The Elder Scrolls Online : notre test
TESO, un MMORPG qui mérite votre attention, malgré quelques défauts.
Le test d’un MMORPG n’est pas chose facile. En effet, cela demande énormément de temps pour commencer à se faire un avis sérieux. Je serai totalement transparent avec vous, chers lecteurs : en tapant la commande /joué je vois que mon Orc Templier a parcouru Tamriel pendant très exactement 25 heures et 32 minutes au moment où j’écris ces lignes.
C’est assez pour se faire une assez bonne idée du jeu, mais pas suffisant pour porter un jugement définitif, d’autant plus qu’un MMORPG qui se respecte évolue beaucoup au fil du temps, souvent dans le bon sens.
Leveling : le blues du tankplier
Avec ce jour de jeu dans les pattes, mon bon gros Toblakaï (et oui c’est un joli nom tiré de l’oeuvre de Steven Erikson) n’est que niveau 13. Il faut dire que j’ai pris mon temps, que je me promène, que je meurs souvent comme un imbécile en combattant des adversaires trop puissants pour moi. Ah oui, un autre détail : j’ai eu la brillante idée de développer les compétences de tank de mon perso… C’est tout simplement plus fort que moi. Le rôle de tank est mon favori depuis mes années de World of Warcraft et la passion a pris le pas sur la raison.
Avec une classe différente et surtout un profil orienté DPS (dégâts par seconde), il est évident que ma progression en niveaux aurait été plus rapide. Toblakaï est donc spécialisé en armure lourde et en arme à une main + bouclier, avec un peu de magie de soin pour saupoudrer le tout.
Graphismes : Tamriel, comme tu es belle !
Soyons fous, commençons par le début : les impressions visuelles ! J’ai pu jouer à TESO sur deux configurations de PC, l’une nettement plus performante que l’autre. Dans les deux cas, je peux dire que The Elder Scrolls Online est un très beau jeu. Sur une bonne configuration, les textures, les paysages et les PNJs sont vraiment agréables à regarder et sur une configuration plus basse, ça reste quand même pas mal du tout. Le style graphique choisi par Zenimax Online révèle un fort parti pris du studio.
C’est un constat qu’on retrouvera dans de nombreux autres aspects du jeu, j’aurai l’occasion d’y revenir. En l’occurrence, faute d’un meilleur terme, je décrirais les graphismes comme réalistes, à l’opposé du style très coloré et cartoon qu’on retrouve dans WoW ou notamment dans WildStar, un concurrent qui est sur le point d’arriver. Tout est question de goût, mais dans sa catégorie, TESO met la barre vraiment haut.
Interface : ça pique
Elle est où ma p****n de mini-map ???
Passons à un autre parti pris de Zenimax Online. Je pense que ces gars-là ont un côté SM inavoué. Je me demande même s’ils ne se promènent pas avec des colliers à clous dans leurs bureaux. Attention ne vous excitez pas trop, il n’est pas question ici d’évoquer les sous-sols et tavernes un peu spéciales qu’on peut trouver de-ci de-là dans les cités de Tamriel. Non. Là je vous parle de la pure frustration qu’on ressent à cause de quelques gros défauts de l’interface du jeu, à commencer, à mon humble avis, par l’absence de mini-carte.
Il faut savoir que dans la vie, j’ai déjà un sens de l’orientation déplorable. Dans le jeu, vous n’imaginez pas le temps que j’ai passé à tourner sur moi-même et à ouvrir et fermer frénétiquement la carte. Je crois même que le bouton “M” de mon clavier commence à s’user. Au début, j’en étais au point d’être incapable de sortir d’une grande ville. Je me suis amélioré avec le temps, mais trouver le chemin le plus direct entre les montagnes et autres falaises reste un supplice, sans parler de la carte du monde qui devient inaccessible quand on a le malheur d’approcher d’une ville. Et ça, croyez moi, c’est vraiment moche.
Menu d’accès lent
Bon, maintenant que je suis perdu au milieu de nulle part, et si je prenais une petite potion pour ne pas mourir ? Euh… ou pas ! Je ne citerai qu’un seul autre exemple de l’interface ratée : le menu d’accès rapide aux objets. Oh. My. God. J’ai quand même fini par comprendre comment le configurer, malgré un bug sous la forme d’un mélange involontaire entre la version anglaise et la localisation française. Ainsi, pour placer des potions de soin en accès rapide, il faut appuyer sur Q (et non pas sur A comme le didacticiel vous le dira) pour ensuite y déposer des objets depuis le sac… et quand on ouvre ce menu rapide, on découvre qu’il est affreusement mal fichu…
Enfin je vous épargne les détails, c’est beaucoup trop fastidieux. Bien sûr, on me dira qu’il y a de super addons pour améliorer l’ensemble. C’est sans doute vrai, mais ce n’est pas une raison pour justifier de telles erreurs de design.
Raconte moi une histoire
Enfin des quêtes qui ont du sens
TESO réussit vraiment bien à donner de la consistance au monde et à l’empreinte que vous y laisserez. Étrangement, cette impression est encore plus vraie sur les quêtes secondaires que sur l’histoire principale. On sent que beaucoup d’attention a été donnée à la grande majorité des missions, même les plus simples, pour nous faire ressentir un peu de la tragédie ou de la drôlerie du monde ou encore nous laisser entrevoir certaines manigances politiques.
Il faut quand même avouer que, de manière générale, les habitants de Tamriel n’ont vraiment pas de bol dans la vie. Il leur arrive toutes les crasses du monde, même après leur mort ! Heureusement que de bons samaritains comme nous se promènent pour les sortir de là.
Gros plans super classes
Cette qualité est vraiment renforcée par les gros plans sur les PNJs auxquels vous parlez. Cet effet de mise en scène n’a l’air de rien, au début je trouvais même ça un peu “too much”. Pourtant, lorsqu’on revient ensuite à des MMO qui ne proposent pas ce focus sur l’interlocuteur, un certain manque se fait ressentir et ça fait tout drôle. Ce n’est pas forcément le meilleur endroit de ce test pour en parler, mais j’en profite pour saluer la bande son de TESO, dans l’ensemble réussie. Elle est épique, mais sans devenir insupportable après plusieurs heures de jeu.
Vous êtes l’Élu ! Les 300 000 autres aussi.
J’ai néanmoins un reproche à adresser à TESO en termes d’histoire. Il faut arrêter de prendre les joueurs pour des demeurés. Pourquoi essayer de nous faire croire qu’on est l’élu de la mort qui tue choisi pour sauver le monde alors qu’on voit parfaitement les dizaines d’autres quidams tout autour de nous qui font exactement la même chose au même moment ? Sérieusement. C’est d’ailleurs un reproche récurrent fait au jeu : il a du mal à trouver sa place entre un Skyrim en ligne (donc un jeu solo) et un véritable MMORPG. C’est vrai que c’est assez perturbant au début, mais au bout d’un moment, on s’attache quand même à cet étrange animal.
Gameplay
Ah tiens, je suis encore mort.
Soyons réaliste, je ne suis certainement pas aussi doué que l’ado moyen qui découvrirait le jeu en même temps que moi, même si j’ai un peu d’expérience sur les MMORPG. Ceci étant dit, j’ai trouvé le jeu relativement dur. Pas question de foncer dans le tas avec un grand sourire et en spammant vos 3 ou 4 techniques offensives. Il faut faire preuve de réactivité, utiliser les esquives, éviter les attaques de zones, bloquer et surtout bien gérer ses ressources de vigueur et de santé.
Pour mettre cette vision en perspective, je dois toutefois reconnaître que je me suis souvent frotté à des quêtes et des adversaires ayant 3 ou 4 niveaux de plus que mon personnage. Au début… j’ai beaucoup ragé ! À force, je me suis mis à apprécier le défi. Lorsque j’ai joué à la bêta de WildStar, le côté fun était bien plus marqué, mais les combats solo durant la montée de niveau étaient incomparablement plus faciles, voire trop faciles.
Choix cornélien
Au sujet du combat, que ce soit au contact ou à distance, j’avoue avoir été un peu frustré par le faible nombre de raccourcis disponibles pour les différentes techniques. Les 5 techniques + 1 “méga sort” forcent à effectuer une sélection drastique entre les différentes compétences actives à disposition. Néanmoins, à partir du niveau 15, un second set de raccourcis se débloque en changeant d’armement. J’ai hâte de tester ça ! Outre le combat, on retrouve, comme dans Skyrim, la possibilité de se déplacer discrètement (touche control) ainsi qu’un système de crochetage assez bien pensé qui vous met directement dans la peau du voleur qui passe son temps à briser ses outils… quand je vous disais qu‘ils sont un peu SM chez Zenimax.
Gandalf Clegane, Mage à deux mains
Juste un mot pour saluer la liberté offerte dans l’évolution de votre personnage. Au départ, j’ai été un peu frustré par le petit nombre de classes disponibles : chevalier dragon, sorcier, lame noire ou templier. Toutefois, comme dans Skyrim, le jeu offre ensuite de multiple options pour bâtir le personnage de vos rêves, presque sans aucune restriction. Enfin, ça c’est à condition de passer suffisamment de temps à jouer pour collectionner un très grand nombre de points de compétence. Franchement, la simple idée de pouvoir être un magicien en armure lourde, c’est quand même super cool !
Parmi les rares éléments qui vous faciliteront la vie, on notera les nombreux Oratoires permettant de se téléporter rapidement d’une coin à l’autre de la carte une fois qu’ils ont été découverts. Attention, ça coûte quand même un peu d’or à chaque utilisation !
L’artisanat ou crafting pour les intimes.
Complexité apparente…
De prime abord, j’ai trouvé l’artisanat très compliqué. En réalité, il ne l’est que modérément, mais l’interface est plutôt mal pensée et n’aide pas à la compréhension de mécanismes finalement simples. Pour récupérer des matériaux de base, on peut bien sûr repérer des sources dans la nature et aller cueillir, piocher ou récupérer des peaux. Toutefois, on peut aussi détruire un objet, par exemple une masse en fer, pour récupérer certains des éléments qui la composent. On peut aussi dépenser des points de compétences pour avoir un fournisseur qui vous adresse chaque jour certains composants de base. Il est donc possible d’éviter le farming pur et dur pour ceux qui ne supportent pas la récupération répétitive de ressources.
… qui révèle une vraie profondeur
Concernant les enchantements, j’avoue que le système de runes me semble encore un peu complexe, mais je n’ai pas fait l’effort de m’y pencher sérieusement. Après tout, un jeu, c’est quand même fait pour s’amuser non ? Ici encore, par certains aspects, le parti pris de réalisme peut notamment rebuter les joueurs qui souhaitent éviter les mécanismes prise de tête. En revanche, pour ceux qui veulent de la profondeur de jeu, c’est une approche plutôt intéressante. À vous de choisir votre camp !
PvP et PvE
Le JcJ pour les acharnés
Quitte à parler de camp, sachez que trois factions se partagent le pouvoir en Tamriel. Mon personnage appartient au Pacte de Cœurébène, un assemblage hétéroclite réunissant des ennemis d’hier : Nordiques, Elfes Noirs et Argoniens (hommes-lézards). L’Alliance de Daguefilante réunit les Brétons, les Rougegardes et les Orcs (si j’avais su ça avant, la logique aurait voulu que ce soit l’alliance que mon Orc rejoigne.) Enfin, le Domaine aldmeri se compose des Elfes des Bois, des Khajiits (hommes-félins) et des Hauts-Elfes.
Le joueur contre joueur (PvP in English please) de TESO vous emmène à Cyrodil, un très vaste terrain d’affrontement entre les trois factions avec pour enjeu le contrôle du trône vacant de la capitale impériale. Je n’y ai pas consacré beaucoup de temps car, en solo, je m’y suis très vite ennuyé. Là encore, le mot d’ordre est à une certaine complexité avec des affrontements à objectifs stratégiques qui se jouent sur plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Ceux qui sont prêts à s’investir dans la compréhension du système et dans l’organisation de compagnies trouveront là une grande richesse de jeu, à condition d’avoir suffisamment d’adversaires actifs sous la main. Des engins de siège viennent également pimenter le tout.
Les donjons
Concernant les instances (les donjons à plusieurs joueurs), il va de soit que je ne suis pas en mesure de porter un jugement sur le contenu de haut niveau avec un personnage de niveau 13. Je me contenterai juste de faire un parallèle avec mon expérience nettement plus poussée sur World of Warcraft. Dans TESO, les limites entre les rôles sont un peu moins marquées et le groupe ne peut pas compter sur le tank pour garder toute l’attention des ennemis sur lui. Ce n’est pas forcément un mal et cela force tous les participants à être réactifs.
D’après mes recherches, le contenu haut-niveau actuel sera assez rapidement bouclé et pour les guildes c’est souvent un critère essentiel de survie à moyen et long terme. Sans raid pour motiver les troupes, le jeu risque de souffrir d’une attrition rapide de ses effectifs. Il faut donc espérer que Zenimax fournisse de nouveaux raids pour maintenir l’intérêt des plus acharnés.
Bilan
Vous êtes hardcore / contemplatif ? Ce jeu est fait pour vous.
Comme je le soulignais plus haut, TESO a vraiment un profil étonnant. Il plaira aux joueurs très méticuleux, appréciant une certaines complexité et ayant le sens du détail. Pour véritablement s’immerger, il faut se laisser le temps d’être happé par cet univers et aussi, de matière plus prosaïque, de comprendre les rouages du jeu. Le développement du personnage est vraiment riche grâce à un très vaste panel de compétences couvrant toutes les activités possibles. Le pendant de ce constat, c’est évidemment que les joueurs qui cherchent surtout à s’amuser et estiment qu’une interface intuitive est indispensable risquent d’être rebutés par TESO.
Il faut aussi mentionner le problème que pose un serveur européen unique à tous ceux qui ne parlent pas anglais. Bien entendu, il est possible de rejoindre une guilde de Français et de vivre en autarcie, mais le canal principal sera toujours un flux continu dans la langue de Shakespeare. Enfin, sans doute encore une fois par souci de réalisme ou tout simplement pour gagner du temps de développement, il n’existe pas d’hôtel des ventes universel. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce n’est pas très pratique.
The Elder Scrolls Online est un jeu à abonnement.
On sait que ce pari est très risqué. Pourtant, malgré le report en 2015 des versions console du jeu, il semble que le studio Zenimax et l’éditeur Bethesda restent plutôt confiants puisqu’ils continuent à étoffer les effectifs dédiés à TESO. L’absence de communication sur les ventes initiales tout comme sur le nombre d’abonnés est un peu inquiétant, mais il est très difficile de savoir si l’exigence de ce titre va payer à terme.
Y aura-t-il suffisamment de joueurs assez patients et investis pour peupler durablement Tamriel en s’acquittant d’un abonnement mensuel ? Mon avis personnel est que le jeu finira par passer en free to play, mais j’espère que l’avenir me donnera tort. S’il fallait absolument lui donner une note, je lui donnerais 7 sur 10. Même s’il est parfois agaçant, TESO est surtout un jeu très fouillé et misant sur la maturité et l’investissement de ses joueurs, une approche aussi noble qu’audacieuse.
- Leveling : le blues du tankplier
- Graphismes : Tamriel, comme tu es belle !
- Interface : ça pique
- Elle est où ma p****n de mini-map ???
- Menu d’accès lent
- Raconte moi une histoire
- Enfin des quêtes qui ont du sens
- Gros plans super classes
- Vous êtes l’Élu ! Les 300 000 autres aussi.
- Gameplay
- Ah tiens, je suis encore mort.
- Choix cornélien
- Gandalf Clegane, Mage à deux mains
- L’artisanat ou crafting pour les intimes.
- Complexité apparente…
- … qui révèle une vraie profondeur
- PvP et PvE
- Le JcJ pour les acharnés
- Les donjons
- Bilan
- Vous êtes hardcore / contemplatif ? Ce jeu est fait pour vous.
- The Elder Scrolls Online est un jeu à abonnement.