Lucifer : un pilote diabolique à correctement exploiter
Nous avons été assez emballés par le premier épisode de Lucifer diffusé par la Fox, mais il faudra malgré tout conserver une certaine prudence.
Dans notre liste des nouvelles séries prometteuses lancées en ce début d’année 2016, Lucifer n’était clairement pas dans le haut du classement, tant au niveau de l’attente que de la confiance accordée au show. Et pourtant. Diffusée sur la Fox (et MyTFI VOD), la série s’inspire vaguement des comics Lucifer et The Sandman de Neil Gaiman et Mike Carey et a été créée par Tom Kapinos (Californication), qui a visiblement décidé de ne pas se refaire. Pour le pire et surtout le meilleur.
Quand Hank “Lucifer” Moody joue au flic
Comme son nom l’indique, Lucifer propose au spectateur de suivre les aventures du Seigneur des Enfers, Lucifer Morningstar, qui en a assez de son règne de terreur là-dessous. Incarné par le piquant et charismatique Tom Ellis, Lucifer se retrouve finalement sur Terre sous forme humaine, où il possède une boite de nuit et profite de la vie au jour le jour.
Il y abuse aussi de ses pouvoirs, notamment son immortalité et sa capacité à faire avouer aux gens leurs désirs les plus profonds, une mécanique d’où vient d’ailleurs une grande partie de l’humour de la série pour le moment. Le premier épisode est là pour poser les bases de ce qui sera visiblement une série au format “une enquête/un épisode”.
Un format aussi triste qu’usé jusqu’à la corde vous en conviendrez, mais qui pourrait malgré tout passer, comme nous allons le voir par la suite. Ainsi, dans le pilote Lucifer assiste à l’assassinat de l’une de ses amies et décide de mener l’enquête. Sur sa route il va croiser la flic Chloe Decker (Lauren German), dont le caractère bien trempé n’égale que sa capacité surprenante à résister au pouvoir de charme de Lucifer.
Le duo va bien entendu résoudre l’affaire et être amené à collaborer dans les épisodes à venir, un peu à la manière de couple Castle/Beckett dans Castle. Heureusement, un peu à la manière de la série Limitless pour ne citer qu’elle (et que nous recommandons en passant), deux éléments font que l’on a envie de continuer à engloutir les épisodes.
Tout d’abord, un léger fil rouge est là, juste assez pour intriguer et conserver l’intérêt du spectateur. Dans Lucifer cela se traduit par l’ange sombre Amenadiel (D. B. Woodside) qui incite Lucifer à revenir en Enfer. Reste à voir si comme Limitless cette intrigue de fond sera suffisamment exploitée ou si le pilote n’était que de la poudre aux yeux pour finalement enchaîner les épisodes sans véritable lien.
Ensuite, le ton du show est assez fabuleux. Avec Tom Kapinos aux commandes et un anti-héros qui rappelle furieusement le personnage de Hank Moody de Californication (David Duchovny), la série est assez décomplexée et le pilote propose plusieurs moments particulièrement croustillants, grâce notamment à quelques dialogues assez salés. Lucifer dit souvent ce qu’il pense sans avoir peur des conséquences et Chloe a du mordant.
Quelques passages nous ont semblé un peu lourds (avec la psy notamment), mais globalement la recette fonctionne et plusieurs éclats de rire viennent ponctuer l’épisode. On regrettera simplement que contrairement à Californication, la chaîne n’assume pas pleinement sa direction insolente et conserve une certaine forme de frilosité, notamment visuelle, pour ne pas trop choquer son public. De même, le personnage de Lucifer n’est pas aisé à cerner pour le moment et donne un peu davantage l’impression d’être un ado en plein âge bête que le Seigneur des Enfers.
Lucifer : notre avis sur le pilote
Que cela soit bien clair : il ne faut probablement pas attendre un miracle de la part de Lucifer en ce qui concerne son format. Les chances que le show demeure un simple divertissement honnête et se cale dans la case déjà bien remplie des séries policières lambda avec un petit twist sont très importantes. Pourtant, grâce à son anti-héros désabusé qui assume pleinement son identité et ses pouvoirs au grand jour et à sa partenaire tout autant charismatique et entière, Lucifer pourrait bien réserver de nombreux passages drôles et insolents qui mériteraient de subir des épisodes/enquêtes comme on en a déjà tant vu. Reste à espérer que la recette lancée durant le pilote ne s’essouffle pas trop vite et qu’un minimum de fil rouge et qu’un peu plus de magie démoniaque viendra soutenir tout ça.