Orange et SFR se prennent une grosse amende
L'Autorité de la concurrence inflige une lourde amende à Orange et SFR pour leurs pratiques anticoncurrentielles entre 2005 et 2008.
Les deux opérateurs proposaient notamment des forfaits incluant des appels illimités uniquement vers leurs autres clients.
Rappelez-vous, entre 2005 et 2008, Orange et SFR proposaient des forfaits incluant jusqu’à trois numéros en appel illimité. Une pratique jugée anticoncurrentielle par Bouygues Télécom qui a porté plainte en 2006. L’autorité de la concurrence a publié ce jeudi 13 décembre sa décision (.pdf), condamnant les deux opérateurs à payer une amende totale de 183,1 millions d’euros. 117,4 millions d’euros pour Orange et 65,7 millions pour SFR.
« Attractives de prime abord pour les consommateurs, ces offres ont entravé la dynamique du marché en verrouillant les abonnés et en fragilisant Bouygues Télécom, le plus susceptible d’animer le marché en tant que dernier entrant à l’époque des faits », rappelle-t-elle. En 2005, lorsque les opérateurs ont commencé à déployer ces offres incluant de numéros en illimité, Orange et SFR totalisaient ensemble 83 % du marché de la téléphonie mobile (47% pour Orange, 36 % pour SFR).
L’effet tribu
Il était donc très difficile pour Bouygues de gagner des parts de marché, d’autant que ces forfaits avaient des répercussions « anticoncurrentielles ». Notamment par la création d’un « effet tribu » : les clients devaient convaincre leurs proches et leurs amis de souscrire chez le même opérateur, afin de bénéficier d’appels illimités.
Orange et SFR ont ainsi pu « dégrader la fluidité du marché de détail, en rendant plus difficile la migration des clients vers un autre opérateur en place ». « Il existait un risque important que Bouygues Télécom soit évincé du marché », ajoute l’Autorité de la concurrence. Et de préciser : “Bouygues Télécom s’est vu contraint de commercialiser des offres d’abondance permettant à ses clients d’appeler leurs interlocuteurs “en illimité”, quel que soit leur réseau (ainsi du lancement de l’offre Néo en 2006), mais au prix d’une forte hausse de ses coûts ».
Bien que Bouygues ait obtenu gain de cause, cette importante amende viendra renflouer les caisses de l’État et pas celles de l’opérateur.