Jeux Olympiques : le CIO dit non à l’eSport pour le moment
Le succès de l'eSport fait évoluer les mentalités depuis quelques années, mais la discipline se heurte encore à certains clichés.
Par la voix de son président Thomas Bach, le Comité international olympique s’est montré intransigeant et catégorique sur une potentielle intégration de l’eSport aux Jeux Olympiques à l’occasion d’une conférence à Lausanne en Suisse : “Il y a une ligne rouge concernant le contenu de certains de ces jeux. On ne veut rien avoir à voir avec ces jeux où on s’entre-tue. L’industrie a très bien compris notre position. Nous sommes en compétition pour les loisirs de la jeune génération, mais nous pouvons utiliser les plateformes qu’utilisent les jeunes pour faire passer nos valeurs. Lorsqu’il s’agit de simuler les sports, nous n’avons pas de problèmes de valeurs et nous avons la possibilité qu’une Fédération internationale puisse réglementer ces sports. Cela ne signifie pas que nous aurons à Tokyo un nouveau programme olympique, nous ne sommes pas encore prêts, et de loin, mais il s’agira de mieux se connecter à la nouvelle génération. Savoir s’ils pourraient un jour être pris en considération pour le programme olympique, la réponse est oui. Reste à voir quand ce jour peut arriver.”
L’eSport dérange, mais le CIO ouvre la porte aux jeux vidéo
Malgré une audience phénoménale (streaming et TV), des événements ambitieux et des joueurs talentueux, l’eSport n’est pas pris au sérieux par le Comité international olympique. Ce dernier n’hésite pas à brandir l’argument de la violence qui est prônée à outrance dans des titres comme Call of Duty et Counter-Strike, quand ce n’est pas celui du “ce n’est pas un sport”. Pour David Lappartient, le président de l’Union Cycliste Internationale, il faut étudier la question plus en détail et ne pas passer à côté d’une opportunité intéressante pour événement comme les Jeux Olympiques : “L’eSport ne sera jamais aux Jeux Olympiques, mais il faut s’y intéresser. La porte d’entrée, ce sont les jeux de simulation.”
Le CIO remet en question le mot sport dans eSport
L’année dernière, le Comité international olympique avait déjà douché les espoirs des spécialistes en faisant comprendre que de nombreux jeux vidéo ne respectent pas les valeurs olympiques : “Il a été admis que le jeu électronique de compétition comportait une certaine activité physique pouvant être comparée à celle de sports plus traditionnels. En revanche, cela ne peut pas nécessairement être dit du jeu électronique de loisir. C’est pourquoi l’utilisation du terme sport en ce qui concerne l’eSport et les jeux électroniques doit faire l’objet d’un dialogue et d’une étude plus approfondis (…) Certains jeux électroniques ne sont pas compatibles avec les valeurs olympiques et par conséquent toute coopération avec ceux-ci est exclue, le secteur évolue de manière fulgurante avec notamment la popularité fluctuante de jeux spécifiques et l’évolution rapide vers la réalité augmentée et la réalité virtuelle, le secteur est par nature fragmenté et une vive concurrence s’y livre entre les différents acteurs commerciaux et enfin le secteur est axé sur le commerce alors que le mouvement sportif repose lui sur des valeurs. Pour toutes ces raisons, une discussion sur l’admission à part entière de l’eSport et des jeux électroniques au programme olympique (avec remise de médailles) est prématurée.“