Rogue One : notre avis sans spoiler sur l’excellent premier spin-off de Star Wars
Disponible en salles depuis le 14 décembre, Rogue One : A Star Wars Story est le premier film standalone de la saga. Alors qu'il aurait pu échouer à bien des niveaux, le film de Gareth Edwards est une réussite solide qui mérite le temps des fans.
En 2013 Disney annonçait sa volonté de proposer “A Star Wars Story”, une série de films dérivés de la saga principale, dont l’Episode VIII arrive l’an prochain. Rogue One est le premier de ces spin-off, en attendant notamment celui consacré à la jeunesse de Han Solo. Rogue One : A Star Wars Story a donc la mission compliquée d’ouvrir le bal en essayant de convaincre les fans exigeants et en prouvant que trop de Star Wars ne tue pas forcément Star Wars. Comme vous le lirez dans la critique ci-dessous, et même si le long-métrage n’est pas parfait, il s’en sort plus que bien. Il s’agit d’ailleurs d’un avis sans spoilers, en tout cas pas plus que ce qui n’est déjà montré dans les bandes-annonces.
Un film avant tout pensé pour les fans
Avant d’attaquer, petit rappel chronologique : Rogue One se situe entre Star Wars, Épisode III : La Revanche des Sith et Star Wars, Épisode IV : Un nouvel espoir. Le synopsis du film se base en fait sur une petite ligne dans le carton diffusé au début de l’Episode IV, qui indique que “des espions rebelles ont réussi à voler les plans secrets de l’arme ultime de l’Empire, l’Etoile de la mort, une station spatiale blindée avec assez d’énergie pour détruire une planète entière”. Bref, dans Rogue One l’Empire mené par l’Empereur et Dark Vador domine tranquillement la galaxie, tandis que l’Alliance rebelle est encore assez loin de véritablement réussir à déstabiliser le pouvoir en place alors que les Jedi ne sont plus.
D’ailleurs, ce background historique indispensable à connaître pour comprendre pleinement le film n’est pas clairement rappelé au lancement. Rogue One s’adresse véritablement aux fans qui savent déjà ce qu’ils vont voir. Les néophytes et moins connaisseurs de la saga devront se contenter de miettes de contexte durant les 2h15 de film pour en saisir les grandes lignes et enjeux.
De même, les quelques caméos et références de ce spin-off aux évènements et personnages des films principaux l’entourant feront assurément plaisir aux passionnés, mais risquent de passer au-dessus de la tête des autres. Rien de dramatique cela dit, tant Rogue One possède sa propre personnalité qui devrait convaincre la vaste majorité.
The Force is with me and I’m one with the Force
En effet, le film de Gareth Edwards (Godzilla, Monsters) respecte sa promesse d’être davantage un film tourné vers la guerre et ce que cela implique. S’il reprend bien entendu de nombreux ingrédients classiques de la saga, Rogue One est régulièrement plus sombre que les autres, tant dans son propos que dans sa forme (la photo est même un peu trop sombre en début de film, mais passons).
L’Empire exerce ici sa domination sans la moindre compassion et la situation des héros de l’Alliance rebelle est au plus bas. Les scénaristes n’hésitent d’ailleurs pas à tuer à tour de bras pour refléter cette situation. Cela dit, on aurait simplement apprécié un plus de sang pour que l’aspect visuel soit plus dur et réaliste, en adéquation avec le propos un peu plus mature que d’habitude.
Ces héros par ailleurs sont assez nombreux et justifient la durée du film alors que le scénario n’est finalement pas bien long et que l’on connait déjà plus ou moins la fin. Rogue One passe en effet un bon bout de temps à introduire les membres de l’équipe qui vont aller voler les fameux plans. Cependant, et même s’ils sont tous assez sympathiques et variés, leur passé et leurs motivations sont rarement suffisamment développés tandis que quelques passages semblent pourtant assez longs.
Si les fans habitués à détester l’Empire se laisseront probablement porter sans trop broncher, les autres risquent d’avoir du mal à saisir les motivations de chacun avec si peu de matière. Ce défaut de manque de profondeur se retrouve d’ailleurs à plus grande échelle. Les planètes visitées sont nombreuses et permettent de varier les décors, mais trop rapidement quittées pour leur donner véritablement corps.
C’est même le cas de l’héroïne principale Jyn Erso (Felicity Jones). Son attitude semble plusieurs fois incohérente et on aurait vraiment aimé en savoir plus sur sa jeunesse notamment. S’il n’y a pas grand-chose à souligner du côté des méchants qui se contentent d’être basiquement méchants (et pour éviter les spoils !), côté Alliance on relèvera notamment le pilote déserteur Bodhi Rook (incarné par le fabuleux Riz Ahmed), le moine sensible à la Force Chirrut Îmwe (Donnie Yen) et son camarade moins fin Baze Malbus (Wen Jiang) ou encore le droïde bavard et ressort comique du film, K-2SO (avec Alan Tudyk à la voix).
Des choses qui ne fonctionnent pas parfaitement, mais…
Tout comme les gags de ce dernier ne marchent pas à chaque fois, les deux personnages charismatiques incarnés par Mads Mikkelsen (Galen Erso, le père de l’héroïne et constructeur de l’Étoile de la mort) et Forest Whitaker (le rebelle extrémiste Saw Gerrera) auraient également mérité plus. Même chose pour la co-star du film Diego Luna, dont le personnage du capitaine Cassian Andor est bien fade au final, même s’il souligne bien le fait que les Rebelles ne sont pas des enfants de choeurs non plus. Et puisque l’on est dans le domaine des choses qui ne fonctionnent pas complètement, évoquons rapidement les effets spéciaux et la musique.
Si les FX sont globalement réussis, dans l’espace notamment, l’apparence des personnages non-humains fait beaucoup trop souvent penser aux effets spéciaux primitifs des premiers films et font presque sortir du récit. L’hommage à la première trilogie est clair (y compris dans les costumes kitchs de l’Empire), mais ce n’était probablement pas nécessaire.
Du côté de l’OST, le remplacement sur le tard d’Alexandre Desplat par Michael Giacchino souffle le chaud et le froid. Les passages où la musique en fait trop pour donner un souffle épique sont aussi nombreux que ceux où le travail du compositeur à l’important pedigree fonctionne, mais globalement l’intensité et l’osmose image/son proposées dans les bandes-annonces sont rarement autant au rendez-vous.
Sauf dans le dernier tiers du film. Ce dernier tiers de Rogue One qui fait presque oublier tous les défauts cités ci-dessus. C’est bien simple, il s’agit probablement de la meilleure séquence visible dans l’intégralité de la saga. Le décor est fantastique, l’affrontement se déroulant à plusieurs échelles est épique et il parvient même à prendre le spectateur par surprise malgré certaines grosses ficelles de la narration. Les frustrés de l’Épisode VII et de ses redites risquent d’y trouver ce qu’ils cherchaient et dans tous les cas il s’agit d’un grand moment de cinéma. Il y a bien entendu d’autres bons passages avant celui-ci, mais ce rush final jusqu’au générique de fin est un véritable tour de force.
Rogue One : A Star Wars Story : notre avis
Malgré une exposition un peu lente et des personnages qui auraient mérité un peu plus de profondeur, Rogue One est véritablement une réussite. Ce premier spin-off est un excellent Star Wars et un excellent film tout court qui ouvre avec talent le bal des standalones A Star Wars Story. Avec sa cohérence générale et surtout son dernier tiers qui en met plein la vue et qui fait oublier ses quelques défauts sur le fond et la forme, le film de Gareth Edwards permet tout simplement de passer un excellent moment devant la toile, surtout si l’on apprécie déjà la licence.
Le pari de proposer un long-métrage se basant sur deux lignes de scénario à la conclusion déjà connue n’était véritablement pas aisé à relever et pourtant Rogue One le fait avec un certain panache. Si vous êtes fans, et notamment de la première trilogie qui s’incruste régulièrement ici, il n’y a pas véritablement de raison de ne pas aller au cinéma. Pour les autres le constat est un peu moins clair, mais la recommandation reste de mise si vous voulez voir du grand spectacle.