Aux États-Unis, les employés du numérique se syndicalisent
Après des années d'agitation et de prises de position, les salariés des industries de la technologie et du jeu vidéo pourraient créer un syndicat national pour défendre leurs droits.
Si en France les salariés et entreprises du jeu vidéo peuvent rejoindre le Syndicat National du Jeu Vidéo (SNJV), il n’en est pas de même outre-Atlantique. Le Communications Workers of America (CWA), premier et plus important syndicat des employés des télécommunications, initie un projet semblable pour les américains travaillant dans le secteur de la tech et du jeu vidéo. La Californie fédère à titre d’exemple de très nombreuses start-ups et mastodonte du secteur des technologies : AirBnB, Uber, Google, Apple, Facebook. De plus en plus, leurs employés se positionne contre certains des projets de leur entreprise : Google a du faire face à une levée de boucliers lorsqu’il a été révélé qu’un moteur de recherche censuré était en projet pour la Chine et les employés d’Amazon demandent à Jeff Bezos de prendre des mesures plus concrètes pour diminuer l’empreinte carbone de la firme.
Un syndicat encore inexistant
Ces prises de position ne sont pas toujours sans conséquence. On apprenait récemment que deux salariés d’Amazon étaient menacés de licenciement pour s’être exprimés sur l’inaction de l’entreprise. Comme le précise le Los Angeles Times : “Ces deux dernières années ont vu une vague de défilés, de pétitions et d’autres actions sur le lieu de travail dans les entreprises de jeux vidéo et de technologie. Mais malgré cette vague d’activisme syndical, peu d’employés des grands studios de jeux vidéo et une poignée seulement des salariés du secteur de la technologie ont officiellement voté pour former ou rejoindre un syndicat.”
Répondre à la crise
La Campaign to Organize Digital Employees (CODE) vise à remédier à cette situation. Née de conversations entre la CWA et Game Workers Unite, elle intervient au moment où les conditions de travail dans l’industrie du jeu vidéo ont placé la question de la syndicalisation au premier plan. Lors de périodes dites de crunch, les employés travaillent jusqu’à 100 heures par semaine pour terminer un jeu à temps, sans moyen d’obtenir un dédommagement pour pour les heures supplémentaires : BioWare a rencontré ce souci lors du développement d’Anthem et Riot Games a du faire face à de problématiques plaintes pour harcèlement sexuel. La création d’un syndicat national pour les employés du numérique est donc plus que jamais d’actualité.