, avec un cms optimisé (url rewriting, etc…) donnez quelques tuyaux pour que le site soit rapidement visible sur des expressions locales, donnez des petites astuces pour le diffuser facilement (sur l’entête des courriers, sur les cartes de visites, sur le répondeur téléphonique, sur la camionette…), impliquez le client, qu’il soit fier d’en parler, que ces amis en parlent autour d’eux, qu’ils s’amusent un peu sur facebook, sur twitter, sans pour autant mettre en place une “stratégie”. Il faut qu’ils existent sur la Toile, qu’ils commencent à moindre frais, si vous avez bien fait votre boulot, ça se ressentira, et leur premier formulaire de contact sera un événement marquant ! Ensuite, petit a petit, ils voudront grandir, ils voudront une belle interface, un beau logo, de belles photos, du rédactionnel un plus pro, etc, etc…
Voilà une relation sur le long terme qui s’engagera, et voir une petite entreprise grandir, quoi de plus gratifiant ! Les artisans sont bien souvent fidèles, quand ils auront du budget, c’est vers vous qu’ils se tourneront, quand ils chercheront des conseils, c’est à vous qu’ils s’adresseront en premier… arrêtons de défendre notre petit pré carré dès que l’on voit un outils qui “risque” de rendre davantage autonomes nos clients, ils veulent faire par eux-mêmes ? Si vous êtes sûr de votre compétence, pourquoi avoir peur de se faire piquer son job ? Tout le monde a voulu faire des économies en faisant sa vidange soi-même, c’est faisable, mais franchement, je préfère confier ça a quelqu’un dont c’est le métier, qui a les outils et qui me fera gagner beaucoup de temps ! Voilà pour moi la grande leçon des TPE, l’humilité et l’empathie, sont indispensables pour bien travailler avec elles.
Voilà pour le plantage du décor… oui mais comment faire ?
Quand tu es indépendant, l’avantage c’est que tu n’as pas de gros besoins financiers, faire quelques factures dans l’année, si tu t’arranges pas trop mal, ça te donnes une paye pas si pire (comme diraient nos cousins québecois). Ca m’a permis de passer du temps, d’écouter, d’apprendre a adapter mon discours, à me mettre à la portée d’un artisan, d’un petit restaurateur, d’une association de commerçants, d’une petite commune, d’une association, tout en continuant de suivre l’actualités high-tech, de l’évolution des médias, de cotoyer des amis en agence, de rencontrer de plus grosses boites, etc…
Au début, ma (dé)formation professionnelle ne me permettait que de créer des sites en wysiwig avec des WebExpert et ensuite Dreamweaver, Fireworks et puis Flash, du temps ou l’ActionScript n’existait pas et où Flash n’était qu’un logiciel pour créatifs.
Au bout de quelques temps, les sites dynamiques ont commencé a faire leur apparition, et donner l’accès a certaines fonctionnalités au client final devenait envisageable. La paresse étant un formidable moteur d’innovation, nous avons commencé a imaginer des modules a intégrer dans les sites de nos petits clients, pour ne plus être obligés de les remplir à leur place. Dès les premiers développements, le fait d’être en constant contact avec l’utilisateur final de nos modules, nous obligeait à en simplifier l’usage, de peur qu’ils se lassent ou nous monopolisent en sav.
Nous avons développés en quelques années, toutes les fonctionnalités nécessaires à une TPE, du simple module d’actualités à un calendrier des manifestations, en passant par des albums photos, des formulaires de contacts, etc…Quelques centaines de sites plus loin, rassembler tous ces modules autour d’un seul et même outil semblait logique, nous lui avons donné le doux nom de Webagoo.
Mais un nouveau facteur vint a rentrer dans l’équation… Google.
Alors que jusque là le référencement ne faisait pas parti du vocabulaire usité, le positionnement de nos clients sur les moteurs commençait a être un facteur important. Mais là encore, le fait de s’adresser à de très petites entreprises posait le problème différemment. Un artisan n’en a rien a faire d’être visible ) l’autre bout de la planète, ce qu’il veut c’est être visible sur sa zone de chalandise.
Le problème est même plus complexe, puisque d’une TPE à l’autre, la zone de chalandise peut être complètement différente: un coiffeur ne cherche pas de clientèle au-delà de quelques kilomètres autour de chez lui, un menuisier peut par contre accepter de se déplacer sur les départements limitrophes, un hotelier est interressé par la clientèle étrangère et un fabricant de piscines du Nord de la France va vouloir cibler une clientèle du Sud de la France. Bref, chaque petite entreprise va avoir des besoins bien spécifiques en matière de visibilité, avec bien sûr, des moyens limités.
Pour répondre à ces besoins, nous avons imaginer un portail géographique, le Ribonews, le portail de notre communauté de communes, là où nous avions une majorité de clients. Ce site nous a servi de laboratoire, testant à la fois l’implication de nos clients dans la mise à jour des informations, que dans la manière dont allait réagir notre cher Google. Le portail était un annuaire des entreprises de la Région de Ribeauvillé, et ceux qui utilisaient nos outils pouvaient mettre des actualités directement sur le site, depuis l’administration de leur propre site, faisant de Ribonews, un agrégateur local collaboratif.
Le test étant franchement concluant en tous points, et nos clients commençant a être répartis sur toute la France, nous avons décidé de garder le modèle “cantonal” pour créer plus de 3000 portails, répartissant de manière homogène la visibilité géographique de nos clients. La version 3 de Webagoo permettait de diffuser d’un simple clic les actualités d’un site vers le portail de son canton.
Au moment de réécrire complètement notre cms, du fait de l’évolution des langages et des recommandations de Google (php5, ajax, url rewriting, etc…), nous avons décidé de fusionner nos outils dans une seule et même plateforme, Webagoo 4. Ce cms reprenait tous les modules déjà imaginés, y ajoutant de plus importants comme le e-commerce, mais surtout, donnant d’un seul coup la possibilité de créer facilement des portails capables de syndiquer des informations standardisées, permettant de mutualiser les efforts de visibilité. Pour répondre au besoin de choix de zone, nous avons finalement créé un portail par ville, canton, département et région de France, soit plus de 38.000 sites répertoriant plus de 3 millions d’entreprises et diffusant les informations de plusieurs centaines de Webagoo capables désormais de choisir en toute autonomie l’étendue de sa visibilité.
Les portails sont “dormants” jusqu’à ce qu’un Webagoo se déclare sur une zone et commence a publier des informations (actus, billets de blogs, manifestations, etc…). La danse des moteurs de recherche commence a s’ébrouer, lui permettant d’exister, générant du coup des inscriptions, qui elles aussi vont améliorer la pertinence des informations et susciter de nouvelles visites. La chaîne de promotion mutualisée se met alors en marche, l’effet réseau prends tout son sens, garantissant néanmoins l’indépendance de chaque acteur de cette chaîne vertueuse.
Et maintenant, le mobile !
Comme je le disais précédemment notre métier consiste a promouvoir les TPE par tous les moyens, en privilégiant le rapport prix / efficacité. Le web est sans conteste le meilleur canal depuis maintenant plusieurs années, loin devant les canaux traditionnels (presse, encartage, radio, etc…) Non pas que ces outils soient devenus obsolètes, mais le web offre une souplesse et des moyens de mesure à tarif inégalé.
Néanmoins, un nouveau canal pointe le bout de son nez depuis quelques mois, semblant gagner du terrain de jours en jours: le mobile. L’arrivée des iPhones et autres smartphones communicants, a un peu bouleversé les habitudes des consommateurs, beaucoup plus enclins à se renseigner, échanger leurs points de vue, se géolocaliser et devenir un acteur économique renseigné une fois équipé d’un “i-quelquechose” .
Dans notre conquête de l’outil suprême, capable de générer du lead pour nos petites entreprises, nous nous sommes creusé les méninges pour développer une application mobile à la fois ludique et utile. Après les portails géographiques il semblait logique de s’attaquer aux portails métiers et thématiques.
Pour commencer, nous avons décidé de tenter l’aventure de la promotion des coiffeurs et coiffeuses indépendants. Nous avons donc créé une application ludique, permettant de prendre ou de se prendre en photo et de choisir parmi une kyrielle de coiffures, de la plus classique à la plus excentrique, de bien sûr la partager sur les réseaux sociaux (Facebook et Twitter), histoire de la diffuser facilement et rapidement. Pour le côté pratique, nous avons intégré un annuaire de tous les coiffeurs de France, avec possibilité de géolocaliser ceux aux alentours de l’utilisateur. Nous avons également créé un petit module Webagoo, permettant à n’importe quel salon de coiffure de publier un “bon de réduction” directement vers l’application iPhone. Les coiffeurs utilisant ce module étant forcément davantage mis en avant dans les résultats de recherche. Bref, vous l’aurez compris, tous les moyens sont bons pour facilité la démarche de promotion de nos artisans…
Pas de concurrents, que des partenaires !
Un autre cas de conscience est alors venu nous tarauder: comment peut-on défendre les petites entreprises si on pique du boulot aux créateurs de sites indépendants, à ces petites agences locales qui essayent déjà de promouvoir leurs voisins ?
Combien de “vendeurs de sites en one-shot” ont ternis l’image des créateurs de sites, en vendant des sites en leasing avec des méthodes douteuses, profitant de l’ignorance des petits artisans… je ne voulais pas devenir une grosse agence nationale avec des centaines de commerciaux sur la route, sous-traitant la réalisation des sites dans des pays à faible coût de main-d’oeuvre, ou alors j’aurais du changer mon discours et arrêter de prôner la défense des petites boites ! Impossible…
On aurait bien sûr pu se contenter de mettre notre outil en ligne et de communiquer par les canaux traditionnels pour le faire tester et laisser chacun se l’approprier… nous avons préféré constituer un réseau de conseillers / distributeurs, véritables interlocuteurs de proximité, disponibles et inspirant confiance. Et puis, mettre à disposition de ces petites entreprises des outils calibrés initialement pour nous, petite entreprise, et pour nos clients (idem), je trouvais que la boucle ne pouvait être mieux bouclée. Des TPE au service des TPE, le message est cohérent, le combat est juste, la cause est noble !
L’ensemble de notre réseau de portails génère des centaines de contacts entrants, automatiquement transmis à notre réseau de conseillers / distributeurs, en fonction de leur zone de chalandise et de leurs compétences. Chacun peut être amené à offrir son savoir-faire à d’autres distributeurs, faisant du réseau une gigantesque place de marché, permettant aux petites boites d’avoir accès à des compétences progressivement, à la mesure de leur moyens.
Prenez le contrôle du web !
Imaginez maintenant ce que demain sera, quand une plus grande majorité de TPE auront investi le web, quelles se seront regroupées autour de réseaux sociaux adaptés et que les effets de la mutualisation leur donneront le pouvoir de rivaliser avec les plus gros ! J’aime a raconter l’histoire de cette cliente qui nous a fait confiance et qui a réussi en quelques semaines a se positionner sur des expressions fortes autour de l’assurance de prêt professionnels. Alors qu’elle souhaitait juste développer son activité, son petit site à 1500 € lui a permis de négocier avec de gros acteurs du secteur, qui lui ont permis d’avoir le budget pour mieux optimiser son site et améliorer son image.
Voilà ma vision de l’Internet de demain, voilà pourquoi je crois tant dans les réseaux sociaux et leur déclinaison de plus en plus accessible aux TPE. Les petites boites vont pas se délocaliser, votre boulanger fera pas faire son pain en Chine, vous aurez toujours besoin de votre garagiste de proximité, on ira de plus en plus souvent faire ses courses chez le paysan du coin.
Le web n’a plus rien de virtuel, l’avenir du web c’est le IRL, surtout pour le commerce de proximité. Le temps est venu pour les TPE de faire le pas, de s’entourer de gens qui défendent leurs valeurs, de s’entraider tout en préservant leur individualisme et leur égoïsme maladif. Quand toutes les TPE auront compris leur intérêt commun de mutualiser leurs efforts pour leur bien individuel, alors la bataille du web sera relancée et d’autres innovations pourront se développer sur le modèle de Webagoo. L’avenir du Business sur le web appartient désormais aux Très Petites Entreprises !
A propos de Webagoo
Webagoo est un outil en ligne (CMS) permettant de créer et gérer son site internet sans aucune installation Évolutif, il répond aux besoins des TPE/PME en leur proposant des modules riches en fonctionnalités et une interface d’administration intuitive.Animer son site, en seulement quelques clics, devient un jeu d’enfant.Le slogan de Webagoo est devenu: “Prenez le contrôle du web”