Les entrailles de la Terre cachent un gigantesque océan
Un diamant, découvert au Brésil en 2008, vient confirmer la présence d'une couche d'eau située entre 400 et 600 km sous Terre.
Alors qu’il n’avait aucune valeur marchande, ce petit diamant de 90 milligrammes découvert au Brésil en 2008 aurait tout simplement pu être abandonné. Mais fort heureusement, la pierre précieuse, baptisée JUc29, a été donnée à l’équipe du géophysicien Graham Pearson afin qu’il l’étudie. En l’étudiant afin de déterminer son âge, les scientifiques ont finalement découvert une roche nommée ringwoodite, un minéral qui a la capacité d’enfermer des molécules d’eau.
Il faut remonter en 1959 pour comprendre l’origine de la ringwoodite. À l’époque, le géologue australien Ted Ringwood affirmait qu’entre 400 et 600 km de profondeur, le manteau terrestre renferme une couche de transition riche en un cristal dérivé de l’olivine et en eau. Par la suite, des chercheurs sont parvenus à synthétiser ce cristal en reconstituant les températures et pressions extrêmes qui règnent en ces profondeurs et l’ont baptisé ringwoodite, en hommage au géologue.
Autant d’eau que dans tous les océans réunis
Mieux encore, ce premier cristal naturel de ringwoodite en provenance des profondeurs de la Terre serait très riche en eau, surtout pour un cristal de roche soumis à des pressions aussi extrêmes, et contiendrait ainsi 1,5% d’eau. Si la théorie selon laquelle la couche située entre 400 et 600 km sous Terre contiendrait 60% de ce cristal est vraie, alors il pourrait bien y avoir autant d’eau dans cette couche que dans tous les océans terrestres connus réunis. Nathalie Bolfan-Casanova, chercheuse au Laboratoire magmas et volcans de l’Observatoire de physique du globe de Clermont-Ferrand, précise que “cette eau est présente sous une forme un peu différente de ce que l’on connait” puisque “ce sont des groupements hydroxyles qui sont piégés dans le cristal. Mais si l’on chauffe la ringwoodite à pression ambiante alors on obtiendrait de l’olivine et de l’eau.”
Vraisemblablement, cette eau enfouie à des centaines de kilomètres sous terre proviendrait de ce que l’on appelle “les zones de subduction”, là où des plaques tectoniques convergentes se rencontrent. Le fait que ces plaques se superposent l’une sous l’autre permettrait à de l’eau de l’océan de s’infiltrer jusqu’à la zone de transition, formant ainsi le fameux nouvel océan sous-terrestre. Malgré tant de découvertes, cet océan gigantesque restera inaccessible à l’Homme un certain moment car pour l’instant, le plus profond forage jamais effectué n’a jamais dépassé les 12 km de profondeur.