Apple ne chiffre pas les sauvegardes de l’iPhone sur iCloud suite à des plaintes du F.B.I.
Virage éthique et technologique effectué il y a deux ans, la décision montre l'ampleur de la coopération entre Apple et les autorités américaines, alors même que la compagnie se targue de protéger les données personnelles de ses utilisateurs.
Si un iPhone est branché à une source d’alimentation et qu’il est connecté en Wi-Fi, il effectue automatiquement des sauvegardes de l’appareil : applications, messages, contacts, photos, vidéos… Un clonage en bonne et due forme sur les serveurs iCloud d’Apple. Alors qu’il y a deux ans Apple travaillait sur un chiffrement de ces sauvegardes, cette option a été mise de côté suite à des plaintes du Bureau Fédéral d’Enquête. L’agence Reuters dévoile l’affaire en exclusivité aujourd’hui dans un long article qui révèle la coopération réelle d’Apple avec le F.B.I., tandis qu’en surface les deux entités placent leurs points de friction sur la place publique comme autant de différentes prises de position sur l’éthique professionnelle.
Il y a une semaine, nous rapportions que le Procureur général Bill Barr estime qu’accusation réfutée par l’entreprise qui dit avoir répondu à sept requêtes différentes de l’agence américaine. Donal Trump a de son côté accusé Apple refuser de déverrouiller les téléphones utilisés par les “tueurs, trafiquants de drogue et autres éléments criminels violents” — un plan de communication bien agencé pour pousser une législation sur le chiffrement.
Apple a abandonné l’idée il y a 2 ans
Il y a plus de deux ans, Apple a déclaré au FBI sont intention d’offrir aux utilisateurs un chiffrement de bout en bout pour les sauvegardes complètes du téléphone, des projets baptisés Plesio et KeyDrop, ce qui signifie que l’entreprise n’aurait pas été en mesure de transmettre les informations aux autorités sous une forme lisible, même sur ordre du tribunal. Des représentants du FBI chargés de la cybercriminalité ont objecté au plan. L’année suivante, le projet était tombé à l’eau. Selon Reuters, qui cite une source anonyme au sein d’Apple “la société ne voulait pas risquer d’être attaquée pour avoir protégé des criminels, poursuivi en justice pour avoir déplacé des données jusque là accessibles hors de portée des agences gouvernementales ou utilisées comme excuse pour une nouvelle législation contre le chiffrement.”
L’entreprise est en bons termes avec le gouvernement
Suite à la tuerie de San Bernardino, Apple avait eu pour ordre du tribunal d’aider le F.B.I. ; les arguments de l’agence selon lesquels les sauvegardes apportaient des preuves vitales dans des milliers de cas avaient prévalu, mais le gouvernement a abandonné la procédure après avoir trouvé un sous-traitant (GrayShift) qui pouvait déverrouiller le téléphone sans l’aide de l’entreprise. D’anciens responsables du F.B.I. ont précisé que “en dehors du débat public sur San Bernardino, Apple s’entend bien avec le gouvernement fédéral.”
Une coopération à grande échelle
Les autorités américaines ont demandé et obtenu des copies de sauvegarde complètes des appareils ou d’autres contenus iCloud dans 1 568 dossiers différents, couvrant environ 6 000 comptes, selon Reuters. La société a déclaré qu’elle avait transmis au moins quelques données pour 90 % des demandes reçues, généralement en réponse aux directives secrètes du tribunal du renseignement américain, pour un total de 14 000 comptes au second semestre 2018. Une collaboration complète, donc.