Dossier : Curation, l’organisation du web par les humains.
Après une bataille féroce entre l'équipe organisatrice et l'alimentation électrique du vidéo-projecteur, les présentations pouvaient enfin commencer.
Be Geek était cette fois en envoyé spécial au petit déjeuner « Usages de la curation en entreprise », le mercredi 12 décembre à 9h, Paris.
Dédié (comme son nom l’indique) à la curation, ce petit déjeuner avait pour principaux invités Patrice Lamothe (CEO de Pearltrees), Marc Rougier (PDG de Scoop.it) et Antoine Perdaens (CEO de Knowledge Plaza). Les trois orateurs ont présenté de manière très appliquée leurs services respectifs en s’appuyant sur des témoignages, du journal Marianne à Orange. Retour sur une matinée très instructive !
À consommer sans modération : TEDxGrandRapids – Steve Rosenbaum – Innovate: Curation!
« Nous voulons construire la plus grande organisation humaine des choses Internet »
Après 5000 années où le producteur de contenu régna en maître et où le nombre de producteurs n’a eu cesse d’augmenter à la faveur de la diffusion de l’enseignement, du savoir et des progrès techniques pour communiquer. Le dernier progrès étant Internet, les années 2000 furent celles de la toute puissance du créateur de contenu sur la toile (sites d’entreprises, médias en ligne). Depuis le début des années 2010, et l’avènement du web social 2.0, Internet est devenu un endroit où non seulement le nombre de créateurs de contenus a explosé (vous, moi, votre voisine adolescente trend-setter), mais aussi où chaque internaute répond et interagi de manière directe avec n’importe quel autre créateur de contenu. Dans ce contexte où les barrières sont brisées et où l’infobésité règne, la curation prend tout son sens.
Le but de la curation est simple : organiser, partager et découvrir. Le curateur est celui qui décide de prendre en main son expérience Internet en organisant de manière humaine ses intérêts et en y apportant de la valeur ajoutée personnelle. En somme, une organisation humaine sur une plate-forme faite de 0 et de 1. Réel intérêt, donc, pour chaque internaute souhaitant organiser son Internet et montrer à tout le monde comment il le fait. Intérêt aussi pour les entreprises dans le partage de l’information interne, externe et dans la création de contenu.
Pearltrees – « Ce n’est pas le web des machines qui organise les choses pour vous, mais c’est vous qui organisez les choses pour les internautes ».
Pearltrees est un outil de curation entièrement tourné vers l’organisation et la hiérarchisation des « choses Internet ». Vous créez un « pearltree » (arbre de perles) sur lequel vous organisez librement des « sous-pearltree », dans lesquels vous accrochez des « pearl » ; vers l’infini et au-delà. Très simple d’utilisation grâce au bouton sur les navigateurs, l’outil permet de retrouver en deux clics une information trouvée il y a quelques temps déjà, de la partager sur les réseaux sociaux ou encore de demander à d’autres utilisateurs de compléter son « pearltree » avec du contenu pertinent. Aujourd’hui, Pearltrees représente 2 millions de VU par mois et 50 millions de perles organisées.
De manière professionnelle, l’exemple de Marianne2. Contexte ? Le journal était en retard sur le web et les journalistes avait des problèmes pour réaliser un sourcing intelligent des informations trouvées sur Internet. Utilisation de Pearltrees ? Dans un premier temps, l’outil a permis aux journalistes de constituer des dossiers d’information accessibles par tous rapidement et précisément. Dans un second temps, le journal s’est aperçu que les lecteurs utilisaient aussi les « pearltree » crées par Marianne. Ainsi, Marianne décida d’intégrer directement Pearltrees dans certains articles. Enfin, l’utilisation quotidienne de l’outil et l’analytics qui va avec ont permis au site d’évoluer en fonction de l’expérience internaute modifiée grâce à Pearltrees.
Succès tel pour Marianne que le « pearltree » du journal est l’un des plus complet de l’outil, avec 3675 perles et plus de 670 000 vues !
Scoop.it – « Je voulais vous montrer la courbe de croissance des VU : en 13 mois ça a de la gueule ! »
Scoop.it est aussi un outil de curation, mais plus centré sur la communication de la curation. Dans un contexte où les marques n’ont pas de moyen ROI pour mesurer le web social, l’outil pour créer une valeur avec l’audience est l’engagement. Et pour créer cet engagement, les marques doivent devenir des médias et donc produire du contenu. Mais la création ex-nihilo est très compliquée à mettre en oeuvre (sauf si vous vous appelez Red Bull of course). Scoop.it répond donc à ce besoin : vous êtes une marque et vous pouvez « attraper les contenus qui font du sens pour vous et votre audience » ! Et le rôle du curateur sur Scoop.it est de mettre en perspective les contenus et leur apporter une valeur ajoutée. Scoop.it a passé les 6 millions de VU par mois récemment et les 6000 comptes premium business.
Les exemples pour illustrer les capacités de Scoop.it ne manquent pas : le le blog du Midem, oran.ge/inside… L’intégration totale de l’outil dans un blog ou un site est une possibilité très appréciée par les entreprises, car elles peuvent avoir un site/blog animé, dynamique et pertinent, directement managé par l’outil de curation Scoop.it sans même que cela soit visible. En outre, cet outil permet la planification, le travail d’analytics, le partage personnalisé sur les réseaux sociaux et un mode privé existe. Enfin, je peux personnellement témoigner que Scoop.it est un bon outil pour améliorer le SEO d’une marque au sein d’un écosystème digital.
Knowledge Plaza – « Avant nous avions une baleine, maintenant un banc de poissons »
Knowledge Plaza est un outil de curation privé et centré sur une utilisation interne en entreprise. Utile pour les PME et les très grandes entreprises, le but de cet outil est d’optimiser le partage des connaissances en interne. L’idée est de garder et organiser les contenus crées par les employés, chaque employé devenant à la fois une source et un filtre. La valeur de Knowledge Plaza est de permettre une diffusion dynamique et ciblée de l’information afin de capter les informations essentielles et de les utiliser pour faire du business. Une organisation en trois niveaux sur cet outil : par mots clés / par thématiques / par collections.
En guise d’exemple, Antoine Perdaens nous exposa brièvement le cas de Lafarge Ciment A&C. Cette société présente partout dans le monde avait besoin d’un outil afin de partager en un seul lieu l’ensemble des informations collectées et de manière très organisée, afin d’optimiser le business auprès de 35000 collaborateurs.
Vous l’avez bien compris, Google devient quelque peu « has-been » avec les outils de curation. L’idée centrale étant de dire que ce sont les humains qui peuvent, mieux que n’importe quel robot ne le fera jamais, organiser Internet. Quel futur pour la curation ? Dans la Silicon Valley on voit 1 investissement chaque mois sur un service de curation, on peut donc imaginer la quantité de nouveaux outils de cet ordre qui vont se développer d’ici 1 à 3 ans…afin de changer Internet et de rentrer dans le web 3.0 ?
Et n’oubliez pas : « Sur Internet, on peut prévoir le futur en regardant les usages actuels marginaux, et imaginer leur démocratisation ! ». Geeks rule the Internet.